Livret A, immobilier, assurance-vie....? Les investissements qu’il faudra privilégier pour la rentrée

Atlantico : Faut-il jeter aux orties de son Livret A ?

Philippe Crevel : Non, il faut le conserver même s’il ne rapporte pas grand-chose. Le Livret A est un produit d’épargne de précaution et de court terme. Il est inutile de laisser beaucoup d’argent sur son compte courant qui ne rapporte rien. Il vaut mieux le transférer sur son Livret A ou sur son Livret de Développement Durable qui rapporte 0,75 % net d’impôt et plus de 0,4 % après prise en compte de l’inflation. Dans le passé, il est fréquemment arrivé que les épargnants perdent de l’argent avec le Livret A quand l’inflation était supérieure au taux de rendement.

Comment pouvons-nous gagner plus sans prendre de risques ?

Sauf opérations promotionnelles, les livrets bancaires offrent peu de rendement, moins de 0,8 %. Ils sont, en outre, fortement fiscalisés. De ce fait, pour faire mieux que le Livret A, les ménages non imposables peuvent se tourner vers le Livret d’Epargne Populaire qui offre un rendement de 1,25 %. Ce produit est plafonné à 7 700 euros. Toujours avec comme logique de ne prendre aucun risque avec son capital, l’épargnant pourra opter pour le Plan d’Epargne Logement. Pour les plans ouverts depuis le 1er février, le taux est de 2 % soit net d’impôt près de 1,7 %. Sinon, il y a évidemment les fonds euros des contrats d’assurance-vie dont le rendement en 2014 était de 2,5 %. Pour cette année, le rendement devrait tourner autour de 2,3 %.

Comment gagner plus avec son épargne ?

Pour dépasser 3 % de rendement, il faut accepter de prendre des risques. En 2014, les unités de compte de l’assurance-vie qui évoluent en fonction de leur valeur de marché et qui ne bénéficient pas de la garantie en capital ont rapporté, en moyenne, plus de 5,9 %. Cette année, la rémunération devrait être supérieure sauf mauvaise surprise d’ici la fin de l’année. Les épargnants depuis le début de l’année ont privilégié ce type de placements. Avec les unités de compte, ils profitent du cadre fiscal attractif de l’assurance-vie. Ils peuvent de plus accéder à un nombre importants de supports ce qui offre de réelles possibilités de diversification.

Même si avec la crise grecque et le ralentissement chinois, les actions souffrent depuis quelques semaines, il n’en demeure pas moins qu’elles possèdent de réelles marges d’appréciation. L’amélioration de la conjoncture devrait se poursuivre dans les prochains mois. Le maintien des taux bas au moins jusqu’en septembre 2016 devrait contribuer également à une valorisation des actions. Il est certain, en revanche, que d’importantes fluctuations sont à attendre. Il faut donc veiller à ne pas se jeter la tête la première d’un coup sur le marché actions. Il faut y aller progressivement et savoir prendre ses plus-values. Il faut toujours avoir en tête qu’il ne sert à rien de se précipiter pour acheter des valeurs au zénith. Il faut plutôt être à contretemps.

Faut-il oublier l’or ?

L’or perd de son brillant depuis plus d’un an. Les crises grecques ont eu peu d’effet sur le cours de l’or. La production d’or excède la demande. En outre, les banques centrales des pays émergents qui réalisaient d’importants achats dans le passé ne le font plus voire vendent. La hausse à venir des taux aux Etats-Unis incite les investisseurs à se désengager du métal précieux afin de revenir sur les marchés monétaires et obligataires américains. L’or n’a pas de rendement. C’est une valeur refuge d’attente. En un an, l’or a perdu plus de 10 % de sa valeur mais il est à noter que la crise en Chine commence à provoquer une petite hausse. A la limite, pour les pessimistes de tout poil et les adeptes de l’or, c’est entre 900 et 1000 euros qu’il faut acheter. Mais, cela reste avant tout un placement spéculatif.

Et la pierre dans tout cela ?

Les prix de l’immobilier sont orientés à la baisse depuis plus de deux ans mais la correction reste modeste et très inférieure à celle enregistrée chez nos partenaires. Néanmoins, dans certaines villes ou régions, la procédure de correction peut être plus nette. Il n’en demeure pas moins que les prix restent encore élevés. Pour obtenir du rendement, il faut privilégier les SCPI qui ont investi dans les bureaux et les commerces de centres villes au sein des grandes agglomérations. Pour les meilleures d’entre elles, elles peuvent offrir 5 % de rendement mais il faut faire attention aux frais. Par ailleurs, dans l’investissement locatif, il faut privilégier les biens situés dans des grandes villes en expansion, Bordeaux, Rennes, Toulouse, Lille… et avec des surfaces moyennes (2 à 4 pièces). L’investissement dans la résidence de tourisme, dans le locatif avec services (EPHAD, résidences séniors) peuvent être de bonnes alternatives à la condition de regarder de près les sociétés en charge de la gestion des projets.