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Les 5 fausses bonnes idées économiques de l’année 2014
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

L’économie de crise accouche, en général, d’une multitude d’idées miracles qui sont censées nous sortir de la crise sans efforts et sans douleur. L’année 2014 a battu tous les records dans ce domaine.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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1e fausse bonne idée : lire les chroniques de Paul Krugman dans le New-York Times.

Cet économiste américain de 59 ans, prix Nobel en 2008, est devenu une sorte de gourou pour les milieux financiers et les spéculateurs. Paul Krugman a beaucoup travaillé sur le fonctionnement du commerce international. Il a essayé de découvrir des modèles pour réguler ce commerce et éviter les crises. Keynésien de formation, il a essayé d’adapter les remèdes de cette icône paléolithique de la gauche ancienne, à un univers désormais  globalisé.

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Krugman n’a rien découvert du tout mais il a montré aux gouvernements qu’ils devaient faire quelque chose d’utile pour calmer le climat politique et éviter les crises. Il a surtout recommandé l’usage de la politique monétaire pour le plus grand profit des financiers. Comme les médecins utilisent la morphine pour ne plus entendre leurs patients crier de douleur. Accessoirement, il a fait connaître aux Américains qui ne lisent pas, Thomas Piketty qui a, en 700 pages, confirmé aux américains qu’ils vivaient dans le pays des inégalités croissantes. Un scoop. Inutile de préciser que les entrepreneurs de la Silicon Valley, qui portent l’avenir du capitalisme, n’ont guère apprécié les leçons de morale de ce petit Français venu de nulle part.

Les idées de Krugman, sa complicité avec les hommes de marchés, commencent à être critiquées. Et pour cause, il n’offre aux gouvernements que des moyens de protéger les taux de popularité, sans réformer les structures. Barack Obama l’a beaucoup écouté et il s’en mord les doigts. Arnaud Montebourg était capable de réciter des pages de Paul Krugman, jusqu’au jour où il a dérapé sur une contrainte de la réalité. Paul Krugman a perdu là un de ses meilleurs VRP en Europe.

2e fausse bonne idée : affirmer que les QE sont des remèdes miracles.

Et puis quoi encore ? Ces programmes devaient, pour les militants du pouvoir monétaire, nous sortir de la crise. En réalité, on se rend compte que l’on a plus besoin de QI que de QE. L’idée de ces QE vient tout droit des USA et s’est propagée en Europe dans les milieux de la gauche Keynésienne, à l’extrême gauche et à l’extrême droite. Cette idée offrirait une solution pour retrouver de la croissance, sans avoir à passer par la case du travail, de l’innovation et de la réforme disait-on.

Du pain béni pour les gouvernements sans convictions et sans majorité solide. Techniquement, le quantitativ easing revient pour une banque centrale à injecter des quantités considérables de liquidités dans l’économie. Ça marchait très fort sous Keynes parce que la dette en question était amortie par l’inflation. Les épargnants payaient. Ça marche moins bien aujourd’hui.

Le Japon, par exemple, y a cru. Le pays en a massivement fait à partir de 2010 mais n’a pas réussi à sortir de son marasme. Le gouvernement a changé son fusil d’épaule depuis quelques semaines. Le seul pays où le QE a produit des résultats, c’est les Etats-Unis qui affichent désormais une croissance moyenne de 5% par an. Mais à y regarder de plus près, la moitié de cette croissance est dûe au programme ObamaCare et aux dépenses militaires. L’autre moitié est directement liée à l’effet richesse de Wall Street. Les QE américains ont d’abord engraissé l’industrie financière. Le résultat, c’est que la FED a annoncé l’arrêt de son programme monétaire pour inciter l’économie à revenir sur un fonctionnement fondamental, lié à l’innovation et plus particulièrement à l’innovation digitale.

