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Le PS et l’UMP ont abandonné la République
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Politique

Le résultat des élections cantonales est sans appel : même si son score du premier tour ne se concrétise pas par un nombre important d’élus le 27 mars, le Front national a remporté une victoire incontestable. Ce qui ressort de ces élections, c’est que la gauche et la droite ont perdu l’électorat populaire.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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L’UMP essuie un revers sévère, qui marque l’échec d’une stratégie de fuite vers l’extrême-droite. Le parti présidentiel a cru qu’en adoptant un discours caricaturalement ferme, il rattraperait des électeurs déçus. Mais ceux-ci ont signifié dans les urnes leur mécontentement, et ont préféré l’original à la copie. Pourtant, en 2007, Nicolas Sarkozy avait su s’adresser à cet électorat populaire.

La gauche remporte une victoire en trompe-l’œil. La mobilisation reste faible et l’électorat du PS semble plus « bobo » que populaire. Pris entre une ligne qu’on dit parfois « réformiste » et qui vise un électorat qui se confond avec le centre d’une part, et une ligne plus radicale qui prétend s’adresser à un électorat plus salarié et ouvrier d’autre part, le PS reste structurellement divisé et flou. Deux discours, deux électorats, deux objectifs. De telles divergences sont inquiétantes à un an de l’élection présidentielle.

L’électorat populaire délaissé

L’un et l’autre de ces partis sont surtout incapables de s’adresser à l’électorat populaire. Les modifications profondes de l’économie depuis 30 ans ont bouleversé le monde du travail et les repères d’une France salariée et ouvrière désorientée. L’Etat providence, omniprésent, a paradoxalement précipité cette crise : ses interventions ont mis en place une société où les relations sont purement verticales (de l’Etat vers le citoyen). Les relations horizontales (syndicats, Eglises, etc.) qui faisaient la vie des milieux populaires ont disparu.

L’électorat populaire est en quête de sens. Or, aujourd’hui, seul le FN semble s’y intéresser et prendre en compte ses angoisses. La manœuvre de Marine Le Pen est habile et si facile : elle reprend tout simplement le discours du projet républicain traditionnel pour fonder son programme et rallier à ses thèses extrémistes des électeurs inquiets.  Ses interventions sur la laïcité en sont l’exemple même : par quelques pirouettes, elle habille son propos islamophobe de légitimité républicaine.

Les résultats sont au rendez-vous. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait recueilli 30% du vote ouvrier et il était arrivé en tête du vote jeune. En 2011, dans les quartiers populaires, il n’est pas rare que le FN arrive devant l’UMP. Dans les départements connus pour traverser des difficultés économiques et sociales (le Nord, le Pas de Calais, l’Aisne, par exemple) il réalise des scores systématiquement très élevés.

Il est cependant inquiétant, pour qui ne souhaite pas une victoire du FN, que l’UMP et le PS aient abandonné le terrain du projet républicain et du « vivre ensemble ». En réalité,  il semble que ces deux partis n’ont aujourd’hui plus rien à proposer aux électeurs populaires.

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