La mondialisation n’est pas morte, mais sa mutation met le régime politique chinois sous pression...<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président chinois Xi Jinping lors d'un discours prononcé à Pékin.
Le président chinois Xi Jinping lors d'un discours prononcé à Pékin.
©Selim CHTAYTI / POOL / AFP

Atlantico Business

La démondialisation qui s’amorce pénalise déjà la Chine au profit des pays d’Asie du sud-est et des pays industrialisés dont les Etats-Unis. La nouvelle organisation du commerce mondial ne permettra pas à la Chine de devenir le pays le plus puissant du monde.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’organisation mondiale du commerce qui alerte  et l’OCDE qui  publie ses perspectives économiques sont au diapason et considèrent que « les relations économiques mondiales sont entrées dans une phase de changements tres importants ». Les changements portent sur l’orientation des  flux commerciaux et des investissements.

En bref, les Etats-Unis ont amorce un rapatriement de leurs fabrications industrielles , en changeant leurs sourcing et en réorientant les investissements directs . Ils s’affranchissent de leurs approvisionnements chinois et réorientent leur investissement. Les Europeens de leur cote modifient également les chaines de valeur. Le multilatéralisme qui a façonné la mondialisation depuis presque 30 ans a sans doute changé de logiciel.

Tout a commencé discrètement  au moment de la crise financières de 2009/2010, puis avec la crise du covid , puis la guerre en Ukraine et le durcissement des rapports entre la Chine et les Etats-Unis  à propos de Taiwan. Sans parler de la crise climatique .

Tous ces phénomènes mis bout à bout génèrent une nouvelle organisation du commerce mondiale sous la pression de facteurs et de contraintes nouvelles : Le besoin de protéger sa souveraineté , le besoin de contrôler la presque totalité de la chaine de valeur, le besoin aussi de reconstituer une industrie pour protéger des emplois nationaux et surtout une classe moyenne qui dans les pays développés a beaucoup souffert de la mondialisation  à partir des années 2000. D’où les poussées populistes dans toutes les démocraties .

Pour tout ce qui concerne les semi-conducteurs , les technologies vertes et les véhicules électriques, la relocalisations des conceptions et des fabrications industrielle a déjà bien commence . Les américains rapatrient leurs actifs de Chine au profit d’installation dans d’autres pays d’Asie du sud est , ou  directement aux Etats-Unis.

Selon l’OMC et l’OCDE , la part de la Chine dans les importations américaines de produits manufacturés  est passé de 25% avant la crise du covid a 19% en 2022. Le nombre de téléphones portables  de tablettes , numériques ou d’ordinateurs fabriqués en Chine mais vendus aux Etats Unis a baissé de 10% cette année . Mais on retrouve la même décrue pour les articles textiles , les accessoires en cuir, les mobiliers . Walmart  le grand distributeur américain  a prévenu  que le référencement était en plein bouleversement.

L’ Europe n’ai pas tout à fait sur la même longueur d’onde . L’Europe  a coupé toutes les importations d’Energie avec la Russie pour s’approvisionner ailleurs ( notamment aux Etats- Unis) mais continue à importer des produits manufactures de Chine . Ceci étant , les europeens redessinent la carte de leurs approvisionnement sà l’intérieur même de l’espace europeens. Les échanges intra-européens ont augmenté de 10 % cette années.

C’est ce qu’on voit avec les semi-conducteurs , l’automobile et la mobilité électrique . Parallèlement les entreprises europeennes étudient les possibilités de relocalisations d’implantations chinoises mais ce sera complique , la plupart essaient de préparer des  projets en Malaisie , ou au Vietnam.

Ce qui est interessant aujourd’hui c’est que le choix d’un partenaire industriel ou commercial s’effectue en fonction de l’attractivité comparée , en fonction des couts de production , de la proximité  mais surtout en fonction du caractère « friend’ly… le commerce mondial ne peut se développer qu’avec des pays amis.

La grande majorité des acteurs du système capitalisme ont semble-t-il pris conscience qu il ne pouvaient pas faire de business avec des partenaires qui n’ont pas le même système de valeurs qu’ en Occident et notamment le respect des libertés individuelles, le respect des lois et des contrats  et aussi le respect de l’environnement dans les processus  de fabrication et la logistique.

Du coup , tous les  pays développés , les Etats-Unis , les européens  , et la plupart des pays d’Asie adhèrent aux règles qui avaient été gravées par l’OMC . Les pays d’’Amérique Latine ,ceux d’Afrique sont plus ambigus … mais c’est surtout La Chine qui se retrouve hors-jeu.

Cette nouvelle mondialisation ( qui n’ai pas une démondialisation)  va tres sévèrement perturber la situation economique de la Chine. Les dirigeants chinois se retrouvent disqualifiés pour faire du commerce avec l’occident  or le gouvernement chinois a absolument besoin des débouchés occidentaux pour faire tourner ses usines . Le gouvernement chinois a également besoin de la capacite d’innovation occidentale. Sans débouché, pas d’usine, donc pas d’emplois. Sans investissements étrangers , pas ou peu d’innovations technologique.  

L’économie chinoise n’atteindra pas ses objectifs  de 5 % de croissance en 2023. 

Par conséquent, la gouvernance chinoise n’est pas tres à l’aise…  Elle a promis à la population la prospérité economique , mais la promesse ne sera pas tenue. Comme en Russie , les dirigeants de la Chine vont donc durcir leur modèle politique et comme dans tous les régimes autoritaires, ils vont servir un récit national  dont  les Chinois peuvent  se sentir fiers. Ça n’est donc pas par hasard si  Pékin désigne aussi sévèrement leur ennemi : les Etats-Unis.  

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