Personne ne semble comprendre qu’il n’y aura pas de transition écologique sans industrie minière<!-- --> | Atlantico.fr
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Cette photo prise le 30 mars 2019 montre un ouvrier s'occupant d'un four pendant le processus de fusion du nickel à l'usine de fusion de la société minière indonésienne PT Vale à Soroako, Sulawesi du Sud.
Cette photo prise le 30 mars 2019 montre un ouvrier s'occupant d'un four pendant le processus de fusion du nickel à l'usine de fusion de la société minière indonésienne PT Vale à Soroako, Sulawesi du Sud.
©Bannu MAZANDRA / AFP

Indispensable

Le développement des énergies renouvelables (éolien et solaire) qui est au cœur de la transition énergétique et qui est indispensable pour réduire la consommation des énergies fossiles et donc lutter contre le changement climatique repose sur l’extraction et l’utilisation des métaux comme le cuivre, le nickel, l’aluminium, le nickel, le cobalt et de terres rares.

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion. 

Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).

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Atlantico : Selon l'Energy Transitions Committee, un groupe de réflexion, le monde aura besoin de 6,5 milliards de tonnes de métaux d'ici à 2050, et pas seulement de lithium, de cobalt et de nickel, les métaux dont on parle tant pour les batteries, mais aussi d'acier, de cuivre et d'aluminium. Or les sociétés minières investissent moins. Quelle est l’importance de l’industrie minière dans la transition énergétique ? Au vu de cette étude, le zéro net pourra-t-il être atteint d’ici 2050 ?

Jean-Pierre Favennec : Pour faire face aux menaces du changement climatique, la transition énergétique est nécessaire. Le changement climatique est du aux émissions massives de gaz à effet de serre. Les principaux gaz à effet de serre sont le CO2 et le méthane. Les émissions de CO2 sont en majorité dues à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) et les émissions de méthane sont dues en partie à la production de gaz naturel

Nos besoins en énergie pour le transport, le chauffage, la production d’électricité sont couverts à plus de 80 % par les énergies fossiles. Malgré de développement des véhicules électriques, nous utilisons des quantités massives d’essence et de gazole pour les voitures, les camions, les bus. Dans des pays comme la Chine ou l’Inde l’électricité est produite surtout à partir de charbon. Le gaz naturel est largement développé pour le chauffage ou l’industrie.

Le remplacement des énergies fossiles par des énergies « décarbonées » est une priorité. Actuellement ces énergies sont au nombre de 3 : hydroélectricité (qui couvre environ 7 % de nos besoins), nucléaire (environ 4 % de nos besoins) et énergies renouvelables (surtout éolien et solaire) qui couvrent actuellement environ 7 % de nos besoins. Eolien et solaire sont en rapide développement. Eoliennes et panneaux solaires sont de plus en plus présents. Mais leur développement, nécessaire, pose une double question : leur part dans le mix énergétique pourra – t elle être suffisante pour remplacer les énergies fossiles ? Quels sont les besoins en matières premières pour faire face à ce développement 

Quels sont les problèmes qui se posent avec les métaux, notamment dans la construction d’infrastructures minières ?

Le développement des énergies renouvelables (éolien et solaire) qui est au cœur de la transition énergétique et qui est indispensable pour réduire la consommation des énergies fossiles et donc lutter contre le changement climatique repose sur l’extraction et l’utilisation des métaux comme le cuivre, le nickel, l’aluminium, le nickel, le cobalt et de terres rares. Comme l’indique Emmanuel Hache, économiste et prospectiviste à l’IFPEN, si un véhicule thermique (moteur à essence ou au gazole) nécessite 20 kilos de cuivre, un véhicule électrique nécessitera entre 50 et 100 kilos du même métal. Les batteries des véhicules électriques nécessitent également des quantités importantes de lithium et de cobalt. Les terres rares, aux noms exotiques, sont des métaux comme le scandium, le dyprosium, le néodyme … qui sont indispensables à la fabrication des aimants permanents présents dans les éoliennes, comme dans les moteurs des véhicules électriques

Métaux critiques et terres rares sont inégalement répartis sur la planète. Le cuivre est produit surtout au Chili et en République Démocratique du Congo (RDC). Le nickel est présent dans un nombre limité de pays. Le cobalt est surtout extrait dans l’est de la République Démocratique du Congo. L’exploitation du cobalt en RDC est faite dans des conditions environnementales et humaines désastreuses et le contrôle de son exploitation conduit à des conflits entre la RDC et les pays voisins.

Si les ressources en métaux critiques et en terres rares se retrouvent dans plusieurs pays, la Chine dispose d’une position dominante dans le traitement et le raffinage de ces métaux. La Chine est omniprésente dans la géopolitique des métaux et est leader du raffinage d’aluminium, de nickel, du cobalt, du cuivre, des terres rares et du lithium.

Peu de gens souhaitent travailler dans le secteur minier. De nombreuses sociétés minières risquent de fermer leurs portes parce qu'elles ne parviennent pas à recruter du personnel. Comment peut-on faire face à ce défi mondial ?

Selon l’Agence Internationale de l’Energie, qui fait référence pour ses études, une voiture électrique typique nécessite six fois plus de minéraux qu’une voiture conventionnelle et une centrale électrique terrestre requiert neuf fois plus de ressources minérales qu’une centrale au gaz.

Pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par l’accord de Paris en 2015 (COP 21), il faudrait extraire du sous-sol d’ici 2050 plus de métaux que l’humanité n’en a extrait depuis l’origine.

Le traitement et le raffinage des métaux critiques et des terres rares, encore très présent dans les pays occidentaux jusque dans les années 1980 a été largement transféré vers la Chine pour limiter les problèmes environnementaux dans les pays occidentaux et réduire les coûts.

La tendance inverse, le retour vers les pays occidentaux, du traitement de ces matières premières répond à un besoin évident de contrôle de ressources stratégiques.

En conclusion pour faire face aux besoins de la transition énergétique :

-     Le développement de l’éolien et du solaire est nécessaire mais ne pourra à lui seul faire face aux enjeux

-     L’extractions d’énormes quantités de métaux et de terres rares est indispensable mais ne suffira probablement pas à faire face aux besoins

-     Le recyclage de ces matières premières doit être une priorité

-     La disponibilité de ces matières sera assurée par des mécanismes classiques de marché. Les prix de ces matériaux réagissent immédiatement, et fortement, à une modification de l’offre / demande.

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