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Malgré sa rentrée difficile, 55% des Français estiment qu’Emmanuel Macron va continuer à réformer en profondeur le pays sur des sujets majeurs
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Président réformateur

Selon un nouveau sondage de l'Ifop pour Atlantico.fr, plus de la moitié des Français estiment qu'Emmanuel Macron va poursuivre le rythme des réformes.

 Ifop

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : La rentrée politique du président de la République vient d'être marquée par sa volonté affichée de maintenir la réforme du prélèvement à la source pour l'impôt sur le revenu. Une attitude qui semble satisfaire les Français. Comment cela s'illustre-t-il au travers de ce dernier sondage ?  

Jérôme Fourquet : Ce sont des éléments qui résonnent avec toutes les discussions qu'il y a eu ces derniers jours au sujet de l'ajournement ou non de la réforme du prélèvement à la source. Ce n'était pas particulièrement une priorité pour les français, mais dans le contexte actuel la symbolique politique était très forte. Mettre le pied sur le frein sur un sujet, qui encore une fois n'était pas prioritaire, aurait tout de même signifié aux français que, quelque part, Macron était en voie de Hollandisation, qu'il était en train de temporiser et de reculer devant les obstacles alors même que depuis le début de son quinquennat il a eu à cœur de monter qu'il savait réformer et qu'il le ferait à un rythme rapide et soutenu. 

