Ces stars qui n’ont jamais pris un risque ni créé de richesses et qui osent nous donner des leçons de justice fiscale...<!-- --> | Atlantico.fr
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Ces stars qui n’ont jamais pris 
un risque ni créé de richesses 
et qui osent nous donner 
des leçons de justice fiscale...
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Flou artistique

Dans les temps anciens, les amuseurs vivaient du gaspillage de ce que l’on appelle la « part maudite ». Messieurs Arditi, Noah et consors vivent et prospèrent de ce gaspillage et c’est un juste retour des choses que leur mauvaise conscience les incite à faire l’aumône au peuple de quelques excédents lorsque leurs gains dépassent le million d’euros...

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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La CARL, c’est la Conscience A Responsabilité Limitée. Nous adorons Pierre Arditi. Son côté carré qui inspire confiance, son timbre de voix, son regard franc. Il était ce jour interviewé sur France Info sur un sujet qui, forcément, devait retenir notre attention : l’engagement politique du monde du spectacle.

Nous avons appris d’abord que les revenus de Pierre Arditi étaient suffisamment élevés pour qu’ils se situent de temps à autre dans la tranche d’imposition à 75%. Pierre Arditi s’est dit ravi de se trouver dans cette catégorie, non seulement parce que ses revenus étaient importants, mais aussi parce que ses opinions politiques le conduisaient à soutenir ce type de prédation fiscale. Il était content d’apporter sa pierre.

La première des choses qui nous est venue à l’esprit est que, certainement, l’argent gagné par Pierre Arditi n’était pas de même nature que celui, par exemple, d’un chef d’entreprise ou d’un cadre de haut niveau. Nous n’avons pas l’impression que Pierre Arditi crée beaucoup d’emplois ou que sa contribution au système, mis à part son penchant pour la gauche et la prédation, soient très positifs pour l’intérêt général. La prestation des gens du spectacle, quels qu’ils soient est éminemment sociale, c’est-à-dire qu’elle doit presque tout à ce que l’on appelle l’air du temps ; on plait ou on ne plait pas, on a des relations ou on n’en a pas.

La situation est un peu la même que celle, par exemple, des joueurs de football ou des professionnels du tennis. Une grande partie de l’argent qu’ils gagnent est de l’argent tombé du ciel. Il n’a pas pour contrepartie une production de richesse de même nature que les autres agents économiques. Il nous parait normal, étant d’une certaine bonne foi, que l’on reconnaisse que l’on doit rendre au système une partie de ce qu’il vous a donné. Nous pensons même une très grosse partie lorsque l’on produit peu de richesse et que presque toute la valeur ajoutée que l’on a vient de l’air du temps.

Il n’y a aucun rapport entre l’enrichissement d’une personne du spectacle ou du sport, et à côté de Pierre Arditi nous pensons à Yannick Noah, et l’enrichissement d’un cadre ou d’un patron d’entreprise. Les responsabilités sont radicalement différentes. La richesse produite est, elle aussi, de nature différente. Bien entendu, certains le contesteront, ceux qui trouvent que le gaspillage de l’argent dans une société est aussi utile que la production de vraie richesse. Mais comme nous ne sommes pas de ce camp-là, nous restons à l’intérieur de notre propre cadre analytique dominé par la priorité à l’économie productive.

Le patron d’entreprise, le cadre supérieur, non seulement porte sa responsabilité de faire fonctionner son entreprise, mais en outre, très souvent, la responsabilité d’assurer l’emploi des personnes, leur avenir, et dans certains cas, cela va même jusqu’à leur qualité de vie. Que l’on ne vienne pas nous objecter les déviances des pervers qui ponctionnent leurs entreprises au détriment de leurs salariés et au détriment de l’intérêt général, ce sont des minorités qui doivent être sanctionnées.

