Pourquoi (et comment) les hommes se font plus harceler que les femmes sur Internet<!-- --> | Atlantico.fr
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Les hommes sont plus souvent victimes de Tweets agressifs.
Les hommes sont plus souvent victimes de Tweets agressifs.
©Reuters

Les hommes aussi

Les hommes sont les premières victimes de harcèlement sur Internet. Leur statut social peut entrer en jeu dans les raisons de ces attaques.

Olivier Le Deuff

Olivier Le Deuff

Olivier Le Deuff est maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université Bordeaux Montaigne. Responsable du DUT Information Numérique dans les organisations de Bordeaux.
Blogueur du guide des égarés www.guidedesegares.info
Auteur de la formation aux cultures numériques, Du Tag au like et de romans chez Publienet
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Atlantico : Le Think tank britannique Demos a mené une étude sur les Tweets "abusifs" reçus par un panel de célébrités (journalistes, politiques...) Résultat, sur Internet, les hommes sont plus haïs mais les femmes le sont à cause de leur genre. Pourquoi les hommes sont-ils donc plus souvent l'objet de Tweets abusifs ?

Olivier Le Deuff : Il faut probablement distinguer les différents médias sur le web et ne pas se concentrer uniquement sur twitter où le clash et l'interpellation font partie des logiques du réseau. Il reste ensuite à distinguer y compris sur Twitter, si ce n'est pas de la provocation voire un jeu parfois. Du coup, il n'est pas étonnant que les hommes soient effectivement plus enclins à recevoir ce genre de messages du fait d'un statut social mis en avant et qu'une certaine prudence soit de mise parfois aussi avec les femmes dans ce domaine. On sait également qu'une des techniques classiques pour faire du buzz et donc pour gagner de la visibilité est de provoquer quelqu'un qui est proche de son domaine. Ce n'est pas nouveau et on trouvait déjà cela sur les blogs. Ces formes de duels numériques sont probablement plus de nature masculine au travers d'une joute verbale sans doute. Pour les reste, on rentre dans des logiques de trolls que l'on trouve classiquement sur un grand nombre de communautés. 

Quant aux tweets envers les femmes, on reste dans des positionnements peu élaborées généralement qui reposent plutôt sur la vulgarité, la dévalorisation voire la provocation sexuelle. Ce n'est pas propre du tout à twitter, c'est bien pire sur les chats où l'anonymat est souvent là règle. Et sur les chats, ce sont surtout les femmes qui sont harcelées et généralement sans la moindre vergogne dans la mesure où le sentiment d'impunité facilite l'impulsion.

L'avantage de twitter est qu'on se trouve dans une publicisation des messages qui aboutit à une mise en débat ou à l'émergence d'une polémique virale qui permet à chacun de se positionner et de venir au secours de celui ou celle qui subit le harcèlement.  Quelque part, les provocations font partie de la vie des réseaux sociaux et des communautés, c'est un comportement risqué parfois, mais pas totalement nouveau.  On provoque pour susciter l'estime de l'autre, pour prendre sa place ou pour attirer l'attention.

La position sociale, le travail de la victime joue-t-il un rôle dans ce type de comportements ?

Quelque part, ce contre-poids potentiel apparaît parfois salutaire et cela concerne aussi les journalistes comme Laurent Joffrin ne supportant pas d'être tutoyé sur twitter et montrant ainsi sa méconnaissance du réseau et tentant d'assumer une position sociale supérieure.

Un point qui mériterait aussi une étude par genre, est le fait que les hommes se trouvent plus contestés sur twitter provient également du fait qu'ils seraient plus originaux que les femmes qui prendraient de ce fait moins de risque ou se montreraient parfois plus discrètes. Il est difficile de généraliser dans le domaine, mais il faudrait voir aussi si les usagers les plus susceptibles d'être provoqués ne sont tout simplement pas les plus en vus dans leur domaine, les plus populaires et tout simplement les plus connus. Du coup, finalement les réactions ne feraient que refléter une état de fait.

Le fait que les hommes seraient plus nombreux à faire du trolling peut-il avoir un lien avec ce harcèlement par tweets ?

Ensuite, un peu comme le trolling en général et le parasite, la provocation peut être nécessaire parfois. Cela fait partie aussi de l'équilibre de twitter de bousculer les légitimités traditionnelles. Il ne faut pas oublier que les puissants ou les personnes connues qui arrivent sur twitter doivent songer à ce que leur légitimité ne va pas de soi et qu'elles doivent également faire leur preuve. Beaucoup d'arrivées de politiques ou de célébrités peuvent se passer de façon inattendue. Je me souviendrai toujours de l'arrivée de Frédéric Lefebvre à l'époque où twitter était encore un réseau d'initiés du web. Il avait été accueilli au moment où twitter venait d'ouvrir la possibilité de créer des listes des personnes que l'on suivait. Du coup, il avait été qualifié par des noms incroyables, le qualifiant essentiellement négativement.

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