La Grande-Bretagne a retrouvé des taux de croissance d’équilibre grâce à un mix intelligent entre une politique monétaire accommodante et une flexibilité de ses structures étonnante, ainsi qu’un potentiel d’innovation dans ses industries. En Europe, et notamment en France, beaucoup de voix se sont élevées pour réclamer une politique monétaire plus accommodante. Mario Draghi a véritablement fait ce qu'il fallait en termes de taux et de prêts aux établissements financiers. Il a même racheté de la dette grecque dans des proportions que beaucoup lui reprocheront.

Le QE à un avantage politique, c’est qu’il donne l’illusion que l’Etat peut agir sur l’économie sans demander d’efforts particuliers. Le monétaire remplace l’imagination et l’innovation entrepreneuriale. Le QE remplace le QI. Comme ce dernier n’est pas la qualité la plus partagée par les gouvernements occidentaux, le QE a encore de beaux jours devant lui.


3e fausse bonne idée : l’État peut tout.

La gauche a essayé de faire croire que l’État pouvait résoudre les problèmes avec des solutions "de gauche". En réalité, il lui faut prendre des solutions qui ne soient ni de droites, ni de gauches, mais efficaces. Si l’État peut tout, l’État a surtout besoin d’argent. La fausse bonne idée a été de penser qu'il pouvait lever des impôts. En fait, les hauts taux tuent les totaux. A partir du moment où le taux de fiscalité devient confiscatoire, les contribuables ont intérêt à arrêter de travailler ou à s’expatrier. L’État ne peut pas tout. Il a même de moins en moins d’influence. L’efficacité voudrait qu’il laisse respirer ceux qui créent de la valeur et de l’activité, les entreprises et les investisseurs. Les forces des marchés sont beaucoup plus lucides et responsables qu'une promotion de l’ENA, fut-elle la promotion Voltaire.  


4e fausse bonne idée : les taux d’intérêt très bas sont excellents pour la reprise économique.

Si seulement. En théorie, on devrait emprunter massivement à taux zéro pour investir dans n’importe quelle activité qui apportera forcément plus de 0%. Et bien il faut être Keynésien de l’ère paléolithique pour croire cela. Le taux zéro n’offre pas de rémunération à celui qui prête l’argent, donc il ne prête pas. C’est la Banque centrale qui imprime une monnaie et qui la distribue à titre gratuit. Au bout d’un moment, les agents n’ont pas confiance. Le taux zéro n’oblige pas l’investisseur à prendre des projets rémunérateurs. En réalité, il n’investit pas. D’où la déprime actuelle. Le seul agent qui se complait dans les taux zéro, c’est l’État. Cela lui permet de financer tout et n’importe quoi sans demander d’efforts à ses électeurs. Une aubaine. Pourquoi réduire les dépenses publiques et mieux gérer l’administration puisque l’argent ne coûte rien. Pourquoi en effet ? Avec un tel raisonnement, l’État français ferait mieux de tout arrêter et d’installer des distributeurs de billets où chacun irait se servir selon ses besoins. On rêve !


5e fausse bonne idée : imaginer que la baisse du prix du pétrole est une très mauvaise nouvelle.

Ceux qui colportent cette idée sont ceux qui avaient une rente pétrolière, d’autant plus confortable que les prix étaient élevés. Les compagnies pétrolières, les pays producteurs du Golfe, la Russie et aujourd’hui les producteurs de pétrole de schistes voient leurs avantages s’évanouir. Sans parler des États occidentaux qui collectent l’impôt sur les carburants. La baisse des prix du pétrole est une très bonne nouvelle pour les pays dont l’énergie est une composante importante de leur prix de revient. Cest un facteur de compétitivité, une restitution de taxes et de rente improductive. Cette baisse, qui est durable, va en plus calmer le jeu de la recherche en énergie alternative et faire baisser d’un ton tous les écologistes et oiseaux de mauvais augure qui nous annonçaient la fin du monde et de la croissance. Accessoirement, cette baisse du prix du pétrole, donc des revenus pétroliers va rebattre la carte de la géopolitique et tarir, un peu, les ressources du terrorisme international.

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