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La start-up, le seul ascenseur social qui existe encore en France ?
©geralt - Pixabay

Bonnes feuilles

Quand on parle d’entrepreneuriat, on cite souvent les réussites de Google, Facebook ou autre start-up de la Silicon Valley. Pourtant, nul besoin de franchir l’océan pour trouver de belles histoires d’entrepreneurs qui ont réussi et dont l’exemple est inspirant ! Les auteur en ont rencontré une vingtaine pour faire ce livre et il n’y a pas de modèle unique ; autant de chemins pavés de difficultés et de succès, de frayeurs et de sueurs, de petites et de grandes joies qu’il y a d’entrepreneurs ! Extrait de "Réussites françaises" de David Ringrave et Rémi Raher, publié chez Enrick B. Editions (2/2).

David Ringrave

David Ringrave

David Ringrave est un entrepreneur heureux ! 46 ans et père de 3 enfants bien dans leur peau, il est le cofondateur du groupe MyMedia, qu’il dirige avec Anthony Ravau et qui compte plus d’une centaine de collaborateurs joyeux et de clients satisfaits. Serial entrepreneur, business-angel et humaniste, il est curieux de tout, passionné de yoga, de cinéma et de voyages.

 

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Rémi Raher

Rémi Raher

Rémi Raher est un coach et un entrepreneur atypique. Spécialiste des allers-retours entre le public et le privé, il a été la plume et le collaborateur de plusieurs personnalités politiques et dirigeants de société. Fondateur de plusieurs entreprises de l’économie numérique qu’il administre depuis son ordinateur portable, il aime vivre en short et rire de tout.

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Jean Meyer est un trentenaire surprenant qui a soif d’entreprendre. À la fois ingénieur et titulaire d’un MBA de la prestigieuse université Columbia, il n’estime pas pour autant que le chant des sirènes d’une grande multinationale puisse le séduire.

« Le fonctionnement des entreprises traditionnelles n’est pas satisfaisant : tu n’es qu’une petite fourmi dans une grande fourmilière, avec une micro tâche à accomplir et aucun impact sur l’ensemble. Les procédures sont pensées pour que tu agisses comme un robot, il n’y a ni surprise ni adrénaline, la seule distraction devient la machine à café… Je me demande comment on n’entre pas en dépression en vivant comme ça. Un plan de carrière est tellement ennuyeux ! »

Néanmoins, le jeune entrepreneur a bien conscience que pour que les entreprises réussissent, il faut bien sûr des gens pour les inventer et les construire, mais aussi des salariés pour y travailler. C’est donc avant tout une question de personnalité.

« Tout le monde n’est pas entrepreneur et tout le monde n’est pas salarié, il en faut pour tous les goûts et chacun peut y trouver son compte. Mais moi, clairement, je ne peux pas être salarié ! J’ai déjà travaillé dans une grande boite avec des conditions royales et je bossais comme je voulais, d’où je voulais. Le seul truc que je devais faire, c’était 30 slides pour exposer la stratégie… et j’avais 8 mois pour le faire. En plus, c’était hyper intéressant. Mais même avec de telles conditions, j’avais envie de partir. J’ai démissionné dès la fin du projet et je me suis senti incroyablement libre, j’ai respiré comme j’avais jamais respiré de ma vie ! »

Dès lors, venant d’une famille modeste, pas d’autre choix que d’inventer son entreprise pour inventer sa vie. Mais la trajectoire a connu bien des zigzags et tout n’a pas fonctionné comme prévu…

Des hauts et des bas, mais jamais deux sans trois !

