Le New York Times ose (encore) faire la morale à la France<!-- --> | Atlantico.fr
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Mark Thompson, ancien PDG du New York Times, a accordé un entretien à la rédaction du JDD en ce début d'année 2022.
Mark Thompson, ancien PDG du New York Times, a accordé un entretien à la rédaction du JDD en ce début d'année 2022.
©ANGELA WEISS / AFP

Tribune

Mark Thompson, ancien PDG du New York Times, s'est confié à la rédaction du JDD en ce début d'année 2022. Dans le cadre de cet entretien, Mark Thompson a notamment critiqué les journalistes français qui privilégieraient trop l’opinion aux faits.

Olivier Amiel

Olivier Amiel

Olivier Amiel est avocat, docteur en droit de la faculté d’Aix-en-Provence. Sa thèse « Le financement public du cinéma dans l’Union européenne » est publiée à la LGDJIl a enseigné en France et à l’université internationale Senghor d’Alexandrie. Il est l’auteur de l’essai « Voir le pire. L’altérité dans l’œuvre de Bret Easton Ellis» et du roman « Les petites souris», publiés aux éditions Les Presses Littéraires en 2021.

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On doit se pincer pour y croire. Le JDD du 2 janvier propose un entretien avec Mark Thompson ancien PDG du New York Times entre 2012 et 2020, qui vient de lancer un Fonds privé de financement pour des médias indépendants et surtout sélectionnés comme méritant l’aumône…

Avec trop d’allégeance (mais c’est le propre du complexe d’infériorité de certains journalistes français face à l’autoproclamé titre américain de référence) voici la question posée à Mark Thompson : « Le New York Times est très attaché aux faits. Que pensez-vous de ces médias, français ou américains, qui privilégient l’opinion ? ».

Ce à quoi, l’ancien patron de Presse se fait un plaisir de répondre : « L’opinion politique doit avoir une place à la télévision. Pour que la démocratie fonctionne, les gens ont besoin des faits, mais aussi de ces controverses politiques. Il n’y a rien de négatif là-dedans. Mais au lieu d’avoir des médias qui soutiennent les arguments d’un seul camp politique, le débat doit exister dans le même studio. La campagne présidentielle américaine a montré que, malheureusement, il était plus profitable économiquement de se concentrer sur un seul camp et de donner aux gens ce qu’ils avaient envie d’entendre ».

En servant la soupe ou plutôt en donnant le bâton pour se faire battre, voilà que celui qui a dirigé un journal « de référence » très orienté idéologiquement, vient faire la leçon aux journalistes français qui privilégieraient trop l’opinion aux faits…

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Il faut toujours se méfier des journaux désignés comme « de référence » qui s’autoproclament comme les chantres de la neutralité. Cela cache bien souvent une ligne éditoriale marquée et forcément subjective (il n’y a qu’à voir ce qu’est devenu notre journal « de référence » en France : Le Monde…) même s’il faut reconnaître que la neutralité en matière de Presse n’est jamais atteignable, à part peut-être pour L’Argus de l’Automobile, et encore… Arrêtons donc de nous faire croire que certains y arriveraient, car cela masque une opinion faussement neutre mais qui ainsi présentée se veut incontestable.

Loin de se concentrer sur les faits (ce qui lui arrive fort heureusement encore de bien faire) le New York Times est devenu l’organe de Presse d’opinion et « de référence » du Wokisme dans tout ce qu’il a de plus sectaire et d’intolérant.

Comment ne pas tousser quand son ancien PDG nous explique qu’il faut que le débat existe dans le même studio ou la même rédaction alors que son rédacteur en chef de la rubrique « Opinions », James Bennet, a été contraint de démissionner en 2020 après avoir laissé publier une tribune d’un sénateur républicain qui exprimait une opinion certes provocatrice (en faveur de l’intervention de l’armée face aux manifestations Black Lives Matter), mais surtout contraire à l’opinion des censeurs internes du journal.

Ce refus de l’altérité au sein du New York Times a été encore plus mis en avant avec la démission la même année de la journaliste Bari Weiss sur pression de ses collègues, alors qu’ironiquement elle avait été engagée pour « ouvrir » les pages d’opinions à des voix plus conservatrices à la suite de l’élection de Donald Trump que la direction du journal avouait ne pas avoir vu venir…

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Autre preuve plus récente et relatée dans ces colonnes de la pression Woke au sein du New York Times avec la mise à l’écart en 2021 d’un journaliste scientifique de renom pour avoir utilisé le mot « nègre » lors d’un voyage scolaire. Attention ! Non pas pour le lancer comme une insulte raciste, mais seulement dans le cadre d’une discussion privée sur le bienfondé ou pas de renvoyer un élève de 12 ans qui l’avait utilisé à l’école… 

En faisant la leçon sur l’importance d’opinions diverses au sein d’une même rédaction, le New York Times oublie sa propre turpitude.

Enfin, comment ne pas s’offusquer que le journal « de référence » du Wokisme vienne encore faire la leçon à la France qui est devenue sa cible privilégiée au nom de sa croisade contre l’universalisme ?

Dans ces mêmes colonnes Benoît Rayski raillait ce New York Times qui telle une sorte de nouvelle commission d’enquête Maccarthyste publiait une énième tribune contre notre pays, il s’agissait en l’espèce d’une opposition à la célébration du bicentenaire de la mort de Napoléon comparé ridiculement à un suprématiste blanc… 

Il faut rappeler que ce journal « de référence » a osé surtout entreprendre une campagne odieuse contre la France suite à la décapitation de Samuel Paty et les mesures annoncées par Emmanuel Macron face au séparatisme islamiste sur le thème de « La France alimente-t-elle le terrorisme en essayant de l’éradiquer ? ».

Le combat qui est mené par le New York Times contre l’universalisme français n’est pas celui des faits, mais celui de l’imposition d’une opinion communautariste et victimaire.

Cette prise de position ignoble de la part du journal « de référence » de l’autoproclamé progressisme bien-pensant prouve une fois de plus la lente décrépitude de l’esprit ouvert et critique du New York Times, qui en plus de cracher sur la dépouille d’un professeur dont le seul tort a été de montrer les caricatures de Charlie Hebdo, avait déjà décidé sous la présidence de ce même Mark Thompson de retirer toutes les caricatures de son journal pour de ne pas froisser les sensibilités…

Etait-il donc nécessaire de prêter le flanc à une leçon de journalisme de la Pravda Woke de New York ?

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