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Le peuple français est-il une fiction ? : la France face au spectre de l’identité
©AFP

Bonnes feuilles

Paul-François Paoli publie "Aux sources du malaise identitaire français" aux éditions de L’Artilleur. Depuis la disparition du général de Gaulle, un spectre hante toujours plus la France : celui de l'identité. Les Français ne savent plus qui ils sont. Extrait 1/2.

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2023, il a publié Une histoire de la Corse française (Tallandier). 

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Un spectre hante donc la France : celui de l’identité. Cachez ce mot que je ne saurais voir sans rougir. Surtout ne l’utilisons qu’avec des pincettes et un pince-nez tant ce mot sent la terre, l’origine, l’ethnique. Les intellectuels français dans leur ensemble mais aussi les journalistes ont ce mot en horreur, sauf quand il s’agit des autres peuples. Regardez-les se mobiliser pour le « peuple kurde » par exemple. Il est cocasse de lire les articles que FOG ou BHL écrivent pour soutenir la cause d’une nation frustrée d’État et de terre. S’il y a un peuple kurde c’est bien qu’il existe une identité kurde car s’il n’y en avait pas, à quoi bon parler d’un peuple kurde ? Si celui-ci existe c’est bien qu’il est fondé sur un certain nombre de traits communs qui forment ni plus ni moins une « identité ». Le peuple français ? Des citoyens du monde qui habitent en France mais pourraient aussi bien pérégriner ailleurs. FOG et BHL aiment la France à leur manière, déterritorialisée et mondialisée. La France c’est la République, point final. Tous les peuples ont le droit à une identité qui les spécifie dans l’espace et le temps, nous avons, nous, d’abord et avant tout le devoir d’avoir des « valeurs ».

On a l’impression dès qu’il est question d’identité que cette notion relève d’un registre flou ou abracadabrant. Existe-t-il une identité que l’on peut qualifier de nationale ? Essayons d’en circonscrire le sens. L’identité est à notre sens constituée par plusieurs éléments qui s’associent entre eux pour former une conscience commune. Le premier élément est tautologique puisqu’il s’agit du territoire. La France n’existerait pas sans l’hexagone qui en constitue l’essentiel. Elle pourrait existait sans Wallis et Futuna et sans la Guyane et elle a existé 800 ans sans la Corse. La France serait évidemment diminuée symboliquement si elle perdait la Corse mais elle continuerait de subsister. On est affligé de devoir rappeler à certains que l’Hexagone se situe en Europe de l’Ouest et que c’est en Europe que les événements les plus fondamentaux de son histoire se sont déroulés. Le peuple français était constitué en grande majorité de gens d’origine européenne jusqu’à ce que des vagues successives d’immigration provenues de l’extérieur de l’Europe et notamment de son ex-empire colonial en modifient la composition ethnique pour reprendre l’expression du Général de Gaulle. En 1946 celui-ci s’inquiétait déjà du changement de composition ethnique de la population française et souhaitait naturaliser des Allemands plutôt que des Maghrébins ! Cette réalité est fondamentale pour comprendre la crise d’identité que subit ce pays depuis trente ans. Car la deuxième composante de l’idée d’identité est évidemment celle de la culture et des mœurs que l’on oublie en France quand il s’agit de définir un peuple. Le peuple américain est-il pensable sans le puritanisme ? Le peuple polonais sans le catholicisme ? Le peuple français a été marqué par un « esprit gaulois », notamment une grande liberté sexuelle mais aussi par un épicurisme, un art du quotidien hédoniste. Force est de constater que ces états d’esprit sont difficilement compatibles avec un islam de masse normatif et puritain. L’apparition de cet islam dans le paysage français a donc crée une rupture dans les mœurs qui n’est pas contestable et que contestent pourtant ces idéologues qui prônent la cohabitation enthousiaste avec des populations où les femmes cessent d’être visibles. Les héritiers de Foucault et de Bourdieu qui prônent tout à la fois les délices de la Gay Pride et la liberté des salafistes de ne pas serrer la main aux femmes ont-ils perdu la raison ? Le communautarisme idéologique absolutise le droit des minorités sans voir que, tôt ou tard, ces minorités vont s’affronter entre elles tout simplement parce que leurs représentations sont incompatibles sur un même territoire.

L’américanisation de la France déplorée par Régis Debray et son islamisation partielle procèdent en fin de compte du même phénomène : un pays qui n’a plus de référent commun devient l’objet de toutes les dérives.

Extrait du livre de Paul-François Paoli, "Aux sources du malaise identitaire français", publié aux éditions de L’Artilleur

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