Les branches paternelles, grandes délaissées des familles contemporaines<!-- --> | Atlantico.fr
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Quel est l'impact sur les enfants d'avoir davantage de liens avec la branche maternelle en termes d'éducation ?
Quel est l'impact sur les enfants d'avoir davantage de liens avec la branche maternelle en termes d'éducation ?
©EZRA SHAW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Héritage familial

Les enfants sont généralement plus proches de la branche maternelle, notamment dans les familles anglo-saxonnes.

Gérard Neyrand

Gérard Neyrand

Gérard Neyrand, professeur émérite de sociologie, Université de Toulouse, auteur notamment de L’amour individualiste. Comment le couple peut-il survivre ?, Érès, 2018 ;  Soutenir et contrôler les parents. Le dispositif de parentalité, Érès, 2019 (2011) ; Le dialogue familial. Un idéal précaire, Érès, 2009.

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Atlantico : Dans les familles anglo-saxonnes, les enfants sont généralement plus proches de la branche maternelle. Le constat est-il identique en France ?

Gérard Neyrand : Dans notre société française, les deux branches parentales sont considérées comme équivalentes. D'un point de vue juridique, il n'y a pas non plus de différence notable, par exemple en ce qui concerne l'héritage. Cependant, il est vrai que le lien avec la branche maternelle peut parfois être plus fort que celui avec la branche paternelle, en raison de traditions historiques. Pendant longtemps, la mère était considérée comme la "spécialiste" de la relation avec l'enfant et de son éducation. Les mères ont tendance à s'occuper davantage de l'enfant, notamment à sa naissance. Cependant, alors que certaines familles fonctionnent de manière très traditionnelle, d'autres adoptent une approche plus égalitaire. Ce qui caractérise la société française en matière de structure familiale, c'est également la diversité des modes de fonctionnement. 

Comment expliquer la différence de lien entre la branche maternelle et la branche paternelle dans la plupart des familles ?

Comme je l'ai mentionné précédemment, pendant longtemps, le rôle du père se limitait à subvenir aux besoins financiers du foyer par le biais du travail. Les femmes ne travaillaient que lorsque cela était nécessaire. À partir des années 1970, la situation a évolué, et le taux d'activité professionnelle des femmes a progressivement rattrapé celui des hommes. Parallèlement, on a observé un rapprochement entre les pères et leurs enfants, en particulier les plus jeunes. Ainsi, la place du père est devenue beaucoup plus importante sur le plan pratique. La notion d'autorité était souvent associée au père, tandis que la mère était plus souvent liée aux soins et à la tendresse. De nos jours, les milieux populaires et ruraux adoptent généralement des modèles plus traditionnels que les classes moyennes vivant en milieu urbain. Cette dichotomie existe également au Royaume-Uni. 

La branche paternelle est-elle socialement dévalorisée par rapport à la branche maternelle dans nos sociétés ?

Oui et non. La notion de valorisation est difficile à définir. Jusqu'à la fin du deuxième tiers du XXème siècle, la branche paternelle était considérée comme plus valorisée, étant donné sa position dominante dans la société. Les femmes ne pouvaient pas travailler sans l'accord de leur mari et n'avaient pas le droit d'avoir un compte bancaire sans accord préalable. L'homme était considéré comme le représentant de la famille, du moins officiellement, tandis que la femme était associée à la proximité et à la tendresse envers les enfants. Aujourd'hui, la situation a considérablement évolué, bien que la rapidité de ces changements au sein des familles dépende de nombreux facteurs. En somme, on peut considérer que du point de vue pratique et quotidien, la branche paternelle conserve une certaine dominance. De plus, les mères continuent très souvent à consacrer davantage de temps à s'occuper des enfants. Bien que des modèles traditionnels persistent, leur prévalence tend à diminuer. De nos jours, il est davantage valorisé pour une femme de travailler plutôt que de se consacrer exclusivement au foyer. 

Quel est l'impact sur les enfants d'avoir davantage de liens avec la branche maternelle en termes d'éducation ?

La présence prédominante de la mère a été remise en question, notamment dans les situations de séparation. Les mères demeurent souvent plus responsables des enfants que les pères. Actuellement, environ 20% des enfants sont en garde alternée après une séparation. 12% résident avec leur père, contre 68% avec leur mère. Dans les années 1970, 90% des enfants restaient avec leur mère. Le droit a tenté d'encadrer ces évolutions sociétales, parfois même de les anticiper. Cependant, le fonctionnement des familles dépend également des représentations individuelles. Aujourd'hui, des oppositions entre les modèles et des conceptions divergentes existent au sein des couples, alors qu'autrefois, tout le monde était supposé adopter le même mode de fonctionnement. De plus, la parentalité est de plus en plus tardive, ce qui accroît le risque de séparation lorsque l'enfant arrive alors que le couple est déjà bien établi.

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