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Les rappeurs, ces gros durs au cœur tendre qui fondent devant leurs mômans
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Bonne teuf maman !

Ce dimanche, la France célèbre ses mères. Le milieu du rap, souvent perçu comme machiste, est finalement aussi le révélateur de la place de pilier qu'occupent les femmes dans nombre de familles aux hommes absents ou insignifiants.

Diane  Warin

Diane Warin

Diane Warin est l'auteur de la recherche sociologique, "Les rappeurs à Paris", en collaboration avec le Forum des images.

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Atlantico : Le thème de la « mère » est-il si récurrent que cela dans le rap français ?

Diane Warin : C’est toujours un thème très redondant. Il existe énormément de rappeurs qui ont fait des chansons en hommage à leur mère. Par exemple, dans son dernier album, le collectif de rappeurs Sexion d’assaut a enregistré une chanson, « Avant qu’elle parte », qui reprend ce thème récurrent. Le message réside dans le fait que la mère, même quand tout le monde est contre lui, reste sa meilleure amie. Le titre vient du fait que le rappeur n’ose pas le lui dire, avant qu’elle parte…

Le thème est aussi abordé par le rappeur Guizmo dans son titre « Maman s’il-te-plait ».

On retrouve également le même sujet chez Swift Guad, dans sa chanson « Maman pleure pas ». Il rend aussi un hommage à sa mère. Encore une fois, le thème est assez semblable aux autres titres. La mère est celle qui est toujours là dans les coups durs. C’est également une mère seule au foyer qui s’oppose au père qui est soit absent, soit violent.

Il  y a donc deux symboles forts qui s’opposent. L’hommage à la mère est-il également une manière détournée de s’adresser aux pères ?

Il existe effectivement deux figures redondantes qui s’opposent : la mère au foyer et le père absent et/ou violent. D’une certaine façon, on peut imaginer que les hommages rendus aux mères puissent être aussi une forme de reproches adressés aux pères.

On retrouve ce thème de l’homme violent et absent dans le titre « sans repères » de Sniper. Le passage qui dit « combien de bleus sur ses bras, car quand on aime on n' compte pas » est symbolique de la vision du père dans certains titres de rap.

La mère est donc celle qui porte la famille sur ses épaules ?

Oui, la mère est vraiment le pilier de la famille. Il faut replacer cela dans son contexte. Les rappeurs sont souvent issus de milieux populaires. Le père est plus souvent absent, plus souvent violent et les réponses ne sont pas les mêmes. Swift Guad dit carrément que «la mère doit alors assurer le rôle de l’autorité paternelle».

Ces hommages aux mamans ne sont-ils pas aussi une forme d’excuses ou de rachat à l'attention de ceux qui qualifient les rappeurs de machistes ou sexistes ?

Les rappeurs ne sont pas tous aussi machistes qu’on le croit. Certains rappeurs, et notamment Swift Guad dans son titre «Hématomes», ont fait des chansons pour dénoncer le phénomène des femmes battues.

Je ne suis pas sûre que cela soit une excuse pour les rappeurs. Tout simplement, le rappeur, comme beaucoup d’êtres humains, a de multiples facettes. Il peut être macho et avoir un attachement particulier à sa mère. Ils sont aussi capables d’être romantiques, à leur manière. Je pense notamment à Flynt, dans son album « J’éclaire ma ville », où une chanson est entièrement consacrée à une femme qu’il aime.

Il ne faut pas tomber dans les stéréotypes trop facilement. Il y a énormément de femmes dans les concerts de rap.

Beaucoup ont l’impression que la femme est soit montrée comme la « bimbo » soit comme la « mère au foyer ». Existe-t-il un juste milieu dans le rap ?

Il y a effectivement un grand décalage entre ces deux visions. L’image de la tradition, de la famille, qui s’oppose à la femme « volage », qui parle de mecs et qui se « balade à poil ». Un grand décalage avec la société occidentale contre laquelle ils luttent tous d’une certaine façon.

Traditionnellement, le modèle de la femme qu’ils prônent, et dont ils tombent amoureux, est celui de la femme traditionnelle, bien dans ses bottes et qui doit porter sa famille.

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