Municipales 2014 : qui joue quoi chez les barons de droite ou de gauche<!-- --> | Atlantico.fr
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Les candidats de la mairie de Marseille
Les candidats de la mairie de Marseille
©Reuters

Forces en présence

Les ministres n'ont jamais été aussi nombreux à se présenter à une élection locale. Et ce, dans un climat des plus défavorables pour la gauche.

  • Ils sont 17 ministres sur les 38 que compte le gouvernement de Jean-Marc Ayrault à être candidat aux élections municipales
  • La plupart des ténors du gouvernement se présentent dans des communes de moins de 30 000 habitants
  • Jean-François Copé sera la personnalité de droite la plus suivie. Il brigue un 4e mandat
  • François Bayrou tentera d'être élu pour la première fois à Pau

La France devrait opérer un virage à droite dans de nombreuses mairies, alternance politique et déception du gouvernement actuel obligent. Ce premier tour est l'occasion d'observer comment vont se comporter les personnalités politiques de droite et de gauche. Combien de grandes villes la gauche peut-elle perdre ? Le Front National va-t-il briguer des villes importantes ? Pour les personnalités politiques de premier plan, c'est l'occasion de jauger leur popularité dans un contexte de crise de confiance suite aux nombreuses affaires qui ont été révélées ces derniers jours. Tour d'horizon des forces en présence. 

Pour les membres du gouvernement

Ils n'ont pas renoncé à leur fief local. Les 23 et 30 mars, pas moins de 17 ministres sur les 38 que compte le gouvernement de Jean-Marc Ayrault seront candidats aux élections municipales. La plupart ne sont pas têtes de liste, mais ils sont tout de même en position éligible. La vie de ministre n'est en effet pas éternelle et un mandat local peut faire office de parachute appréciable en cas d'éviction du gouvernement. Frédéric Cuvillier sera le seul ministre tête de liste aux municipales de Boulogne sur Mer.

  • Manuel Valls à Evry (Essonne)

Le ministre de l'Intérieur, maire de la ville de 2001 à 2012, sera candidat sur sa liste de Francis Chouat, en troisième position. "J'ai souhaité que Manuel Valls soit sur la liste, pour son ancrage territorial" a expliqué la tête de liste. 70% : c’est le score avec lequel Manuel Valls avait été réélu triomphalement lors du scrutin de 2008, malgré une faible participation (47,55%). S’il est peu probable qu’il atteigne un tel score cette année, son successeur pourrait cependant être réélu dès le 23 mars. Cinq listes sont présentes pour ce premier tour à Évry.

  • Laurent Fabius au Grand-Quevilly

Le ministre des Affaires étrangères est en 11e position sur la liste PS de Grand-Quevilly (Seine-Maritime). Il y côtoie un autre cadre du PS, Guillaume Bachelay. Son élection est en réalité quasiment assurée dans cette ville de 25 000 habitants acquise aux socialistes sans discontinuité depuis 1947. Cette année encore, les résultats de l'élection municipale au Grand-Quevilly devraient être sans surprise, la liste PS-PC menée par le maire sortant Marc Massion étant ultra-favorite pour remporter une large victoire. C'est l'UMP Alexis Ringot, jeune candidat de 18 ans, qui tentera d'affronter la liste de gauche déjà annoncée victorieuse.

  • Marie-Arlette Carlotti, tête de liste à Marseille

Éliminée au premier tour de la primaire socialiste, la ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion mène la liste PS dans le 3e secteur de Marseille (Bouches-du-Rhône). En cas de victoire dans ce secteur clef pour la reconquête de la ville, elle deviendra maire de l'arrondissement. Selon un sondage Ifop pour 20 Minutes/I-Télé du 18 Mars, la candidate socialiste remporterait la bataille du 3e secteur. Son bon score pourrait faire basculer Marseille à gauche.

  • Pierre Moscovici à Valentigney

Le ministre de l'Economie et des Finances est le numéro 3 de la liste socialiste à Valentigney (Doubs), une petite commune où il s'était implanté en 2008 pour présider l'agglomération de Montbéliard. Conseiller municipal depuis 1995, Pierre Moscovici ne devrait pas être inquiété outre-mesure.

  • Michel Sapin à Argenton-sur-Creuse

A priori, pas de soucis à se faire pour le ministre du Travail qui est en troisième position dans sa ville de l'Indre sur la liste de Vincent Millan. Elu une première fois en 1995, il a dirigé Argenton-sur-Creuse à plusieurs reprises et semble à nouveau en bonne position pour ajouter un nouveau mandat à son arc.

  • Cécile Duflot, Pascal Canfin et Yamina Benguigui à Paris

La ministre du Logement est candidate dans les 11e de la capitale, mais elle ne sera pas élue puisqu'elle se trouve en dernière position sur la liste d'EELV. Le ministre du Développement est lui l'avant dernier nom de la liste de Christophe Nadjovski, par ailleurs candidat à la mairie de Paris (le dernier nom étant celui de la patronne d'EELV Emmanuelle Cosse La ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, figure elle en quatrième position sur la liste socialiste de Rémi Féraud dans le 10e arrondissement. Cependant, sa position semble fragile depuis que Marianne a révélé un manquement dans sa déclaration de patrimoine.

