Les Abenomics un échec, vraiment ? Après avoir atteint le plein-emploi, le Japon renoue avec son excédent commercial<!-- --> | Atlantico.fr
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Le cocktail Abenomics continue de produire ses effets positifs sur l'économie japonaise.
Le cocktail Abenomics continue de produire ses effets positifs sur l'économie japonaise.
©Reuters

QE Wasabi

Après le plein emploi, la fin de la déflation et la hausse des salaires, c’est au tour de la balance commerciale japonaise de présenter un résultat satisfaisant. Malgré les critiques, le cocktail Abenomics continue de produire ses effets positifs.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Depuis l’arrivée de Shinzo Abe à la tête du gouvernement japonais, en décembre 2012, jamais le pays n’avait connu de balance commerciale excédentaire sur un mois donné. C’est désormais chose faite pour le mois de mars 2015, avec la publication d’un excédent surprise équivalent à 229 milliards de Yen, soit 1.8 milliards d’euros. Un an plus tôt, cette même balance présentait un solde largement négatif de 1450 milliards de Yen, soit 11.3 milliards d’euros, et était alors présenté comme le signe évident de l’échec des Abenomics.

Pourtant, que cette balance commerciale soit excédentaire ou déficitaire ne présente qu’un intérêt mesuré pour se faire une idée de la santé économique du pays. Car ce sont les causes sous-jacentes à la formation de de cette balance commerciale qui permettent d’établir un diagnostic.

En effet, lorsque le nouveau gouvernement japonais annonça, dès le début de l’année 2013, la mise en place d’un très large plan de soutien monétaire ayant pour objectif de relancer la demande intérieure du pays, le résultat était connu d‘avance. En agissant de la sorte, l’exécutif allait favoriser la consommation intérieure et en conséquence, donnait une prime aux importations. Entre l’année 2012 et la fin de l’année 2014, les importations vont alors bondir de 28% en termes courants.

De la même façon, mais avec un temps de retard, les exportations vont pouvoir bénéficier d’un effet secondaire de la relance monétaire;  la baisse du Yen. Entre 2012 et 2014, les exportations vont progresser de 22% pendant que la monnaie japonaise baisse dans les mêmes proportions. Si les deux variables, import-export, suivent toutes deux des trajectoires dynamiques, l’avantage revient en l’espèce aux importations.

Graphique : Importations et exportations, Japon, en milliards de Yen. (Source : Cabinet Office)

Après 20 ans d’une stagnation économique jumelée à une balance commerciale excédentaire, le retour de la dynamique japonaise s’est donc logiquement traduit par une dégradation de la balance commerciale du pays :

Graphique : Balance commerciale annuelle en milliards de Yen (Source : Cabinet Office)

Voilà pourquoi la faiblesse de la balance commerciale japonaise n’était pas inquiétante depuis la mise en place des Abenomics (programme économique de Shinzo Abe). Parce que celle-ci n’était pas le résultat d’un effondrement des exportations, mais bien le produit d’une dynamique intérieure au pays.

Inversement, la balance commerciale positive de la zone euro au cours des dernières années est bien plus le résultat d’une très faible demande intérieure européenne que d’une quelconque vigueur des exportations. La présupposée "bonne nouvelle" d’une balance commerciale positive n’en est pas toujours une, et seule l’analyse des causes permet de l’établir.

Selon la même logique, les derniers chiffres japonais de ce mois de Mars 2015 méritent d’être détaillés. La vigueur des exportations est conservée, avec une progression de +8.5% depuis le mois de mars 2014. Par contre, les importations s’écroulent de leur côte de -14.5%, ce qui pourrait être un mauvais signal concernant la demande intérieure japonaise. Mais deux éléments permettent d’en limiter la portée.

D’une part, l’effondrement du prix du pétrole a contribué pour -13% du total de -14.5% de la baisse des importations, soit 90% du mouvement. Ce qui signifie que le Japon n’a pas importé moins de pétrole, il l’a simplement importé moins cher. La demande intérieure n’est pas en cause, le choc vient de l’offre.

D’autre part, le mois de mars 2014 correspond à un mois très particulier pour le gouvernement de Shinzo Abe. Il s’agissait du mois précédent le relèvement de la TVA de 5 à 8%, c’est à dire un mois record en termes de consommation. La population s’était alors précipitée sur ses achats avant le relèvement de la taxe au 1er avril 2014. La base du mois de mars 2014 est donc une base de consommation record pour un point de comparaison. Ainsi, la quasi-stabilité des importations d’une année sur l’autre, sur ce mois précis, ne fait que traduire une chose ; la hausse de la TVA a été absorbée par la population, enfin.

Après 28 mois au pouvoir, Shinzo Abe est parvenu à obtenir de solides résultats. Sortie de déflation, plein emploi avec un taux de chômage de 3.5%, plus forte hausse des salaires dans les grandes entreprises japonaises depuis 17 ans, et maintenant, et même si ce n’est que temporaire, une balance commerciale positive.

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