Le chef d’entreprise, en particulier, et nous pensons essentiellement aux vrais patrons, c’est-à-dire à ceux des entreprises petites et moyennes, le chef d’entreprise doit vis-à-vis des banques, engager son patrimoine, bien souvent au détriment de l’avenir de sa famille. A moins de souhaiter et c’est certainement ce que souhaitent les socialistes, que les entreprises françaises disparaissent ou qu’elles se vendent à l’étranger, on doit admettre que ce que gagne un chef d’entreprise sert non seulement à son train de vie, non seulement à son enrichissement, mais aussi et beaucoup à la prospérité de l’entreprise dont il est responsable. Cela est particulièrement vrai pour les créateurs d’entreprise, pour ceux qui ont le trait de génie de l’innovation.

L’entrepreneur innovant a une idée, il commence généralement par se faire financer par de petits crédits bancaires, par la suite, quand son entreprise est productrice de cash-flow et qu’il a de l’ambition et le goût du risque, il réinvestit. Dans beaucoup de cas, l’entrepreneur innovant se verse un salaire qui, pour l’essentiel, assure une subsistance normale mais qui, pour l’excédent, lui sert à accompagner le développement de son entreprise sans en perdre le contrôle. Nous n’avons pas l’impression que les responsabilités sociales de Messieurs Arditi et Noah aillent jusque-là. Dans les temps anciens, les fous du roi, les amuseurs, vivaient du gaspillage de ce que l’on appelle la « part maudite ». Messieurs Arditi, Noah et consors vivent et prospèrent de ce gaspillage et c’est un juste retour des choses que leur mauvaise conscience les incite à faire l’aumône au peuple de quelque excédent lorsque leurs gains dépassent le million d’euros.

Nous passons au second point de notre réflexion provoquée par les déclarations d’Arditi. Le journaliste, bien intentionné certainement et nous garantissons que nous ne lui avons pas soufflé, lui a posé la question : n’êtes-vous pas un peu gêné de prêter votre image, de louer le personnage que vous êtes, au Crédit Lyonnais pour sa publicité ?Alors que Pierre Arditi est totalement conscient,  non seulement de la crise, mais de son caractère financier et, en outre, des dérives des banques puisqu’il le dit lui-même dans l’interview, Pierre Arditi dit : non, pas du tout, je fais mon travail, je gagne ma vie et je n’en ai pas honte.

De notre temps, un homme de gauche était un homme total qui ne saucissonnait pas sa vie ; s’il était honnête, tout son comportement l’engageait. Alors, nous nous interrogeons. Pierre Arditi, comme beaucoup de gens qui font la publicité du Crédit Lyonnais, n’ont-ils pas été choisis parce qu’ils sont de gauche, que cela se sait et qu’ils servent de caution vis-à-vis du bon peuple.

Ces publicités étant ce que l’on appelle des testimoniales, l’important dans la publicité n’est pas ce que l’on dit, qui est généralement idiot, mais qui le dit ; ce qui est important, c’est que quelqu’un, en qui le public a confiance, le dise. En quelque sorte, Pierre Arditi et ses confrères de la publicité du Crédit Lyonnais dédouanent le Crédit Lyonnais, lui permettent de se racheter une image, alors que le même Crédit Lyonnais, dans le cadre du groupe Crédit Agricole, a largement contribué aux perversités de la finance qui suscitent maintenant chez la fausse droite et la social-démocratie le besoin d’imposer l’austérité au même bon peuple.

Ainsi, nous résumons. En l’espace de quelques instants d’interview, nous avons déconstruit la mystification de cette pseudo-élite de gauche qui se donne en exemple et est utilisée comme agent d’influence: ils gagnent des sommes qui les mettent dans la tranche d’imposition à 75% ; ils sont contents de l’alourdissement de la fiscalité ; ils donnent leur concours à la kleptocratie bancaire. Ils apportent leur soutien aux complices de la kleptocratie bancaire, à savoir les socialistes. Et quel est le tour de passe-passe  qui permet tout cela ? C’est le tour de passe-passe bien connu que l’on appelle le clivage. Dans le clivage, le personnage se coupe en deux, il se donne bonne conscience en faisant en sorte, par de bonnes raisons, que sa main droite ignore ce que fait sa main gauche. Dommage que des gens qui se veulent des modèles, des donneurs de leçons, utilisent des procédés aussi malhonnêtes.

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