  • Aurélie Filippetti à Metz

La ministre de la Culture figure elle en deuxième place sur la liste de Dominique Gros dans la capitale mosellane. Députée de Moselle depuis 2007 et conseillère générale depuis 2012, Aurélie Filippetti participe, à Metz, à un match serré car la ville a été conquise par le PS en 2008 à la faveur d'une triangulaire avec le FN et grâce à la division de la droite après le long règne de Jean-Marie Rausch. Une victoire lui permettrait de disposer d'un parachute en cas de sortie du gouvernement.

  • Valérie Fourneyron à Rouen

La ministre des Sports est en deuxième position sur la liste socialiste de la préfecture de Seine-Maritime. Elle a dirigé la ville de 2008 à 2012. L'enquête Ipsos/Steria réalisée pour France 3 Haute-Normandie et France Bleu Haute-Normandie montre que le maire sortant socialiste Yvon Robert, en poste depuis l'entrée de Valérie Fourneyron au gouvernement en 2012, est bien placé pour obtenir un nouveau mandat. Sa liste PS-PC-PRG est en tête des intentions de vote pour le premier tour, à 38%

  • Frédéric Cuvilier, tête de liste à Boulogne-sur-Mer

Maire de la ville de 2002 à 2012, le ministre des Transports a décidé de se présenter à nouveau dans cette ville où il a été réélu dès le premier tour en 2008. Mais tant qu'il restera au gouvernement, c'est l'actuelle maire, Mireille Hingrez-Céréda, qui dirigera Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Il ne sera que simple conseiller municipal. Un sondage le donne gagnant au premier tour. En cas de victoire, il laissera la place le temps de sa présence au gouvernement. Sa liste, qui rassemble PS, PCF et PRG, est créditée de 55% des voix au premier tour, selon un sondage Ifop paru vendredi pour le journal La Voix du Nord et Europe 1.

  • Benoît Hamon à Trappes

Le ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire est cinquième sur la liste socialiste de Guy Malandin à Trappes (Yvelines). Le ministre a toutes ses chances pour ce qui constituerait une première locale pour celui qui fut député européen avant d'entrer au gouvernement. 

  • Stéphane Le Foll au Mans

Le ministre de l'Agriculture est le numéro 7 de la liste emmenée par Jean-Claude Boulard dans la capitale sarthoise. Sauf énorme surprise, Stéphane Le Foll sera réélu conseiller municipal dans la commune du Mans. Dans cette ville que la gauche occupe depuis 1977, le maire PS sortant Jean-Claude Boulard est donné grand favori.

  • Michèle Delaunay à Bordeaux

Tombeuse d'Alain Juppé en 2007 lors des législatives, la ministre déléguée aux Personnes âgées, deuxième sur la liste, tentera d'aider Vincent Feltesse à faire de même cette année à la mairie de Bordeaux (Gironde). Mais la tâche s'annonce plus difficile. La tombeuse d'Alain Juppé aux dernières législatives ne devrait pas réitérer son exploit aux municipales. En seconde position sur la liste PS menée par Vincent Feltesse, Michèle Delaunay, la ministre en charge des personnes âgées, s'apprête à partager avec l'adversaire d'Alain Juppé un échec annoncé. Le maire sortant de Bordeaux devrait être réélu pour la cinquième fois avec 57 % des voix dès le premier tour.

  • Victorin Lurel à Vieux-Habitants

Le ministre des Outre-mer est lui en 29e et dernière position sur la liste de sa ville de Guadeloupe. Pas de grand enjeu pour lui dans ces municipales.

  • François Lamy à Palaiseau

Le ministre délégué à la Ville François Lamy (photo) occupe la 2e position de la liste de gauche de Palaiseau, commune de l'Essonne dont il était maire depuis 2001, jusqu'à son entrée au gouvernement. La règle de non cumul entre un mandat local exécutif et un portefeuille n'a jamais été institutionnalisée, même si elle a été appliquée par Lionel Jospin de 1997 à 2002, sauf pour les maires de très petites communes. L'Alliance entre le Front de gauche et les verts pourrait jouer des tours à François Lamy. Affaire à suivre.

  • Guillaume Garot à Laval

Le ministre délégué chargé de l'Agroalimentaire Guillaume Garot (photo) avait créé la surprise en devenant le premier député de gauche de Mayenne en 2007 avant de ravir en 2008 la mairie de Laval à l'UMP. En 2014, le voici n°3 dans cette ville que la droite a de bons espoirs de reprendre. Une défaite pour être synonyme de sortie du gouvernement pour lui.

