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Le ralentissement du Gulf Stream pourrait menacer le climat modéré de l’Europe dans les 20 ans à venir
©Nasa / Afp

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Contrairement à ce que l'on peut voir dans les films de science-fiction, le ralentissement du Gulf Stream ne provoquerait pas le retour de l'âge de glace mais plutôt une hausse des températures.

Frédéric Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : Contrairement à ce que l'on pensait jusqu'alors, le ralentissement du courant du Gulf Stream n’entraînerait pas une baisse, mais plutôt une hausse des températures. Comment expliquer cette nouvelle théorie ?

Frédéric Decker : Tout d’abord, il s’agit d’une théorie parmi tant d’autres. Le gulf stream est un courant océanique prenant sa source vers les Bahamas et remontant vers le nord de l’Europe, faisant partie d’un réseau complexe de courants océaniques mondiaux. Le mythe veut que ce courant adoucisse le climat de l’Europe. Ce n’est pas tout à fait vrai. Car si ce courant tiède adoucit principalement le sud du Groenland, l’Islande ou encore la Norvège, c’est beaucoup moins le cas ailleurs.

L’arrêt du gulf stream était annoncé dès les années 2000 et devait être très rapide. La constatation est toute autre, avec des variations de rapidité du courant marin depuis 18 ans, à la baisse mais aussi parfois temporairement à la hausse. Comme tous les phénomènes naturels et climatiques, il est irrégulier même si certains cycles existeraient.

Le seule corrélation qui semble la plus évidente entre les baisses de vitesse du gulf stream et des perturbations climatiques seraient la récurrence des blocages anticycloniques, en particulier en Europe. Ce qui ne signifie pas forcément un réchauffement du vieux continent, mais plutôt des variations thermiques plus marquées, entre hivers plus froids et plus longs, et étés plus chauds, plus durables également. Mais attention : Paris ne se transformera pas en Montréal : du simple fait de la rotation de la Terre et de la force de Coriolis, la France et l’Europe resteront toujours sous les courants d’ouest dominants, océaniques et modérant les écarts thermiques comme sur toutes les façades occidentales de tous les continents pour les mêmes raison. Le scénario du film « Le jour d’après » n’arrivera pas.

Lorsque l'on parle de  réchauffement , s'attend-on à une hausse conséquente des températures ? Quel continent serait le plus touché ? 

Selon les consensus du GIEC, le réchauffement actuel va se poursuivre. Au moins jusqu’à la fin du siècle, avec une hausse de 1 à 2 degrés au moins, voire plus. Dans ce cas, les zones arctiques seraient les plus concernées par ce réchauffement persistant : nord du Canada, Groenland, Norvège, Finlande, nord de la Russie… A l’inverse des zones équatoriales ne connaissant quasiment pas de réchauffement.

Toutefois, certaines influences naturelles pourraient venir contrarier cette poursuite du réchauffement attendu : la chute de l’activité solaire ces prochains mois et prochaines années, des désordres dans les courants océaniques justement, sans compter une éventuelle reprise de l’activité volcanique et son effet refroidissant en raison des fumées et cendres formant un écran dans la haute atmosphère, activité particulièrement calme au XXème siècle, expliquant d’ailleurs en partie le réchauffement qu’a connu ce siècle. En dehors de 2015 et 2016, années nettement réchauffées par le phénomène El Nino, la température moyenne globale terrestre n’a quasiment pas bougé depuis 1998, avec une hausse de 0,14 degré (chiffres NOAA) sur les deux dernières décennies. Le seuil fatidique de 1 degré, atteint sporadiquement entre décembre 2015 et avril 2016 puis en mars 2017 reste difficile à atteindre.

Quels autres conséquences le ralentissement du courant du Gulf Stream peut -il entraîner ?

Outre des écarts thermiques plus importants entre hiver et été en Europe, il pourrait aussi modifier la distribution et la chronologie des précipitations, en particulier sur l’Europe en raison des éventuels blocages anticycloniques récurrents. Un climat qui pourrait alors ressembler à celui des derniers mois, alternant périodes très sèches et, au contraire, des épisodes de temps très pluvieux. Pour se retrouver finalement dans des quantités de précipitations proches des chiffres habituels sur un an, par effets de compensations.

Comme le climat en général, et contrairement à l’idée que l’on pourrait s’en faire, le gulf stream n’est pas « réglé »… et donc pas déréglé non plus. Il subit des variations de vitesse plus ou moins cycliques, et ce n’est pas le réchauffement climatique moderne qui changera grand chose. Les précédentes périodes climatiques chaudes, même bien plus chaudes que de nos jours, n’ont jamais « tué » le célèbre courant océanique.

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