Les chiffres de l'été ont livré les trois raisons pour lesquelles les milieux financiers ont confiance en la résilience du modèle français<!-- --> | Atlantico.fr
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Le montant du déficit extérieur est accablant et l'endettement abyssal... Pourtant, les acteurs du monde financier et du Trésor considèrent que la France a les moyens de se redresser et d'éviter la faillite que les pessimistes annoncent.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En cette veille de rentrée, le monde des affaires et de la politique est une fois de plus partagé en deux sur la capacité du modèle français à surmonter le ralentissement conjoncturel, les failles structurelles et tous les problèmes qui pourraient être liés à l'endettement. Objectivement, les chiffres du 1er semestre justifient une analyse qui ne fait pas l'unanimité.

-D'un côté, on constate que la croissance est bien meilleure que ce que l'on craignait, avec 0,5% contre 0,3% prévu, une situation de l'emploi qui est toujours très tendue, un commerce extérieur en meilleur état que prévu grâce à l'industrie du luxe qui continue d'enregistrer des chiffres d'affaires et des profits, grâce à l'aéronautique qui accumule les commandes d'avions, et grâce à une industrie financière (banque et assurance) qui se porte mieux que l'an dernier. Surtout, l'activité touristique n'a jamais été aussi florissante alors que la France a perdu beaucoup de son pouvoir de séduction. Les Européens sont très présents en France cette année, les Chinois reviennent mais ce n'est pas la folie, par contre, les Américains sont très nombreux.

-D'un autre côté, certains  agrégats macroéconomiques ne sont pas encourageants. La croissance est meilleure que prévue certes mais moins bonne que celle de nos concurrents ou partenaires. Les chiffres de l'inflation se sont rafraîchis, mais la situation internationale ne permet pas de garantir de nouveaux résultats favorables sur l'énergie et les biens alimentaires. Enfin, la hausse des taux d'intérêt fait peser sur l'endettement public, qui est déjà considérable, des menaces très sérieuses d'alourdissement, d'autant que les signes d'un assainissement au niveau des dépenses publiques sont très flous.

Conclusion : la situation n'est pas catastrophique, mais elle n'est pas non plus très brillante. Le plus étonnant, le plus paradoxal, est que les marchés financiers ne sont pas en panique. Ils font même confiance à la résilience d'un modèle économique français qui vit pourtant très à crédit. Et sérieusement, ils ont trois séries de raisons de croire en la réassurance française :

1ère raison : ils savent certes que la France vit à crédit, mais ils pensent que la gouvernance finira bien par redresser la gestion budgétaire ; ils ne font pas confiance à la présidence qui a tendance à acheter la paix sociale avec de l'argent qu'elle n'a pas, mais ils font confiance au ministre de l'Économie pour mettre des lignes jaunes à ne pas dépasserBruno Le Maire a les moyens politiques, l'expertise et la légitimité pour empêcher les dérapages budgétaires qui ne seraient pas contrôlés. Sa présence au gouvernement garantit en partie la qualité de la signature française.

2e raison : la France a une formidable réserve d'épargne, disponible ou réalisable en cas de tempête. Plus de 3000 milliards d'euros, plus que le passif exigible à court et moyen terme. Cette force-là est une autre garantie solide pour la signature de la France sur les marchés.

3e raison : les revenus financiers perçus de l'étranger sont encore supérieurs aux frais financiers payés. Si la balance commerciale est structurellement déficitaire faute de compétitivité de notre industrie trop faible, si l'économie française a besoin de financement externe compte tenu du coût exorbitant de son administration et de son modèle social, on sait aussi que les revenus financiers perçus auprès des étrangers sur la base des investissements et des activités réalisées, ces revenus sont supérieurs aux intérêts de la dette. C'est un privilège extrêmement rare dans le monde, qui prouve que la France, via ses grandes entreprises du CAC40, a su investir de manière efficace à l'étranger et que ces investissements sont très rentables. Cela prouve aussi que son endettement, quoique considérable, est encore supportable grâce aux seuls revenus financiers. Cet argument unique justifie le risque que l'on prendrait à surtaxer les profits ou les dividendes des grandes entreprises.

Alors, ces trois raisons ne seront pas éternellement efficientes, les marges de manœuvre peuvent se rétrécir... La force politique est tellement fragile que le gouvernement peut être immobilisé, l'épargne peut se congeler aussi et les grands investissements internationaux réalisés par les Français peuvent s'effondrer... Mais le rôle des investisseurs est de penser que le pire n'est jamais certain

Les porteurs de mauvaises nouvelles sont légions. Depuis presque 4 ans , L'économie française aurait dû déjà s'effondrer avec le Covid,  ne pas être capable de se relever à la sortie de la pandémie, le modèle français aurait aussi dû s'effondrer sous la pression inflationniste... Et maintenant voilà que la France ne pourrait pas résister à son endettement. J

usqu'à présent, le modèle français n'a pas fonctionné comme les oiseaux de mauvais augure l'avaient annoncé. 

Ainsi, aujourd'hui encore, le problème français réside dans le fait qu'en sortant des situations les plus compliquées, la gouvernance française a pris l'habitude de croire qu'elles n'étaient pas gravissimes.

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