A gauche, les barons sont confiants

Le sénateur-maire PS de Dijon, François Rebsamen, est candidat à sa propre succession pour briguer un troisième mandat avec le soutien des élus écologistes et du MoDem, déjà présents dans sa majorité municipale. Il fait face à une liste commune UMP-UDI menée par Alain Houpert, actuel maire de la petite commune de Salives en Côte-d’Or.

Contrairement à Paris, l’UMP peut se targuer d’avoir réussi avec succès sa primaire lyonnaise, désignant Michel Havard comme candidat. Une dynamique préalable nécessaire s’il veut être un outsider de poids face au maire sortant, Gérard Collomb, favori à sa succession à l’hôtel de ville. Un poste que le socialiste occupe depuis 2001.

Jean Vincent Placé, le sénateur figure en quatrième position sur la liste de la maire socialiste sortante des Ulis. Il pourrait être élu conseiller municipal, sans fonction exécutive. Le sénateur EELV ne cache pas sa volonté de siéger à la communauté d'agglomération du Plateau de Saclay, et insiste sur l'absence de fonction exécutive dans ce mandat s'il est élu: "je veux apporter ma pierre à l'édifice ulissien". M. Placé avait déjà été élu municipal en 2008 dans cette ville de 24.000 habitants. Il avait démissionné en octobre 2011 de son siège de conseiller municipal lorsqu'il avait été élu sénateur.

Au Centre, François Bayrou est en bonne position pour enfin briguer la mairie de Pau. Yves-Marie Cann, le directeur en charge de l'Opinion pour l'Institut de sondage CSA croit dans les chances du président du Modem. "L'enjeu est très fort pour François Bayrou à Pau. C'est la troisième fois qu'il se présente à l'élection municipale. Il avait perdu de moins de 300 voix à l'occasion des derniers scrutins. Les différents indicateurs dont nous disposons laissent à penser que cette fois-ci pourrait, même devrait être la bonne car il a une gauche divisée face à lui." Explique-t-il. François Bayrou va miser sur la démobilisation à gauche et l'impopularité du gouvernement de François hollande. "La gauche qui peut pâtir de la démobilisation vise à vis du contexte national. En tout cas, Pau sera regardé de près dimanche soir. Si on voit que François Bayrou atteint les 40% dès le premier tour de scrutin, il apparaît acquit que François Bayrou sera en mesure d'être élu maire de Pau à l'occasion du second tour", conclut le spécialiste de l'Opnion au CSA.

Les bastions de la droite ne devraient pas basculer

A Bordeaux, Alain Juppé devrait logiquement garder sa fonction de maire. Son bilan favorable et son expérience accumuler font de lui le grand sage de la ville. " Il est le maire sortant qui réalise le meilleur score en terme de jugement porté sur le résultat toutes villes confondues", explique Yves-Marie Cann. "On comprend dès lors pourquoi Alain Juppé devrait l'emporter dès le premier tour où il apparaît en mesure de réaliser un très bon résultat estimé entre 55 et 60% dans une ville qui rappelons-le, avait voté majoritairement en faveur de François Hollande au second tour de l'élection présidentielle", conclut l'expert du CSA.

Pour Jean-François Copé qui brigue un quatrième mandat, il ne devrait pas y avoir d'embûche à sa réélection non plus. Et ce malgré l'affaire dans laquelle il est cité par le Point, sur les comptes de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. "Il y a peu de suspens sur ce scrutin. La question est de savoir s'il sera réélu au premier tour ou pas. On verra dans quelle mesure les affaires peuvent peser sur son résultat. Ceci étant dit, les expériences passées ont montré là aussi que Jean-François Copé a fait un travail d'implantation extrêmement efficace à l'échelle de Meaux", rappelle Yves-Marie Cann. A Levallois, on ne voit pas non plus qui pourrait remettre en cause la place de Patrick Balkany à la mairie.

Élu dès le premier tour en 2008 avec plus de 51.5% des voix, Patrick Balkany (UMP) et son épouse première-adjointe Isabelle Balkany, dirigent la commune de Levallois-Perret depuis treize ans. Ils font face à un nouveau candidat divers-droite, Arnaud de Courson, qui a battu Isabelle Balkany aux dernières élections cantonales de 2011. Le Parti socialiste a investi la conseillère d’opposition Anne-Eugénie Faure.

A l'extrême droite, Florian Philippot se bat pour gagner Forbach. L'ancienne cité minière de 22.000 habitants, fait partie des villes que le Front national ambitionne de gagner. Avec 42% des voix aux dernières législatives, le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, entend ravir ainsi la mairie à Laurent Kalinowski, le socialiste sortant. Car l'UMP partant divisé, avec l’officiel Alexandre Cassaro et le dissident Eric Diligent, c'est bel et bien un duel PS-FN qui se dessine.

Ce premier tour ne réserve pas de grande surprise pour les personnalités politiques de premier rang. La question se résume souvent à : le candidat ou la candidate passera-t-elle au premier tour ou au second ? En bref, il s'agira de mesurer la popularité auprès des électeurs.

 Arnaud Boisteau


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