Numericable lève 12 milliards d’euros : un record pour les marchés, une bonne nouvelle pour l'entreprise, un échec pour les politiques <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Numericable lève 12 milliards d’euros : un record pour les marchés, une bonne nouvelle pour l'entreprise, un échec pour les politiques
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvèstre

Numericable et sa maison mère Altice avaient besoin de 15 milliards pour financer le rachat de SFR… L'entreprise en a trouvé 12 en 24 heures. Une incroyable performance qui suscite les commentaires les plus divers.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Quand Patrick Drahi a proposé de racheter SFR, il a dû affronter les critiques de l’establishment des affaires qui le considérait trop fragile  et l’opposition du gouvernement menée par Arnaud Montebourg qui ont plaidé sans vergogne pour la candidature Bouygues.

[LES AUTRES ARTICLES DE VOTRE BRIEFING ATLANTICO BUSINESS]

Le conseil d’administration de Vivendi a choisi de laisser SFR à Numericable pour au moins trois raisons. Il était sur le rang depuis longtemps, la stratégie industrielle et la complémentarité entre un cablo-opérateur et un opérateur mobile paraissait à tous très cohérente avec peu de risque de casse sociale. Enfin, Patrick Drahi avait la réputation d’être un fantastique financier.

La façon dont il a bouclé son financement leur a donné raison. En 24 heures il a trouvé la totalité de l’argent dont il avait besoin à un taux très attractif, plus de 15 milliards d’euros à moins de 5%. Un record historique. Patrick Drahi n’était nullement obligé de trouver des fonds aussi vite. Son opération ne sera pas bouclée avant la fin de l’année mais sa précipitation a été interprétée par l’inquiétude de ne pas bénéficier d’une situation aussi facile, plus tard dans l’année.

L’opération a marché sur les chapeaux de roues pour trois raisons.

La première porte sur la confiance que Patrick Drahi inspire aux marchés. Sa crédibilité  est totale en dépit de sa réputation de spéculateur, il n’a jamais trahi le marché ou déçu ses investisseurs. Il a voulu  aller vite, quitte à bloquer l’argent, parce qu’il pense que la situation internationale va se détériorer et que dans les six mois les taux vont forcément augmenter. Du coté des  prêteurs, on aime ce type de raisonnement parce qu’il vaut mieux assurer un placement à 5% plutôt que d’attendre un taux plus élevé mais avec un risque au capital.

La deuxièmes raison tient à la solidité de l’investissement. Le schéma présenté par Patrick Drahi est très sécurisant. C’est celui d’un entrepreneur qui joue sa vie dans cette affaire et qui ainsi, peut générer de gros rendements. La stratégie industrielle et commerciale a séduit les analystes.

La troisième raison renvoie au comportement des marchés qui ont beaucoup prêté aux États et qui cherchent désormais des entreprises. Les États sont surendettés, ils ne présentent plus la sécurité maximum. Les marchés par exemple craignent des injections monétaires sous les pressions politiques, qui reviendraient à détériorer la valeur des financements. Ils craignent la démagogie inflationniste. Par conséquent, ils recherchent des investissements dans l’économie réelle, et dans  des entreprises dont les activités sont jugées profitables. D’où, l’opération Numericable ou Lafarge.

Cette opération est une excellente nouvelle parce qu’elle prouve que l’argent ne vient  pas seulement pour financer des déficits publics. L’épargne est prête à  s’investir dans des opérations plus risquées et plus rentables que la Sécurité sociale française ou les régimes de retraites par répartition qu’on a toujours pas osé réformer.

Pour les entreprises c’est donc une bonne nouvelle parce qu’elle va donner des idées aux marchés.  

Pour les politiques, c’est une mauvaise nouvelle, ça prouve que l’épargne peut trouver des investissements alternatifs, Ça prouve que l’argent destiné à la dépense publique va coûter plus cher. Ça signifie que l’État va devoir se serrer la ceinture et dépenser moins. Ça veut dire que les gouvernements n’auront pas d’autre choix que de faire des économies budgétaires. C’est une mauvaise nouvelle parce qu’il va falloir expliquer cela aux militants de la gauche. On comprend qu’Arnaud Montebourg était aussi violemment contre la solution Numericable. Intéressant comme exercice.  

Le sujet vous intéresse ?

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !