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Le plan d’économies d’énergie dont aucun candidat à la présidentielle ne veut parler alors qu’il est plus que probable
©©ERIC PIERMONT / AFP

Atlantico Business

Il faudra, avant la fin de l’année, économiser l‘énergie parce qu’elle sera chère et qu’en plus, il y aura des pénuries sur l‘électricité, le gaz et le diesel et plus, peut-être. Donc moins de chauffage, moins de voyage et sans doute, moins de céréales

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Du côté du gouvernement, personne ne se fait d’illusion sur les risques d’envolée des prix de l’énergie, et même sur la pénurie de diesel, de céréales et même sur les black-out d’électricité. Un peu comme en 1974, après le quadruplement du prix du pétrole, mais il avait fallu baisser le chauffage et réduire sa consommation électrique à domicile. 

Personne ne se fait d’illusion mais interdiction d’en parler avant la présidentielle. Tout se passe comme si la perspective de crise majeure était classée secret défense, puisque même les candidats qui souhaitent la défaite d’Emmanuel Macron ont évacué cette question du débat électoral. 

Et pourtant, tout le monde se prépare. Le président de la Commission de régulation de l’énergie a fait (volontairement ou pas) fuité son pessimisme sur sa capacité à protéger les approvisionnements d’ici à la fin de l‘année. Ajoutant même qu‘il était plus que temps de commencer à faire des stocks et à se préparer à changer de comportement.

Concrètement, la guerre en Ukraine va servir de catalyseurs à une évolution prévisible au niveau des pénuries de livraison d’hydrocarbures. 

Concrètement, la guerre en Ukraine va, qu’on le veuille ou non, bloquer les fournitures de gaz russe, et des hydrocarbures, notamment sur le diesel - la Russie étant un très gros fabricant de diesel - mais la guerre va aussi bloquer le commerce des céréales et autres matières premières qui nous sont fournies par l’Ukraine et la Russie. 

Mais ce n’est pas tout : les effets de la situation en Ukraine s’ajoutent aux effets de la transition énergétique alors que les besoins sont très tendus.

Il y aura donc des ruptures d’approvisionnement et des disfonctionnements du réseau électrique parce que nos équipements en centrales ne sont pas suffisants pour répondre à la demande. C’est la raison pour laquelle le gouvernement précipite la réforme de l’EDF en lui apportant plus de moyens, afin que l’EDF remette en route les centrales qui sont en cours d‘entretien et il y en a eu beaucoup (plus de 6). Mais EDF devra aussi prendre en charge la relance du programme de création de centrales nouvelles (les fameux EPR). Donc, tout cela ne suffira pas, il faudra tirer sur l’hydraulique et refaire partir des centrales au charbon ou utiliser du gaz fabriqué par les agriculteurs. 

En clair et à court terme : 

- il faudra réduire sa consommation électrique (chauffage des logements limité à 19°-20° et peut-être n’accepter une ampoule sur deux). 

- il faudra réduire la circulation automobile en alternant les autorisations entre les voitures au numéro pair impair ou alors limiter / interdire la circulation un week end sur deux. 

- il faudra très surement relancer le chauffage au charbon et au bois. On pourra même pousser les deux centrales au charbon qui fonctionnent encore en France (à Saint-Avold en Moselle et à Cordemais en Loire-Atlantique) dont on annoncera à la rentrée de septembre la prolongation de leur durée de vie au-delà de 2024. 

-En attendant et d’ici la fin de l’année, tous les acteurs de la filière énergie vont faire des stocks de gaz, de diesel et de charbon. 

On aura plus de pétrole ou de gaz, il nous faudra donc, comme disait Giscard « avoir des idées ». Et les idées devraient nous permettre de passer l’hiver sans avoir trop froid. 

Ce qui est surréaliste, c’est que les responsables politiques ne se « mouillent » pas sur les mesures à prendre dans les six prochains mois. En revanche, ils sont prolixes sur les solutions à plus long terme. Tous, de la droite à la gauche, projettent un développement des énergies naturelles, l’éolien étant en tête du hit-parade.  

Et quand on leur dit que, faute de vent, pas d’éolienne, donc pas d’électricité, ils font mine de ne pas comprendre. 

Il n’y a guère que le président Emmanuel Macron, le parti communiste et Éric Zemmour qui se félicitent que la France soit devenue, grâce au Général De Gaulle, un champion du nucléaire. Pour ces partisans du nucléaire, il fait donc investir massivement et vite dans les centrales EPR. 

Cela dit, l’absence de débat pendant cette campagne va mettre le vainqueur dans une situation compliquée. Les faits sont têtus. La crise énergétique est incontournable. Elle va commander des efforts très particuliers. Alors si l’opinion n’est pas préparée à cette crise, l’opinion est capable d’ajouter une crise sociale et politique à la pénurie d’énergie. Et cette fois-ci, on ne règlera pas cette crise par des grands débats comme on a fait pour les gilets jaunes. Plutôt que de se satisfaire d’un débat apres la présidentielle, il serait surement plus efficace de se faire élire avec un débat avant. Au moins, les décisions seraient plus faciles à prendre et les risque de troubles seraient moindre. 

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