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Gérard Larcher, Eic Ciotti et Bruno Retailleau assistent à l'Assemblée générale du parti Les Républicains à Paris, le 17 juin 2023.
Gérard Larcher, Eic Ciotti et Bruno Retailleau assistent à l'Assemblée générale du parti Les Républicains à Paris, le 17 juin 2023.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Offensive des Républicains

Eric Ciotti comme plusieurs ténors du parti ont multiplié les propositions après les évènements de ces derniers jours.

Carlyle Gbei

Carlyle Gbei

Carlyle Gbei est journaliste politique pour la radio fréquence protestante. Presentateur du podcast la Ve République, mode d'emploi et Nos présidents avec Maxime Tandonnet. Contributeur pour la revue politique et parlementaire .

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Atlantico : LR a présenté ce jeudi son plan "pour restaurer l’ordre public". Que contient ce plan ? Est-il ambitieux ?

Carlyle Gbei : Ce plan présenté ce jeudi du côté de la rue Vaugirard par le trio Ciotti -Marleix-Retailleau comprend une vingtaine de mesures touchant à la fois à la justice , à l’école et surtout l’immigration.

En matière de justice, Les Républicains souhaitent pour une « justice plus ferme » l'augmentation de la capacité carcérale avec un objectif de 80.000 places de prison, une mission qui sera confiée à un secrétariat d’état en charge de la construction des prisons , le doublement du nombre de centres éducatifs fermés pour les mineurs, d'ici à 2027 ; l'instauration des peines planchers dès le premier délit pour les dépositaires de l'autorité publique ou encore, la mise en place d'un dispositif de courtes peines effectives, en priorité pour les mineurs. Et dans la foulée des dernières violences urbaines, le parti propose la suppression de l'excuse de minorité et l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans. Concernant la responsabilité parentale qui est aujourd’hui au cœur des débats, LR veut rendre les parents des mineurs délinquants pénalement responsables du respect par ceux-ci de leurs obligations judiciaires à la suite d’une condamnation, par le biais d’un contrat signé avec l’autorité judiciaire et aussi le rétablissement de la loi Ciotti de 2010 qui suspendait les allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire. Ils souhaitent même l’étendre aux actes de délinquances d’enfant mineur.

En matière d’éducation, l’une des propositions phare qu’il faut retenir est l’instaurationdu port d’une tenue unique à l’école, au collège et au lycée.

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Quant à l’immigration, on retrouve les mêmes mesuresannoncées lors de la présentation des deux propositions de loi ordinaire et constitutionnelle déposées au Sénat et à l’assemblée nationale. Pour rappel, L’état-major des républicains avait mis sur la table la volonté de rétablir la double-peine,la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour crimes, l'expulsion automatique des étrangers majeurs coupables d'un crime ou délit mais aussi, l'impossibilité pour un mineur ayant fait l'objet d'une condamnation inscrite au casier judiciaire d'obtenir la nationalité française par le droit du sol une fois ses 18 ans atteints.

On retrouve ensuite des mesures destinées à assurer la protection des élus. Par exemple, l’aggravation des peines encourues pour des faits de violences commises à l’encontre des élus ou encore l’octroi à titre principal, d’un caractère automatique à la protection fonctionnelle des maires et adjoints qui en font la demande pour des faits commis dans l’exercice de leur mandat, y compris en cas de violence, menace ou outrage.

Voilà tout un catalogue de mesure à travers lesquels les républicains souhaitent muscler leur régalien.

Que penser de ce positionnement de LR et plus largement de sa stratégie sur le sujet ? En particulier, comment l’analyser au regard de la stratégie de Marine Le Pen sur le sujet, notamment depuis le début des émeutes (et sa relative discrétion jusqu’à présent) ?

Ces mesures sont audacieuses et très offensives. On assiste clairement à un raidissement, un durcissement de la droite républicaine qui de manière décomplexée n’hésite pas à reprendre des propositions entendues habituellement du côté du Rassemblement National. Depuis le début des émeutes, Les Républicains entendent se positionner comme le parti de l’ordre. C’est Eric Ciotti qui appellera très tôt à l’établissement d’un état d’urgence avant d’être rejoint par Éric Zemmour et Marine Le Pen. À la différence de Marine Le Pen, dont la stratégie du silence médiatique représente une véritable aubaine dans sa course vers l’Élysée, LR qui est souvent accusé d’accointance avec l’exécutif est obligé de parler pour exister, pour espérer peser dans le débat public. Le soucis reste qu’à force de vouloir trop parler, on finit par dire un peu n’importe quoi. L’exemple de la déclaration de Bruno Retailleau sur Franceinfo est une illustration palpable. Sur les émeutiers français interpellés, il avait déclaré « Certes, ce sont des Français, mais ce sont des Français par leur identité. Malheureusement pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques ». Ces propos ne sont pas dignes du parti gaulliste. En voulant faire du Marine, on risque de finir comme le père.

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LR semble déterminé dans sa manière de présenter les enjeux, mais leur track record sur ces questions, au pouvoir et dans l’opposition, et en termes d’action concrètes, ne peut-il pas faire douter de leur détermination réelle sur le sujet ? Les électeurs de droite peuvent-ils vraiment se laisser convaincre ?

Quand on regarde le nouvel Etat-major du parti, il est difficile de douter de leur réelle détermination sur le sujet. La difficulté réside plutôt dans leur stratégie du ni-Macron, ni-le Pen. Pour convaincre les électeurs de droite, il faut nécessairement se positionner. Il faut préciser que LR reste un parti en reconstruction, et les électeurs préfèrent se tourner vers des mouvements déjà bien positionnés à l’instar du Rassemblement National qui reste à droitela première force d’opposition à Emmanuel Macron. Ce n’est donc pas leur détermination qui fait douter mais plutôt leur capacité à faire adopter et appliquer leurs propositions.

Quel est l’intérêt pour LR de se positionner sur ce créneau de la sorte maintenant ? Avec le poids actuel de LR ces propositions ne vont-elles rester que des pétitions de principe ?

Après ces nuits d’émeutes, la majorité des français aspire à l’ordre. C’est un moment favorable que les républicains ne pouvaient pas se permettre de manquer. Il faut rappeler que l’assemblée nationale examine actuellement la loi de programmation et d’orientation du ministère de la justice 2023-2027. LR souhaite donc peser dans le débat en faisant monter les enchères. Eric Ciotti a déjà affirmé qu’il ne voterait pas le texte du gouvernement s’il n’y avait pas 80 000 places de prison. Sur l’immigration, alors que les discussions restent au point mort avec l’exécutif, le parti de droite souhaite mettre la majorité face à ses responsabilités en réaffirmant à nouveau ses propositions.

Seul LR, ne pourra pas faire adopter ses différentes propositions de loi, toutefois ces derniers peuvent tordre la main du gouvernement sur ses différents textes régaliens examinés actuellement ou à venir. Pour rappel, Olivier Marleix a déjà annoncé que son groupe déposerait une motion de censure si la première ministre envisageait de passer en force son projet de loi sur l’immigration. Une menace prise très au sérieuse du côté de la rue de Varenne.

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