Anecdote croustillante. Jean Meyer ne s’éclate pas vraiment sur les bancs de l’école, c’est un élève puis un étudiant moyen, qui valide ses années de justesse en trainant un peu la patte et en franchissant l’obstacle au dernier moment. Mais ça lui donne l’idée de sa première plateforme numérique :

« En fin d’études, je me suis rendu compte qu’on pouvait réussir ses examens en bachotant les annales, même si on n’allait pas trop en cours. Je me suis dit qu’il fallait faire une plateforme de partage des annales pour l’école. Je l’ai fait et j’ai constaté que l’outil séduisait beaucoup de monde. »

Peu de temps après, c’est la naissance de Bankexam (une entreprise dans laquelle les deux auteurs de ce livre étaient associés), qui propose plusieurs services totalement gratuits, et inédits à l’époque :

• La diffusion des résultats d’examens et des concours nationaux ; • Des corrigés en temps réel des épreuves du baccalauréat ; • Une plateforme éditoriale à destination des 12-25 ans ; • Une banque gratuite de partage de sujets et corrigés d’examens.

L’entreprise connait un démarrage correct mais n’est pas encore une activité à plein temps. Jean part donc en volontariat international en entreprise, direction les États-Unis pour y travailler dans une banque tout en continuant le développement de Bankexam. Mais de retour en France un an plus tard, il n’est plus trop emballé par le projet…

« Tout ce que je voulais à l’époque, c’était retourner aux ÉtatsUnis. Mais à ce moment-là, le seul moyen de repartir était de faire des études, donc j’ai tout fait pour m’inscrire en MBA. Un peu à l’arrache sur le calendrier, j’ai été admis à Columbia. Donc j’ai fait un emprunt bancaire de 100 000 € et vendu mes parts de Bankexam et je suis reparti ! »

L’entreprise va donc continuer sans lui pendant qu’il s’installe à NewYork. Et si tout se passe bien d’un point de vue académique, il est un peu surpris par le niveau des cours, moins élevé que ce qu’il imaginait, et par l’activité principale de ses condisciples : le networking et ces drôles de soirées où l’on échange à peine trois mots et beaucoup de cartes de visite. Lui, il aurait préféré rencontrer des filles… Il en parle avec un ami et les deux comparses lancent un nouveau réseau social interne, qu’ils baptisent DateMySchool.

« Dès que le site fut en ligne, j’ai envoyé un e-mail à tous les étudiants en MBA et ils se sont tous inscrits ! Le site connait dès lors un succès croissant sur le campus de Columbia. On y a entrevu un vrai potentiel donc on a levé de l’argent pour s’étendre sur les autres campus comme Harvard ou Princeton. »

Là encore, l’ouverture du capital est une anecdote qui vaut le détour. Un investisseur coréen propose 2 millions de dollars mais à ce moment-là, DateMySchool se résume à deux copains et leur ordinateur portable dans la bibliothèque de Columbia. Autant dire que l’affaire est mal engagée et que le projet n’est pas super sexy pour un investisseur potentiel. Qu’à cela ne tienne !

« Comme on se résumait à deux clampins dans une bibliothèque, on a loué des bureaux à Wall Street et on a embauché 10 acteurs pour assurer le spectacle pendant la visite. Le type a été super impressionné et nous a donné 2 millions, c’était inespéré et on a pu se lancer. »

(...)

Parmi les chefs d’entreprises rencontrés pour écrire ce livre, Jean est le premier à nous parler aussi librement d’argent. Quand on lui demande si c’est le but final, il répond sans détour :

« La start-up est le seul ascenseur social qui existe encore en France : le travail ne génère plus aucune richesse, même si on a fait des études. Bien sûr qu’il faut adorer son projet, sinon on ne fera jamais ce qu’il faut pour aller jusqu’au bout. Mais il ne faut pas dire que l’argent n’a aucune importance, parce que ce n’est pas vrai, à moins d’en avoir déjà beaucoup. On cherche tous une bonne qualité de vie, or la qualité de vie s’achète avec de l’argent. Et le seul moyen qu’il reste de créer du capital quand tu n’as rien, c’est la start-up, car tu valorises ton idée avec l’argent des autres. »

Extrait de "Réussites françaises" de David Ringrave et Rémi Raher, publié chez Enrick B. Editions

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