Nouvelle enquête sur Nicolas Sarkozy : la course contre la montre a commencé <!-- --> | Atlantico.fr
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La course contre la montre a commencé pour Nicolas Sarkozy.
La course contre la montre a commencé pour Nicolas Sarkozy.
©Reuters

Tic Tac Tic Tac Tic Tac

Le procureur de la République de Paris a ouvert début juillet une nouvelle enquête préliminaire visant Nicolas Sarkozy et l'UMP. Les magistrats s'intéressent cette fois à la campagne 2007 de l'ex-chef de l’État.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Et si on ouvrait une enquête sur la campagne des municipales de 1983 lorsque Nicolas Sarkozy a été élu maire de Neuilly-sur-Seine à l’âge de 28 ans ? Bien sûr, c’est de l’ironie. A l’époque, aucune législation n’encadrait les campagnes et de toute façon, les éventuels faits délictueux seraient prescrits. Il n’empêche. Pour la garde rapprochée de l’ancien président de la République, la nouvelle enquête qui le vise, cette fois pour sa campagne présidentielle de 2007, sent trop la volonté de le stopper net dans sa course à l’Elysée en 2017… Voilà qui ravira les François Fillon, Alain Juppé et autres Xavier Bertrand. Encore que cette cascade d’affaires qui tombent sur le dos de Nicolas Sarkozy pourrait au contraire le servir. Aussi n’est-il pas sûr que François Hollande et la garde des Sceaux Christiane Taubira regarde ces investigations tous azimuts avec plaisir.

Cette fois, c’est Le Parisien qui le révèle ce mardi 29 juillet  : le candidat Sarkozy en 2007 est soupçonné d’avoir bénéficié de prestations prises en compte par l’UMP mais destinées en réalité à sa campagne. Une découverte qui aurait été faite lors de l’examen par les policiers des comptes de Bygmalion, objet actuellement d’une information judiciaire pour faux, ouverte il y a un mois et confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke, Roger Le Loire et Serge Tournaire. Dirigée par Bastien Millot, cette société de communication se serait livrée à des surfacturations - une vingtaine de millions d’euros - ayant bénéficié à Nicolas Sarkozy pour sa campagne de mai 2012.

L’ancien chef de l’Etat dément toute irrégularité. Pour l’heure, en raison des vacances et du dépouillement par les policiers de l’Office anti-corruption de milliers de factures, les investigations sont en cours. Début septembre, les enquêteurs devraient livrer leur note de synthèse qui promet, dit-on, quelques surprises et pourraient conduire les magistrats instructeurs à élargir leur saisine - abus de confiance peut-être ? - qui pourraient viser quelques hommes politiques connus.

Pour Nicolas Sarkozy, qui revenait du Congo-Brazzaville où il avait donné une conférence, cette nouvelle enquête, si elle l’a irrité au plus au haut point, semble le conforter dans sa décision de poursuivre plus que jamais le combat politique… Un vœu ardent certes, mais peut-être difficile à concrétiser. Ne serait- ce parce que une grande partie de son temps risque d’être pris pour organiser sa défense dans les autres dossiers judiciaires qui le menacent.

Bien sûr, il y a le dossier Bygmalion dans lequel Jérôme Lavrilleux son ancien directeur adjoint de campagne se trouve en première ligne. Un Lavrilleux bien décidé à ne pas porter un chapeau trop grand pour lui. Toujours dans le cadre du financement de sa campagne de 2012, une autre enquête préliminaire a été diligentée par Eliane Houlette, le procureur financier national pour savoir si l’UMP pouvait prendre en charge une amende de 150 000 euros dont aurait dû, en principe s’acquitter l’ex-candidat Sarkozy. Autre souci : l’instruction conduite sur le financement de la campagne de 2007 par la Libye du colonel Kadhafi. Un ancien chef des services secrets de Tripoli et Ziad Takieddine, l’intermédiaire-clé de l’affaire Karachi n’ont cessé de le marteler, affirmant que 50 millions de dollars auraient contribué à la campagne de 2007 de l’ancien maire de Neuilly. Ouverte entre les deux tours la campagne de mai 2012, cette instruction semblait patiner. Jusqu’à ce que les juges d’instruction, au cours de l’année, mettent sur écoutes Nicolas Sarkozy, son avocat Me Thierry Herzog ainsi que deux anciens ministres de l’Intérieur Claude Guéant et Brice Hortefeux… Le résultat ? Rien. Ou plutôt une troisième affaire impliquant l’ancien chef de l’Etat. En clair, selon les écoutes, il apparaîtrait que Nicolas Sarkozy, via Me Thierry Herzog, se serait enquis du développement de l’affaire Bettencourt auprès d’un avocat général à la Cour de cassation, Gilbert Azibert. En échange, ce dernier aurait pu obtenir un poste à la principauté de Monaco. Cette affaire a débouché, début juillet, sur une mise en examen de Nicolas Sarkozy pour corruption active, trafic d’influence et recel de violation de secret professionnel. L’ancien président examine actuellement avec son avocat Me Pierre Haïk les solutions possibles pour se sortir de ce guêpier. En demandant le cas échéant l’annulation des écoutes téléphoniques anormalement longues. Guêpier encore avec les fameux sondages de l’Elysée commandés entre autres à Publifact, la société de Patrick Buisson, l’homme du dictaphone. Là aussi, une information a été ouverte. A en croire les investigations de la police, les marchés passés entre Buisson et l’Elysée ne l’ont pas été dans une totale orthodoxie, puisque n’ayant pas été précédés d’appels d’offres et ayant été signés sur une simple feuille de papier. Dans cette histoire qui n’inquiète pas outre mesure Nicolas Sarkozy, c’est surtout Emmanuelle Mignon, son ex-directrice de cabinet qui se trouve en première ligne… Reste l’affaire de l’arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais. Plus de 403 millions d’euros ont été versés en guise de réparation du préjudice subi par Bernard Tapie lors de la vente de sa société Adidas il y a vingt ans. L’enquête semble avoir démontré qu’au plus haut niveau de l’Etat, notamment Claude Guéant alors secrétaire général de l’Elysée, cette histoire d’arbitrage était suivie avec assiduité. Nicolas Sarkozy lui-même a vu à plusieurs reprises l’ancien ministre de la Ville de François Mitterrand. Y a-t-il un pacte qui aurait pu unir Sarkozy et Tapie ? Rien, mais rien du tout, n’a été mis au jour. L’ancien président de la République pourrait-il être convoqué par les juges ? Possible. Mais comme témoin.

Cerné de tous côtés, Sarkozy sait que plus le temps passe, plus son retour à la vie publique sera compliqué. D’ici 2017, il faut que tous les dossiers judiciaires qui le concernent soient purgés. Soit par des non-lieux, soit par des relaxes. A l’Elysée, il n’est pas exclu que l’on penche pour l’hypothèse suivante : que les procédures se hâtent lentement. Très lentement.

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