Plus forte hausse des salaires depuis 17 ans au Japon : malgré une prise de risque maximale, les Abenomics gagnent une bataille décisive<!-- --> | Atlantico.fr
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Shinzo Abe.
Shinzo Abe.
©Reuters

Vers la victoire ?

Depuis l’entrée en vigueur de la politique nommée "Abenomics" en décembre 2012, de nombreux commentateurs ont pu exprimer des doutes sur leur efficacité. Des doutes qui se manifestaient principalement sur la stagnation, voire la baisse des salaires au Japon. Mais les chiffres dévoilés ce 2 septembre concernant les salaires ont pu faire état d’un plus de 17 ans, à 2,6% de progression sur la dernière année.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Depuis l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe, en décembre 2012, le Japon est l’objet d’une attention politique particulière. L’ambitieux projet appelé " Abenomics ", dont le moteur principal repose sur une politique monétaire agressive, sera-t-il couronné de succès ?

Si les premiers mois ont impressionné la planète entière (flambée boursière, chute massive de la devise, retour de la croissance et du plein emploi,  et accessoirement sortie de la déflation, ce qui était quand même le but), les dernières données laissaient planer un doute sérieux sur les résultats à long terme.

En effet, après un début d’année en fanfare à plus de 6% de croissance au premier trimestre, le second trimestre a été le témoin d’une chute de près de 7% du PIB. Une douche froide pour Shinzo Abe qui n’avait pas anticipé un repli d’une telle ampleur. Car Shinzo Abe a fait le choix de la prise de risque maximale. Ne voulant pas se contenter de résultats qui balayent ceux des gouvernements précédents, le Premier ministre a voulu s’attaquer au problème de la dette du pays qui culmine à 240% du PIB.

Ainsi a-t-il décidé de rehausser le taux de TVA de 60% (de 5 à 8%) au mois d’avril, afin d’engranger un maximum de recettes. Ce qui permet d’expliquer clairement le mouvement. En effet, si le Premier trimestre a vu le consommateur japonais se précipiter sur des achats avant la hausse de la fiscalité, expliquant la forte croissance du début d’année, la consommation a logiquement chuté au second trimestre, par effet de compensation. La date du 1er avril pour la hausse de la TVA ne fait que peu de doute sur le mécanisme l’œuvre.

Mais le point le plus fréquemment souligné pour justifier " l’échec " des Abenomics est l’incapacité de l’économie japonaise à délivrer une hausse des salaires. En effet, si les efforts entrepris par la politique monétaire parviennent à rehausser le niveau d’inflation mais que les salaires stagnent, le pouvoir d’achat des salariés en pâtit. Dans un tel cas, l’inaptitude d’une telle politique à faire participer la population au regain d’activité serait alors justement perçue comme un échec.

Voilà pourquoi la publication des dernières données sur les salaires par le ministère de la Santé, de l’Emploi et de l’Aide sociale japonais a été une victoire pour le gouvernement de Shinzo Abe. Les salaires ont progressé de 2.6% au cours de la dernière année, selon les chiffres du mois de juillet 2014. Un chiffre susceptible de ne pas impressionner grand monde en Europe mais qui doit être perçu sous l’angle japonais. Car cette hausse marque le meilleur résultat depuis 1997, c’est-à-dire un plus haut de 17 ans. Les salaires de base moyen ont de leur côté progresser de 0.7% ; un plus haut de 14 ans.

Le principal point de satisfaction pour le Premier ministre est d’avoir su inverser une tendance qui durait depuis près de 20 ans, et notamment depuis 1997, date de l’entrée officielle du pays dans le cercle déflationniste. Le plus dur était fait depuis le mois de mars dernier, qui a vu l’évolution des salaires passer en territoire négatif, à 0.7%. Mais c’est bien ce mois de juillet 2014 qui marque l’accélération du phénomène et une réelle victoire pour Shinzo Abe.

Reste que le Premier ministre japonais doit se méfier de ses ambitions. La recherche de la victoire totale, en voulant une nouvelle fois rehausser la TVA de 8 à 10% en octobre 2015, est une nouvelle prise de risque qui pourrait se révéler fatale. La consolidation des résultats obtenus jusqu’à présent serait déjà un exploit pour un Japon qui s’est longtemps trouvé incapable de répondre à la crise qui le frappait depuis les années 1990. 

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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