Crise : la ruée vers l'or, eldorado pour gogos<!-- --> | Atlantico.fr
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En pleine période de crise économique, le cours de l'or flambe.
En pleine période de crise économique, le cours de l'or flambe.
©Reuters

Bulle dorée

En pleine période de crise économique, le cours de l'or flambe. Faut-il y voir une valeur refuge ? Pas pour l'économiste Marc Touati qui considère que son effondrement est proche.

Marc Touati

Marc Touati

Marc Touati est économiste et président fondateur du cabinet ACDEFI (aux commandes de l'économie et de la finance). Il s'agit du premier cabinet de conseil économique et financier indépendant au service des entreprises et des professionnels.

Il a lancé en avril 2013 la pétition en ligne Sauvez La France.com pour diminuer "les impôts", les "dépenses publiques superflues" et "retrouver le chemin de la croissance" afin de "sortir par le haut de cette crise".

Il est également l'auteur de Quand la zone euro explosera, paru en mars 2012 aux Editions du Moment. Son dernier livre est Le dictionnaire terrifiant de la dette (Editions du moment, mars 2013).
 

 

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La flambée de l’or n’est pas nouvelle. Elle a commencé dès le début de la récession mondiale en 2008, le test de la barre fatidique des 1 000 dollars l’once entre le 14 et le 17 mars 2008. A l’époque déjà, de nombreux spécialistes financiers annonçaient que l’or allait flamber jusqu’à 2 000 dollars l’once. Le soubassement de cette prévision était simple : à dollars constants (c’est-à-dire en isolant l’inflation), l’once d’or a dépassé les 2 000 dollars l’once en 1980, il serait donc logique qu’elle y revienne. La question n’est donc pas de savoir si l’or va encore monter à court terme, mais plutôt si sa flambée est justifiée par la réalité économique?

La réponse à cette question est négative. Certes, le ralentissement logique de la croissance américaine et la crise européenne ont relancé la vague spéculative sur les « valeurs refuges » que constituent en apparence l’or. Vieux réflexe humain, le métal jaune rassure. C’est là qu’une fois encore, il nous faut intervenir pour isoler le spéculatif de l’économique. En effet, le « flight to gold » (ou encore la ruée vers l’or) est normalement justifié par trois évolutions : une récession mondiale et/ou un krach boursier et/ou une hyperinflation. Ces trois phénomènes étaient, par exemple, réunis au début des années 1980, d’où la flambée, finalement logique, de l’or.

Ceux qui ont acheté de l'or en 1980 n'ont retrouvé leur mise qu'en 2008...

En revanche, ce que disent beaucoup moins les investisseurs qui préconisent l’achat massif d’or, c’est qu’une fois que ces trois évènements s’estompent et a fortiori disparaissent, l’or a plutôt tendance à s’effondrer. Ainsi, du sommet de 850 dollars de janvier 1980, l’once d’or est passée à moins de 400 dollars dès la fin 1981, puis à 330 dollars au printemps 1982, pour ensuite se stabiliser entre 250 et 500 dollars jusqu’en 2006. 

Ceux qui ont acheté de l’or en janvier 1980, suivant les recommandations de nombreux conseillers financiers de l’époque, ont donc retrouvé leur mise en janvier 2008 ! Vingt huit ans pour simplement faire du surplace, c’est attrayant… A dollars constants d’aujourd’hui, la douche est encore plus froide, puisque la mise de départ (2 000 dollars l’once) est toujours loin d’être retrouvée…

Pour toutes ces raisons, il nous paraît donc important de souligner que, même si le cours de l’or peut encore monter artificiellement à court terme, ses niveaux demeurent complètement déconnectés de la réalité économique. Tout d’abord, même si la croissance américaine décélère légèrement et temporairement, elle avoisinera les 3 % en 2011 et 2012. Parallèlement, la croissance mondiale restera particulièrement forte. Elle devrait se stabiliser autour des 4 % tant cette année qu’en 2012 (contre un niveau moyen de 3,5 % au cours des trente dernières années). Nous sommes donc très loin de la récession des années 1980.

Acheter de l'or aujourd'hui ? Un investissement risqué...

A la rigueur, cette dynamique mondiale permettra simplement de limiter la baisse de l’or. En effet, la croissance planétaire reste principalement tirée par les pays émergents. La population de ces derniers commence donc à s’enrichir, augmentant par là même la demande de bijoux et notamment d’or, qui est un important signe extérieur de richesse, en particulier en Asie. Parallèlement, cette croissance confère à de nombreux pays asiatiques, et notamment à la Chine, des réserves de changes conséquentes en dollars. Dans un souci de diversification, il est donc clair que ces pays convertiront une partie de leurs dollars en or, ce qui alimentera une nouvelle fois la demande de métal jaune. En d’autres termes, même lorsque la bulle de l’or éclatera, le recul des cours demeurera contenu.

Selon nous, une once d’or autour des 1 200 dollars nous paraît justifiée. En revanche, à 1600 dollars, l’or est cher et devient donc dangereux. Et ce d’autant qu’à côté de la croissance mondiale soutenue (qui invalide donc le scénario de la récession), les deux autres moteurs de la flambée de l’or sont absents.

Ainsi, en dépit d’une forte volatilité, les marchés boursiers sont progressivement sortis du krach. Mieux, compte tenu des bons résultats des entreprises cotées, du retour des fusions-acquisitions et autres OPA, les marchés actions disposent d’un potentiel de hausse conséquent. Enfin, bien loin de l’hyperinflation du début des années 1980 qui avait été l’argument de poids pour soutenir la folie de l’or, l’inflation reste plus que contenue dans l’ensemble des pays de la planète. Mieux, malgré le dynamisme de leur demande intérieure, l’inflation reste largement sous contrôle dans la plupart des pays émergents. Et ce, y compris en Chine, où, depuis le début de l’année, l’inflation affiche un niveau très mesuré de 5 % en dépit d’une croissance de 15 % en valeur. Dans tous les cas, nous sommes donc très loin des 12 à 15 % d’inflation qui sévissait à travers la planète au début des années 1980.

Il faut donc se préparer à un dégonflement de la bulle de l’or. Certes, comme nous l’avons expliqué, ce mouvement devrait se faire en douceur et sans excès. Néanmoins, il faut savoir qu’acheter de l’or aujourd’hui reste un comportement très périlleux, présentant un risque de moins-value beaucoup plus élevé que la probabilité de plus value.

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