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Le chômage est retombé à son niveau d’avant-Covid, oui, mais le drame absolu reste « les Neet » 
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Atlantico Business

Les « Neet », les sans-emplois, sans éducation et sans formation, représentent plus de 12% des 15-29 ans et plus et un Français sur cinq entre 25 et 29 ans. C’est un drame qui paraît n’avoir aucune solution à court terme alors que la reprise de l’économie a entrainé une reprise spectaculaire des créations d’emplois.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Selon l’Insee, le taux de chômage atteint 8 % en France au 2ème trimestre 2021, il reste donc orienté à la baisse depuis le début de l’année et revient à son niveau d’avant-crise du Covid, à la fin de l'année 2019. Le chômage des jeunes actifs diminue assez fortement, celui des seniors, lui, continue d’augmenter. Mais, la proportion des « Neet » (Neither in Employment, Education or Training), ces catégories de jeunes qui selon cette expression anglo-saxonne, n’ont ni d’éducation, ni emploi, ni formation, reste très forte. Plus de 12% des moins de 25 ans, un Français sur cinq (20%) entre 25 et 29 ans. 

Pour ce qui est du chômage de longue durée, la tendance est donc à l’amélioration. Après une année assez catastrophique en 2020, perturbée par les confinements successifs et le manque de visibilité des chefs d’entreprises qui se retrouvaient complètement bloqués dans leurs projets, on est revenu, depuis le début de l’année, à une situation équivalente à ce qu’elle était à la fin de l’année 2019. 

Sur le dernier trimestre, le taux de chômage en France a reculé chez les 15-24 ans (-0,8 point) et chez les 25-49 ans (-0,2 point) mais il a progressé chez les 50 ans et plus (+0,4 point). « Par rapport à son niveau d'avant crise (fin 2019), il est inférieur pour les jeunes (-1,4 point) mais équivalent pour les personnes d'âge intermédiaire (-0,1 point) et les seniors (+0,1 point) », souligne l'Insee. 

Autre indicateur qui reflète la stabilisation du marché du travail, le taux de chômage de longue durée - qui recouvre les chômeurs déclarant rechercher un emploi depuis au moins un an - est également quasi-stable, à 2,4 % de la population active (-0,1 point). En hausse également le taux d'emploi des 15-64 ans qui frôle les 70 % (+0,1 point par rapport à son niveau d'avant crise), soit une proportion record depuis le début du suivi de cet indicateur par l'Insee, en 2003.

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Ces chiffres indiquent clairement que la catastrophe sociale, liée à une vague de faillites et par conséquent à un tsunami de chômeurs ne s’est pas produite. La crise du Covid a bloqué l’activité économique mais les actifs ayant été protégés, il n’y a pas eu destruction du système de production qui est reparti dès que l’horizon s’est éclairci, avec la conviction que la vaccination pouvait enfin nous libérer de tous les risques. Tout est reparti : la consommation (très fortement), les investissements et par conséquent, l’emploi. La poursuite du mouvement est donc directement liée à la capacité de la société à se protéger du Covid, et la seule solution qui existe aujourd’hui est la vaccination. D’où l’enjeu ; d’où la détermination de tous les gouvernements à mettre pour généraliser à tous l’application d’un vaccin. 

Mais ces chiffres montrent aussi que les problèmes structurels qui existaient avant la crise n’ont évidemment pas disparu. Les entreprises qui étaient malades le sont toujours, celles qui ne sont pas préparées pour accompagner les mutations sont en risque de disparaître. 

Au chapitre de lemploi, on assiste à une reprise forte des embauches, mais aussi à une explosion des offres demplois qui ne sont pas satisfaites. Doù des pénuries de main d’œuvre dans les secteurs qui pourraient redémarrer très fortement : le bâtiment, le commerce et particulièrement toutes les spécialités du e-commerce, la restauration, l’hôtellerie… des secteurs qui ont du mal à retrouver leurs effectifs d'avant-Covid. Beaucoup ont quitté le secteur pour s’orienter vers d’autres activités plus lucratives ou plus intéressantes. 

Derrière ce paradoxe, il y a certes un problème de formation, mais il y aussi un problème du côté des employeurs qui sont capables dattirer les clients mais parfois très maladroits quand il sagit de fidéliser leurs salariés. Ce n’est pas nouveau, mais la crise n’a pas arrangé la situation. Ceux qui peuvent changer d’emploi sont en train de changer d’emploi.  

Mais le vrai drame social, ce sont les « Neet ». Entre 2 et 3 millions de Français qui ont moins de 30 ans et qui n’ont jamais travaillé, qui n’ont ni éducation de base, ni formation. Ils vivent le plus souvent encore chez leurs parents ou en foyer, ou dans la rue. Et survivent matériellement avec des revenus sociaux ou quelques activités que « la loi et la morale réprouvent ». Ces catégories ont particulièrement souffert pendant le confinement parce qu’ils se sont retrouvés sans protection. Le chômage partiel qui a, tel un remède miracle, permis de sauver les contrats de travail, ne bénéficiait évidemment qu’aux salariés qui avaient déjà un job. 

La situation des « Neet » est très souvent liée à la situation des parents, le plus souvent chômeurs eux mêmes,  mais pas seulement. Il y a beaucoup de marginaux dans les familles de cadres supérieurs. Leur situation est aussi liée très souvent à des problèmes de santé, ils sont en situation de handicap, ce qui a entrainé leur échec scolaire et leur inadaptabilité aux règles de la vie en société. Inadaptation enfin aux obligations qu’impose la responsabilité individuelle et sociale. 

Ce problème n’est pas franco-français. Il existe dans des proportions équivalentes dans tous les pays développés. Dans l’Union européenne, le taux de sans-emplois, sans formation oscille entre 12 et 15 % chez les 15 à 30 ans et un taux de 20 à 25 % chez les 24-30 ans. 

La crise du Covid a alourdi le nombre de personnes marginalisées, parce que la crise a perdu beaucoup de jeunes scolarisés et qui ont disparu du système, la crise a restreint beaucoup d’opportunités de formation dans les entreprises qui ont fermé. 

C’est pour tous ces « Neet » que l’Union européenne travaille à définir les conditions minimales d’assistance applicables dans tous les pays. La France réfléchit à un système de revenu minimum universel. 

La vraie solution passerait évidement par une réforme du système d’éducation et d’apprentissage dans les entreprises, qui ont pourtant fait déjà beaucoup de progrès. 

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