Pour la majorité des chefs d’entreprise, la rentrée d’Emmanuel Macron manque singulièrement de visibilité<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Elisabeth Borne
Emmanuel Macron et Elisabeth Borne
©STEPHANIE LECOCQ / POOL / AFP

Atlantico Business

Budget, fiscalité, immigration, environnement... Les chefs d'entreprise espèrent y voir plus clair sur l'initiative politique importante promise par le président de la République dans les jours qui viennent, car pour l'instant, la rentrée s'annonce confuse.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le président de la République, qui réunit aujourd'hui, lundi, le premier conseil des ministres de la rentrée, donnera peut-être quelques précisions sur le projet qu'il entend présenter à l'opinion et surtout qu'il compte mettre en route. Car pour l'instant, tout est encore très confus : sur le budget et la lutte contre l'endettement public, donc sur les dépenses publiques et sur la fiscalité, sur l'immigration, la politique de l'environnement et de l'énergie... Tous ces dossiers dans un contexte d'une géopolitique très incertaine et surtout d'un climat politique qui commence à devenir fiévreux dans la perspective des élections européennes et surtout des prochaines présidentielles.

Or, les dirigeants du Medef ont rendez-vous avec leurs adhérents la semaine prochaine pour leur université d'été 2023. Deux jours de séminaires pour dresser l'état de la situation économique et surtout envisager l'avenir avec des responsables politiques et sociaux, français et internationaux.

Pour l'instant, la nouvelle présidence du Medef avec Patrick Martin, fraîchement élu pour succéder à Geoffroy Roux de Bézieux, n'a officiellement aucun élément pour savoir ce que prépare le président de la République.

Pour l'équipe précédente, Emmanuel Macron était le président de l'entreprise France, le président le plus pro-business que la France ait connu depuis Georges Pompidou. Ca plaisait beaucoup . 

Aujourd'hui, l'image du président est beaucoup plus floue. Il faut dire qu'Emmanuel Macron a dû affronter tellement de crises, depuis les Gilets Jaunes jusqu'à la guerre en Ukraine, en passant par la crise du Covid, l'hostilité violente contre la réforme des retraites, et la gestion de plusieurs mutations d'envergure (la digitalisation, le climat, l'énergie, etc.). Mais justement, beaucoup de dirigeants d'entreprise qui savent ce qu'est la gestion de crise pouvaient s'attendre à ce que le gouvernail de la France soit tenu avec un cap très précis sur l'horizon très visible, et surtout un équipage solide qui soutient son capitaine.

On est très loin de cette situation idéale qu'on apprend dans les écoles de management. Le président a donné le sentiment qu'il savait la réalité, il a dit qu'il avait 100 jours pour clarifier la situation... mais au terme des cent jours, on s'aperçoit qu'il n'a pas changé son Premier ministre, mais seulement quelques ministres qui semblaient à côté de leur travail, et qu'il a simplement prévenu qu'une fois les 100 jours terminés, il prendrait une initiative politique très forte. On attend toujours, et notamment sur trois directions.

Sur le budget et la fiscalité, tout va se jouer dans les deux mois. La question qui se pose est simple : peut-on vivre à crédit encore longtemps ? La réponse est plus compliquée, car on a promis de ne pas toucher aux impôts pour ne pas ralentir la dynamique d'activité. Mais on a du mal à réduire les dépenses publiques sans froisser un corps social dominé par les humeurs de la fonction publique.

Sur la politique de l'environnement, il va bien falloir trancher sur le type d'actions à mener sans perturber la nécessité de croissance. Donc, arrêter les décisions punitives mais encourager les responsabilités individuelles volontaires.

Sur la politique de l'énergie, il va bien falloir assumer et protéger notre source d'énergie nucléaire, véritable trésor pour la compétitivité de l'économie. Il y a une opportunité de miracle nucléaire à saisir.

Sur la politique de l'immigration, il faudra bien aussi sortir du non-dit et accepter de regarder la réalité en face. La France ne peut pas accueillir les effectifs d'immigrés actuels sans un contrôle ou des quotas. L'immigration est évidemment morale, mais elle doit être aussi acceptable et acceptée.

Sur tous ces dossiers, le monde des affaires, les fédérations professionnelles et les syndicats ont besoin de savoir où nous allons... et avec quel équipage. Car les questions de majorité politique vont se reposer très très vite. Le président de la République ne peut pas travailler sans majorité, et la France ne peut pas fonctionner sans alternative politique. D'où l'effervescence qui a envahi la classe politique.

À l'extrême gauche, la concurrence entre les écologistes, les féministes, dévalorise l'influence de Mélenchon et de la Nupes, mais ne donne pas aux sociaux-démocrates un leader crédible pour l'instant.

À droite, entre Les Républicains et Renaissance (mouvement macroniste), on sent bien qu'il faut songer à un regroupement majoritaire... encore faut-il un programme et un chef. Le programme Macon est compatible sur le fond avec une strates tres large de la société francaise Mais des chefs, il y en a presque trop. Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et Édouard Philippe sont presque prêts à participer à une campagne présidentielle. Sans parler de ceux qu on ne connait pas .

À trois ans de l'échéance électorale, voilà qui ne va pas faciliter le travail du gouvernement. Les patrons d'entreprises et tous ceux qui font tourner les machines à produire de la valeur économique ont besoin d'en savoir plus.

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