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Un bulletin de paie -- Photo d'illustration AFP
Un bulletin de paie -- Photo d'illustration AFP
©Philippe Huguen AFP

Tribune

Réduire la marge des entreprises c’est, pour les salariés, moins de revenus, moins de primes, moins d’intéressement et de participation, donc moins de pouvoir d’achat, sans parler bien sûr du renoncement à l’augmentation des salaires.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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Emmanuel Millard

Emmanuel Millard

Emmanuel Millard est membre RTHIC.

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Dans un contexte économique morose, marqué par une croissance économique tout juste positive, un taux de chômage en augmentation et des taux d’intérêt qui ont plus que doublé, le Gouvernement a décidé de mettre en place entre autres, une mesure exceptionnelle, l’application de « marges minimales » aux distributeurs.

Cette mesure, jamais mise en œuvre par le passé, relève plus d’une économie régulée ou étatique que d’une économie de marché et c’est en fait contre-productif pour les entreprises et les salariés.

Comment ne pas avoir immédiatement compris l’effet systémique de cette mesure ? Réduire la marge des entreprises, c’est toucher directement leurs soldes intermédiaires de gestion. Cela signifie clairement pour les salariés moins de revenus, moins de primes, moins d’intéressement et de participation, donc moins de pouvoir d’achat, sans parler bien sûr du renoncement à l’augmentation des salaires. Probablement aussi moins de recrutements, donc une hausse probable du chômage. Ces entreprises, sous le joug du contrôle des marges, chercheront également à limiter les impacts négatifs de cette mesure en répercutant celle-ci sur leurs fournisseurs, qui subiront indirectement le contre coup.

Les fonds propres des entreprises sortiront encore fragilisés par cette mesure digne du contrôle des changes instaurée en 1983 par Pierre Mauroy, alors Premier ministre, et dont les effets sur l’économie ont été désastreux. Des résultats moins importants signifient moins de mises en réserves et donc moins de dividendes pour les actionnaires et donc une baisse mécanique du cours de l’action, hélas en France on se réjouit de la baisse des dividendes. Portant la fragilisation de la structure capitalistique si cette mesure devait perdurer est dangereuse et fait devenir l’entreprise la cible de groupes étrangers …. A moins que les grosses entreprises industrielles visées ne partent avant ?

Par ailleurs les entreprises continuent aussi de subir les effets directs de l’inflation, avec une hausse toujours réelle du coût des fluides et des matières premières, elles qui ont par ailleurs augmenté en moyenne les salaires de près de 6% en 2023, on ne le dit pas assez !

Elles subissent aussi directement la hausse des taux d’intérêt, qui renchérit le coût du crédit, pour celles qui peuvent encore y accéder facilement pour financer l’exploitation ou leurs projets d’investissement. Autre indicateur inquiétant, le nombre de défaillances d’entreprises retrouve le niveau élevé de 2019 et concerne principalement les TPE et PME. Bref, on voit bien que cette mesure de limitation des marges, (compensant le refus des entreprises concernées de l’autorisation improvisée de la vente à perte) présente des risques importants pour les entreprises donc les salariés et l’économie. Cela fragiliserait, en admettant qu’on ne revienne pas sur cette décision, la capacité concurrentielle et le développement économique.

Les solutions ne viendront pas de décisions étatiques, charité bien ordonnée commence par soi-même, et le vrai problème est de réduire les dépenses de l'État à cause de notre dette. A vous de jouer messieurs les ministres …

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