Coupe du monde : le ballon et le moral<!-- --> | Atlantico.fr
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©DENIS CHARLET / AFP

Économie

Depuis, la crise de la Covid et ses confinements, l’accumulation de crises ne laisse aucun répit aux Français.

Éric Revel -éditorialiste sur CNews, docteur en économie- L’inflation, la guerre en Ukraine, la question du pouvoir d’achat plongent beaucoup de nos concitoyens dans un contexte anxiogène dont le moral collectif mais aussi l’économie du pays pâtissent de plus en plus.

Deux mouvements macro-économiques de fond illustrent parfaitement cette situation : jamais nos compatriotes n’ont autant épargné , notamment sur leur livret A. En juillet dernier le plus populaire des placements a affiché une collecte nette de 2,64 milliards d’euros. Certains y verront l’effet préventif du doublement, en août, du taux de rémunération à 2% du Livret A. D’autres y décèleront le recours massif à «l’épargne de précaution », indicateur évident de l’anxiété de chacun d’entre nous face à un avenir incertain et complexe. Ce solde positif entre les dépôts et les retraits est tout simplement le plus élevé depuis 2009 ! Dorénavant, l’encours total du Livret A s’élève à 362,5 milliards d’euros.      

Second mouvement d’ampleur sur le plan macro-économique – et qui est très inquiétant – le moral des ménages Français. Il est en berne. C’est précisément parce que le « moral des Français » est en berne qu’ils épargnent autant et consomment moins. L'indicateur qui mesure ce « moral » est reparti nettement à la baisse au mois de septembre, après une embellie en août. Il affiche ainsi un recul de trois points, à 79, selon l'Insee. Du coup, la confiance des consommateurs renoue avec son niveau de juillet, alors au plus bas depuis… juin 2013. 

L'indicateur reste également largement en dessous de sa moyenne de long terme (100 entre janvier 1987 et décembre 2021). Cette forte dégradation montre très clairement que non seulement nos concitoyens sont pessimistes pour l’avenir mais qu’ils ne se projettent pas. D’autres enquêtes récentes montrent que sur le long terme, beaucoup de nos compatriotes s’inquiètent aussi de voir les générations futures, donc nos propres enfants, vivre moins bien dans les prochaines années, que celles qui partent à la retraite aujourd’hui. Cette peur d’un « grand déclassement social » s’ajoute structurellement aux crises conjoncturelles du moment. La récession ou, en tous cas, la « stagflation » (concomitance d’une inflation forte et d’une croissance molle) sont à la porte de la plupart des économies occidentales. 

Paradoxalement, la prochaine coupe du monde de football pourrait jouer sur les deux tableaux : celui du moral des ménages (pour ceux qui s’intéressent au ballon rond et ceux qui sont suceptibles de s’y intéresser ponctuellement comme c’est toujours le cas) et sur l’économie. Sans moral, la consommation des ménages ne peut tenir. Et sans consommation, la croissance française flanche puisque cette «consommation» constitue le principal moteur historique de notre expansion économique. Si la croissance française flanche, c’est alors l’emploi qui ira au tapis. D’ailleurs, nonobstant les polémiques nées autour de cette édition 2022, un évènement sportif de dimension planétaire est un moment unique à la fois de communion nationale et de rebond économique. 

Le moral et l'économie française peuvent en tirer avantage. Les Français ont besoin d’un peu d’ «oxygène d’espérance » et notre économie nécessite un puissant relai de croissance. 

Au cœur d’un débat où s’affrontent des positions et arguments divers, pensons aussi à préserver nos intérêts nationaux. Il serait regrettable – et paradoxal – que la coupe du monde de football ajoute de la division à notre communauté déjà passablement fracturée sur tant et tant de sujets. Et après tout, chacun possède sont libre arbitre et son «curseur personnel » pour suivre ou pas cet événement sportif, dont la vocation demeure la convivialité et le partage.     

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