Le sondage qu'on a réalisé pour vous, s'est fait dans foulée de l'annonce présidentielle du maintien du calendrier sur le prélèvement à la source, à la suite de quelques jours de tergiversations et de couacs. Du coup, le résultat en est intéressant puisque l'on voit qu'il y a une prise de risque -comme Macron aime le dire "chacun aime prendre un risque"- quant au maintien de ce calendrier dans l'hypothèse où il y aurait un effet psychologique qui entrainerait une petite récession en matière de consommation. Cependant, on voit que si le risque est évident pour le mois janvier, il y avait également  un risque immédiat dans le cas où le projet aurait été mis en pause. 
Le fait qu'il ait pris ce risque lui a manifestement été bénéfique. Il vient nourrir l'idée, chez les français, que Macron ne va pas s'arrêter et qu'il n'est pas en voie de banalisation. On a une majorité absolue -55% des français- qui nous dit il va continuer de réformer le pays en profondeur sur des sujets majeurs, ce qui est un chiffre très fort. Deux ou trois jours plus tard, cette annonce a été suivie par celle faite sur le prélèvement à la source. Vous avez donc encore une majorité absolue de français qui pensent que Macron n'a pas changé d'attitude et va continuer de réformer en profondeur. 
Cette décision a été suivie d'autres annonces très récentes de la part d'Emmanuel Macron à l'occasion du premier séminaire gouvernemental à l'issue duquel il a voulu renouer avec ce que l'on avait appeler "la stratégie du tapis de bombe" l'année dernière. C'est-à-dire, cette méthode qui consiste à saturer l'agenda parlementaire et médiatique à l'aide d'un train de réformes toute azimute (plan pauvreté, plan banlieue, il y a des choses sur la justice…). Tout a été annoncé, on a une feuille de route avec un enchainement très rapide qui indique de l'exécutif n'entend pas baisser de régime. Ce message, manifestement, a été reçu puisqu'une majorité de français pense qu'il va continuer à réformer le pays en profondeur. 
C'est le cas bien entendu au sein de son électorat (90% le pense) mais c'est aussi le cas dans les mêmes proportions des électeurs socialistes et républicains. Donc, il a marqué des points. Maintenant, qu'il continue et qu'il ait  l'intention de le faire c'est une chose ; une autre est de savoir qu'elle sera le bilan de cette énergie réformatrice. Lorsque l'on demande au français de se projeter à la fin du quinquennat, les chiffres diffèrent alors très fortement. Il n'y a plus que 27% de la population qui estime que le pays aura été transformé en profondeur.  Et vous avez quasiment au point près la même proportion qui pense, que certes, il aura réformé en profondeur mais, qu'au final, la France n'aura été changée que sur quelques aspects. Et 19% pensent même que le France n'aura pas changé du tout. 
Donc là, il y a si vous voulez deux écueils dans la stratégie de communication politique de Macron. Quand il s'est construit comme "en marche" il avait deux leitmotiv : je vais casser les tabous, on va aller à marche forcée et je vais faire avec la méthode qui est la mienne ce que personne n'est parvenu à faire jusqu'à aujourd'hui et, pour cela, je vous demande de m'aidez ; et ensuite, que ce mouvement n'est pas vain, mais qu'il s'agit d'un mouvement pour transformer le pays, le remettre sur les rails et l'adapter à la mondialisation.
Or, si l'enquête montre que sur le premier niveau il garde une capacité de conviction majoritaire, autant sur sa capacité à transformer véritablement le pays, les français sont beaucoup plus sceptiques. Par patriotisme partisan vous avez 60%  des électeurs En Marche qui pensent que le pays sera transformé en profondeur, mais dans tous les autres électorats c'est nettement minoritaire. Et là où c'est intéressant c'est lorsque l'on regarde ce qu'il se passe chez les Républicains : seuls 16% voit un pays transformé en profondeur à la fin du mandat d'Emmanuel Macron. Ce n'est déjà pas si mal, cela représente une personne sur six ou sept qui estiment que le Président réussira, cela ont sans doute vocation à le soutenir, mais ça reste seulement 16%. Il reste 68% qui pensent qu'il n'y aura que des transformations à la marge..  Ce qui est intéressant c'est de comparer ce qu'il se passe au sein d'En Marche : 60% pensent qu'il va continuer à réformer en profondeur mais 68% pensent qu'au final les choses n'auront bougées que sur quelques aspects seulement. 
On en revient donc, au comment est-ce que la majorité peut-elle convaincre les français mais aussi ces électeurs de droite qu'elle cherche à séduire, que ce qu'elle est en train de faire va produire des effets substantiels. Il y va, mais pour autant, cela changera-t-il la face du pays, auront-ils réussi à rallumer le dynamisme économique.. il y a une encore beaucoup de doute au sien de la population. Et donc c'est tout l'enjeu des mois qui viennent : Macron doit parvenir à gagner du temps pour tenir jusqu'à l'arrivée des premiers signaux positifs de changements profonds et concrets. Ce sera pour Emmanuel Macron, un moyen de prouver que sa méthode était bien la bonne.
Le dernier résultat de l'enquête touche aux 80% des français qui pensent que la société aura été transformée en profondeur sur quelques aspects mais avec qu'elle ampleur, et de qu'elle façon ? S'agit-il d'une transformation en mieux ou en plus négatif ? Ici, une majorité absolue (50%) juge que la société  française aura été transformée négativement à l'issu du quinquennat de Macron. Des prévisions qui sont partagées  très nettement aux extrêmes. A côté des 91% des marcheurs qui voient un bilan globalement positif, on a également 40% des socialistes et 52% de Républicains qui voient également un bilan globalement positif à l'issu de la présidence. 
FN et France Insoumise sont massivement dans la critique, mais c'est encore plus vrai chez les partisans de Jean-Luc Mélenchon qui se posent comme les adversaires les plus véhéments au pouvoir. Marine Le Pen est dans l'opposition, mais ceux qui tirent le plus sur le pouvoir, c'est la France Insoumise. Selon eux, Macron travaille, c'est indubitable, mais il travaille à "casser" le système français (réforme SNCF, réforme des retraites…). Marine Le Pen le dit également mais de façon moins acerbe et moins permanente. 
Globalement, on a encore des niveaux de soutien, de bienveillance qui sont encore très élevés au PS et chez Les Républicains. Il y a une partie de la droite et du PS qui continuent de juger positivement les actions de Macron. 

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