Mariage homosexuel et loi sur la famille : l'UMP part à la bataille... mi-figue mi-raisin<!-- --> | Atlantico.fr
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Il y a, au sein de l’UMP "Cinquante nuances de Rose" pour aborder cette question.
Il y a, au sein de l’UMP "Cinquante nuances de Rose" pour  aborder cette question.
©Reuters

Editorial

A quelques jours de l’ouverture du débat sur le mariage homosexuel à l’Assemblée Nationale, l’UMP réunit ce jeudi une Convention sur la Famille. Or, l'opposition est loin d'être unanime sur la question du mariage des couples de même sexe...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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A quelques jours à peine de l’ouverture du débat  sur le mariage entre deux personnes du même sexe qui débute la semaine prochaine à l’Assemblée Nationale, l’UMP réunit ce jeudi une Convention sur la Famille. Un débat  tardif, autour de deux tables rondes,  qui n’avait pu être organisé plus tôt pour cause de querelle familiale. Ces déchirements internes avaient, si l’on peut dire, l’avantage de faire passer au second plan les divergences sur cette question au sein du parti de Droite. Les discussions - car il y en a eu - se sont déroulées dans le huis clos des réunions de Groupe et des  Bureaux Politiques convoqués par Jean-François Copé pendant la "guerre" interne à l’UMP. Ce qui permet de dire à l’ancien ministre du Logement Benoist Apparu, l’un des rares partisans de cette loi, que "l’UMP a réussi à éviter  la caricature intégrale", un propos que son collègue Franck Riester, lui aussi en faveur  du mariage gay, modère en  évoque  "la chape de plomb" qui pesait sur ce sujet.  

C’est qu’on est loin de l’homogénéité  d’une opposition  catégorique  affichée par  ceux qui  ont participé à la manifestation du 13 janvier dernier avec, à leur tête Jean-François Copé. A coté de ceux qui rejettent toute Union juridique entre deux personnes du même sexe, il y a ceux, assez nombreux, qui s’interrogent sur la bonne manière de rester en phase avec la société, et de s’opposer sans passer pour des "ringards".

Globalement c’est la question de l’adoption qui deviendra possible pour les couples homo après le vote de cette loi qui cimente le refus des  députés UMP et de la plupart des élus centristes de voter pour ce texte, au prétexte "qu’il ouvre la voie à la Procréation Médicalement Assistée et à la Gestation par Autrui", et "qu’on veut vendre ça par petits morceaux". (Les députés socialistes ont obtenu l’assurance que la PMA serait intégrée à une future loi sur la Famille, théoriquement au printemps ; mais la question divise également la Gauche…).

Mais les choses sont plus compliquées, et puisque le Rose est devenu la couleur emblématique des opposants au Mariage entre personnes du même sexe, on peut, en paraphrasant  le titre d’un roman à succès, dire qu’il y a, au sein de l’UMP "Cinquante nuances de Rose" pour  aborder cette question. Rose vif pour ceux qui ont pris part à la manifestation du 13 janvier pour s’opposer au projet . Rose  très marqué également pour les mêmes auxquels sont venus s’ajouter quelques dizaines de collègues qui se sont regroupés au sein d’une Entente Parlementaire pour la Famille) ; ils  réclament  un Référendum sur le mariage homo, et  une partie d’entre eux est allée manifester devant l’Elysée  demandant à être reçue par François Hollande(- qui va recevoir Frigide Barjot  ce vendredi ). Ce sont  les députés élus sur des terres ancrées à  droite dont  l’électorat  ne veut pas entendre parler de l’instauration du mariage pour tous ; ils sont majoritaires au sein de l’UMP.  

Rose plus nuancé pour ceux dont les terres d’élection sont fortement urbanisées avec un électorat plus fluctuant, plus jeune, et plus divers ; ceux-là  sont moins à l’aise dans une posture d’opposition sans nuance et disent réfuter " les postures idéologiques". Ils disent reconnaitre "la souffrance" de certains couples homosexuels dont l’un des conjoints est parent d’un ou plusieurs enfants,  mais affirment , à l’instar du député du Pas de Calais Daniel Fasquelle,  que "le mariage homosexuel est une mauvaise réponse à une bonne question". Avec un certain nombre de collègues il  propose  de lui substituer une Alliance Civile, une sorte de "mariage light", avec  publication de bans qui ne dit pas son nom, mais qui "ne saurait fonder un droit à l’adoption, à la procréation médicalement assistée, aux conventions de mères porteuses",  tout en reconnaissant qu’il  faut une solution pour faciliter l’adoption  en cas de décès du  parent biologique. Nathalie Kosciusko-Morizet s’est prononcée en faveur de cette formule. 

Rose pâle encore pour le député des Bouches du Rhône Christian Kert, qui peaufine une "Union civile"avec des professeurs de Droit Civil, et qui cherche  également "la bonne réponse" à  la question de l’adoption : "Aujourd’hui on est dans l’hypocrisie", reconnait-il , "on interdit d’adopter à un couple alors qu’un membre isolé du couple peut  le faire". Un de ses collègues renchérit :"Tous les enfants de la République doivent avoir la même protection". Mais comment faire ?

L’ancienne Ministre de la Famille de Nicolas Sarkozy, Claude Greff  assure avoir travaillé à "l’Union Civile" qui prévoyait une adoption simple, et non une adoption plénière. La proposition, aujourd’hui oubliée,  figurait  parait-il au programme du candidat Sarkozy. Aujourd’hui, la députée regrette que certains de ceux qui prônent une Alliance civile, aient été opposés au projet à l’époque. Comme la plupart de ses collègues, elle votera naturellement contre le projet de loi "parce que dans le mariage il y a le lien de filiation".

Les députés UMP ont déposé des centaines d’amendements qui ont été rejetés en Commission. Ils promettent qu’ils seront nombreux en séance pour ferrailler contre ce texte pour lequel deux semaines de débats, week-end inclus ont été programmés. Magnanimes, les dirigeants ont accordé un temps de parole à Frank Riester, l’un des partisans du texte, pendant la discussion générale. Riester  souhaite apaiser le débat et parle de "tolérance, de respect". Pour l’heure à l’UMP tout le monde affirme vouloir éviter les excès et les dérapages du débat  sur le PACS, dont la Droite n’était pas sortie grandie à l’époque.

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