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Les baby-boomers sont-ils la génération la plus “chaude” de l’histoire ?
©Reuters

Coquins !

Age tardif du premier rapport sexuel par rapport à la génération précédente, et rapports moins fréquents, les millenials sont régulièrement présentés comme "ayant un problème" avec la sexualité.

Michelle  Boiron

Michelle Boiron

Michelle Boiron est psychologue clinicienne, thérapeute de couples , sexologue diplomée du DU Sexologie de l’hôpital Necker à Paris, et membre de l’AIUS (Association interuniversitaire de sexologie). Elle est l'auteur de différents articles notamment sur le vaginisme, le rapport entre gourmandise et  sexualité, le XXIème sexe, l’addiction sexuelle, la fragilité masculine, etc. Michelle Boiron est aussi rédactrice invitée du magazine Sexualités Humaines

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Atlantico : Au regard d'études de plus long terme, il apparaît que ce serait la génération des baby boomers, tout comme la génération X, qui auraient eu une activité sexuelle plus fréquente, et plus précoce, que les autres . Comment expliquer un tel phénomène ?

Michelle Boiron : L’évolution de l’âge du  premier rapport sexuel est un miroir de l’évolution de la société.

Les jeunes millenials ne veulent pas passer à l’âge adulte comme les baby boomers qui n’avaient eux de cesse que de devenir adulte car précisément la société leur promettait un avenir fructueux. Ils avaient hâte de quitter le nid familial et de voler de leurs propres ailes.

On veut que la norme des bayboomers s’applique aux millenials alors que indépendamment du contexte sociétal et économique chaque génération a sa manière de vivre d’être qui différent des générations précédentes. Le début de la sexualité et précisément la 1ère relation sexuelle est un passage important vers le devenir Homme et femme. Y a-t-il un bon moment pour cela ? Une norme qui signifierait qu’on est adapté au monde dans lequel on vit et qu’il faudrait suivre à la lettre?

Le contexte de nos jeunes tant en terme d’exigence de réussite de performance de pressions dans tous les domaines y compris sexuel ne peut pas ne pas impacter leur sexualité. Pourquoi la question leur est posée ? Pourquoi l’intimité doit elle être exposée ? Comme son nom l’indique elle est intime. Hélas on ne sait plus trop ce qu’intimité signifie !

Avoir honte d’être vierge est devenue pour certaines jeunes femmes quelque chose de honteux. Alors qu’il n’y a pas si longtemps elle signifiait un choix d’une volonté qui n’était pas mise en exergue pour se moquer et était au contraire très valorisé. Rappelons que pour les hommes cela a toujours été valorisé car cela à voir avec leur virilité.

L’angoisse face à un chômage, un avenir incertain, un monde qui change trop vite  ne sont  pas des facteurs  propices à l’accomplissement d’une sexualité réussie. La pression de la   réussite dans tous les domaines y compris dans celle du premier rapport est aussi nouveau. En effet on pressentait sans angoisse que le rapport sexuel était certes une étape, mais ne pouvait pas être extraordinaire. C’était seulement le début d’une sexualité qui s’initiait mais on le vivait comme un premier pas. Aujourd’hui la référence est en lien avec le rapport sexuel visionné sur les sites pornographiques : «  puceau s’abstenir » !

On peut aussi se demander si ayant gouté au porno assez jeunes ils se sentent moins concernés par un rapport réel. On peut émettre l’hypothèse que le contenu du porno les a aussi amené à relativiser la nécessité d’un rapport réel. Ils ont été confronté très jeunes à une sexualité virtuelle qui leur a crée le leurre d’avoir à disposition un orgasme quand je veux si je veux dans des conditions de sensations très fortes, voire violente et surtout autonome. La 1ère fois reste un rituel dont le souvenir reste présent une vie durant. Il a toujours été symboliquement différent pour l’homme et pour la femme. Mais il est toujours  un passage important. Que représente aujourd’hui la virginité pour une femme pour un homme ?    

Religion, consentement, évolution des mœurs...quelles sont les causes de cette évolution entre baby boomers, génération X et les millenials ?

L’aspect religieux et la baisse significative de la pratique religieuse et le fait que la religion n’est plus considère comme édictant des règles qui devraient être suivies devrait rendre au contraire la sexualité plus libre et attrayante. Ceci est vrai pour les catholiques en revanche ceux qui pratiquent l’islam continue de prôner l’abstinence avant  le mariage.

La pratique sexuelle était liée à une certaine indépendance et en lien avec le passage dans le monde étudiant.

Face à ce déferlement de sexe, ce trop plein mis sur le sexe peut aussi amener les jeunes à prendre le contre pied de cette sexualité sans limite ni interdit. C’est le retour de balancier face à l’excès l’abstinence est réactionnelle.  

Existe t il encore un décalage entre les différentes générations, dans leur approche de la sexualité ?

Il y a toujours eu des différences entre les générations sur leur pratique sexuelle mais il y a surtout des hommes et des femmes  qui malgré la pression sociale essaient de s’adapter à la norme ambiante en reniant parfois leur rythme propre. Si la sexualité est aussi une composante de la vie sociale et économique il est dès lors compréhensible que les comportements sexuels  varient. En revanche on peut constater que le comportement sexuel est aussi une affaire propre à chacun et varie aussi en fonction de son système hormonal qui est déterminant tant dans le rythme des rapports que dans la décision de différer ou non l’acte sexuel. La frustration reste intolérable pour certain alors qu’elle est très bien acceptée pour d’autres. La période de l’adolescence est un cruciale. En effet le système hormonal explose et l’on voit des comportements très différents : certains mettront un couvercle sur leur sexualité et privilégieront les études et leur cerveau alors que d’autres ne pourront faire taire leurs pulsions et ne résisteront pas à ce séisme pulsionnel. Rappelons que la sexualité c’est avant tout des pulsions de vie et que la société selon les périodes nous demande soit de les faire taire soit de les encourager. On peut aussi tendre vers un équilibre réussi entre une sexualité épanouie qui n’annihilerait pas le cerveau permettant aux jeunes de faire des études et de s’épanouir dans une sexualité propre à chacun et non dictée par la société.       

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