Législatives : L'analyse du vote au 1er tour et ses enseignements pour le futur<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Législatives : L'analyse du vote au 1er tour et ses enseignements pour le futur
©

Chute

Les élections législatives ont permis à la gauche d'obtenir les pleins pouvoirs à l'Assemblée nationale. Le rapport de force entre droite et gauche s'est totalement renversé en cinq ans. Dernier retour sur le résultat des législatives...

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
Voir la bio »

Les élections législatives des 10 et 17 juin ont permis l’élection d’une majorité de députés acquise à François Hollande et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Le rapport de forces politique tel qu’il ressort des votes au premier tour de scrutin, malgré un taux d’abstention record, atteste de la volonté d’une majorité d’électeurs d’assurer une concordance majoritaire entre présidence de la République et Assemblée nationale. Toutefois, la victoire du Parti socialiste et de ses alliés s’inscrit aussi dans la suite logique de ses victoires passées aux différents échelons locaux.

2007-2012 : un renversement du rapport de force politique gauche/droite

Le rapport de forces politique au soir du premier tour des élections législatives confirme et amplifie celui observé lors de l’élection présidentielle. Avec 46,9% des suffrages exprimés en métropole (dont 29,5% pour le Parti socialiste), le total des voix de gauche permettait au chef de l’Etat et à son Premier ministre d’entrevoir une issue favorable au scrutin. A cet égard, il est frappant de constater que ce rapport de forces s’est inversé en l’espace de cinq ans, la droite obtenant un score comparable à celui de l’ancienne opposition (34,1%, dont 27,5% pour l’UMP). Les autres forces politiques enregistraient quant à elles des évolutions notables : effondrements de l’extrême gauche et du centre, d’une part, et performance du Front national, d’autre part, qui réalise cette année son deuxième meilleur score pour des élections législatives (13,6% contre 14,94% en 1997).

(Cliquez sur l'image pour l’agrandir)

Un électorat de droite démobilisé par la défaite de Nicolas Sarkozy

Cette évolution du rapport de forces politique en l’espace de cinq ans doit bien entendu beaucoup à la présidentielle. En toute logique, l’élection de François Hollande à la présidence de la République a favorisé une démobilisation de l’électorat UMP. L’analyse des résultats au premier tour des législatives démontre que c’est dans les territoires les plus favorables à Nicolas Sarkozy que l’abstention a été la plus élevée le 10 juin. C’est aussi dans ces territoires qu’elle progresse le plus par rapport au premier tour des législatives 2007. Ce phénomène, dans un contexte d’abstention record, contribue à renforcer voire à amplifier mécaniquement le score de la gauche dont les électeurs se sont mieux mobilisés.

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Une victoire de la gauche amplifiée par ses victoires passées aux scrutins locaux

Un second facteur, rarement évoqué ces derniers jours, a lui aussi pu contribuer à la victoire du Parti socialiste et, dans une moindre mesure, de ses plus proches alliés. Ceux-ci ont en effet accumulé les victoires aux élections locales au cours des deux précédents mandats présidentiels, leur permettant de développer et d’entretenir un réseau particulièrement dense d’élus locaux.

L’exemple de la Bretagne s’avère particulièrement éclairant : avec 53,6% des suffrages exprimés au premier tour des élections législatives à l’échelle régionale, les candidats de la gauche y améliorent de 7,9 points le score de leur camp par rapport au premier tour de la présidentielle. La droite ne progresse quant à elle que très modérément (+1,7 point), l’extrême droite enregistrant les plus lourdes pertes (-5,1 points). Dans un scrutin aux enjeux nationaux clairement identifiés (élire une majorité de députés favorable ou opposée au nouveau Président de la république), les spécificités locales viennent perturber le rapport de forces gauche / droite attendu. Ceci s’explique par une prime certaine aux notabilités locales et par conséquent aux formations politiques dont sont issus les grands élus locaux. Les représentants du Parti socialiste, en de nombreux points de Bretagne, pouvaient ainsi faire valoir une proximité avec la population dont les représentants de la droite étaient parfois dépourvus. Ceci explique aussi pour partie l’incapacité du Front national à capitaliser sur le bon score réalisé par Marine Le Pen (13,2%) dans une région historiquement peu sensible aux sirènes frontistes. Le parti d’extrême droite enregistre une importante décote d’une élection à l’autre.

Ce même phénomène explique sans doute en grande partie la réélection de Xavier Bertrand dans la 2e circonscription de l’Aisne où une majorité d’électeurs avait voté pour François Hollande le 6 mai dernier. De même, Jean-François Copé a obtenu le 17 juin un score supérieur de plus de sept points à celui de Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle dans la 6e circonscription de Seine-et-Marne. D’autres cas similaires existent en de nombreux points du territoire. Ils attestent du rôle parfois déterminant de l’ancrage local des candidats à une élection pourtant présentée comme nationale.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !