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Le pouvoir d’achat serait en légère hausse en 2023. Mais pas grâce aux revenus d’activité…
©Thibaut Durand/Hans Lucas/Hans Lucas via AFP

+0,8%

Selon la récente note de conjoncture de l’Insee, le pouvoir d’achat serait en légère hausse en 2023 (+0,8%), malgré une croissance molle et une vive inflation

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Atlantico : Selon la récente note de conjoncture de l’Insee, le pouvoir d’achat serait en légère hausse en 2023 (+0,8%). Or, les revenus d’activité ne contribueraient pratiquement pas à la hausse du pouvoir d’achat. Comment expliquer ce phénomène ?  

Michel Ruimy : Le pouvoir d’achat est la capacité d’un ménage à acheter des biens et des services. Son évolution résulte de la différence des fluctuations du revenu disponible brut (RDB) du ménage c’est-à-dire l’ensemble des revenus (revenus d’activité, de la propriété mobilière et immobilière, pensions de retraite…) après déduction des impôts et des cotisations sociales et de celles du niveau des prix des biens et des services.

Au plan statistique, le revenu disponible est composé pour environ 70%, des revenus d’activité, pour plus de 10%, des revenus du patrimoine et, pour près de 20%, des impôts directs, qui sont déduits des revenus. 

En 2023, les revenus d’activité ont faiblement progressé en France en raison d’une croissance molle liée notamment aux incertitudes économiques et géopolitiques et d’une vive inflation. En conséquence, le pouvoir d’achat des ménages français n’augmenterait, au final, que de 0,8%, soit la plus faible hausse depuis 2009.

Il faut donc rechercher la cause de la progression du pouvoir d’achat dans les autres composantes du RDB, en particulier le relatif dynamisme des revenus du patrimoine.

En quoi les revenus de la propriété expliquent, en grande partie, les modestes gains de pouvoir d’achat en 2023 ?

En termes nominaux, la hausse des revenus du patrimoine proviendrait, pour une grande part, de celle des intérêts nets effectivement perçus, plus marquée en France que chez nos voisins européens. En effet, la rémunération de l’épargne, majoritairement réglementée, a suivi partiellement l’évolution de l’inflation, alors qu’un grand nombre des encours de prêts immobiliers ont été déterminés, à taux fixes, dans une période où les taux d’intérêt étaient bas. 

Par ailleurs, les dividendes et autres revenus d’investissement devraient être également dynamiques en 2023. Selon un rapport du gestionnaire d’actifs Janus Henderson, le montant total des dividendes versés devrait augmenter de près de 4,5% par rapport à 2022.

Quant à la contribution des revenus de l’immobilier des particuliers propriétaires de leur logement serait plus modérée en 2023. La faible croissance annuelle s’explique, en partie, par le plafonnement de la hausse des loyers depuis 2022. 

En termes réels, les revenus du patrimoine devraient être, en 2023, la principale contribution à la croissance du pouvoir d’achat du RDB.

Au regard de cette réalité et de ces chiffres, à quoi faut-il s’attendre pour le pouvoir d’achat et la croissance pour le début d’année 2024 ?

Toute prévision demeure entourée d’incertitudes, tant nationales qu’internationales. En France, les évolutions des prix à la consommation, en particulier alimentaires, dépendent en partie du comportement de marges des industries agro-alimentaires et des distributeurs, et des résultats des renégociations commerciales. De plus, la chronique du resserrement monétaire ainsi que sa vitesse de transmission à l’économie réelle restent incertaines.

Cependant, nous pouvons anticiper un rebond modéré de l’activité au premier semestre 2024, en raison notamment du ralentissement de l’inflation - elle pourrait être de l’ordre de 2,5% à fin juin - même si, dans le même temps, l’effet du niveau des taux d’intérêt, encore élevé, va continuer à freiner le dynamisme des affaires et peser sur la demande des ménages. Ceci pourrait conduire à un acquis de croissance pour l’ensemble de l’année de l’ordre de 0,5%.

En dépit de perspectives mitigées à court terme - croissance modeste, activité plate et normalisation des défaillances d’entreprises… -, le pouvoir d’achat va connaître un léger mieux à l’horizon des prochains mois, lié essentiellement à la désinflation.

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