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Gabriel Attal mardi 9 janvier, lors de la passation de pouvoir.
Gabriel Attal mardi 9 janvier, lors de la passation de pouvoir.
©Ludovic MARIN / POOL / AFP

Pari sur l'avenir

Avec sa nomination, Gabriel Attal devient le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la Ve République.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le nouveau Premier ministre « le plus jeune de l’histoire » va-t-il bénéficier de l’état de grâce, ce moment plus ou moins long, où l’opinion publique fait preuve de bienveillance à l’égard d’une personnalité élue ou nommée dans de nouvelles fonctions ? Le terme « état de grâce » était d’ailleurs tombé en désuétude ces temps-ci, tant la défiance de l’opinion à l’encontre de ceux qui nous gouvernent est de mise. Et puis, Emmanuel Macron en tirera-t-il bénéfice à son tour ? Ou bien, à l’inverse, la popularité du jeune Premier ministre va-t-elle plomber celle du Chef de l’Etat qui pourrait en prendre ombrage ? C’est l’une des équations de cette promotion pas tout à fait surprise, mais pas tout à fait évidente non plus. Pour l’heure c’est le Premier ministre qui prend la lumière.

En nommant Gabriel Attal, le ministre le plus populaire du gouvernement Borne, Emmanuel Macron a pris son risque, dominé ses atermoiements et renversé la table, faisant fi des réserves des Richard Ferrand, François Bayrou et autres barons de la macronie qui réclamaient pourtant « un nouveau départ » avec le remplacement d’Elisabeth Borne. Un sursaut indispensable si Emmanuel Macron pour sauver la fin de son quinquennat et surtout, dans un premier temps, s’il ne veut pas subir une dégelée aux élections européennes du mois de juin prochain. « Le plus jeune président de la République de l’histoire nomme le plus jeune premier ministre de l’histoire. Je ne veux y voir qu’un seul symbole, celui de l’audace et du mouvement », a d’ailleurs souligné le nouveau Premier ministre sur le perron de Matignon. Et c’est celle auprès de qui Gabriel Attal a fait ses classes, l’ancienne ministre Marisol Touraine qui le dit le plus crûment à Paris-Match : « C’est gonflé de la part du président de la République. C’est un pari disruptif mais ça donne une image de la France hyperpositive. »

Le Chef de l’Etat a aussi pris le risque de voir les « premiers ministrables » déçus ( Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, le discret Sébastien Lecornu dont le nom a été jeté en pâture ), s’installer dans la rancœur. A cet égard le tweet de «félicitations » du ministre de l’Intérieur en dit long : « Je lui souhaite une pleine réussite au service des Français. »

Pour l’heure, les premiers sondages donnent raison à Emmanuel Macron. D’après Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro, 53% des Français estimaient qu’il ferait un bon premier ministre juste avant sa nomination. « Le chef du gouvernement est plébiscité pour son dynamisme (77%), sa sympathie (70%), son ouverture au dialogue (64% ) », précise le quotidien. Et d’après Cluster 17 pour Le Point qui a réalisé l’étude juste après sa nomination, 37 % des Français estiment que Gabriel Attal fera un bon Premier ministre, l’électorat d’Emmanuel Macron se montrant le plus enthousiaste ( 76%  applaudissent), mais ceux de Valérie Pécresse et Yannick Jadot émettant également un avis positif. Voilà pourquoi Eric Ciotti le président de LR va jusqu’ à « former des souhaits sincères de réussite à l'intention du nouveau Premier ministre », tout en réclamant la fin du « en même temps ». Le chef de la droite républicaine marche sur des œufs, l’autorité étant l’une des qualités premières réclamées par son électorat. Or Gabriel Attal est devenu populaire en faisant preuve d’autorité au ministère de l’Education ; aujourd’hui on cite en premier lieu sa décision d’interdire le port de l’abaya à l’école, et celle d’exclure les élèves radicalisés qui refusent de se plier au rituel républicain en classe ; on se souvient aussi de sa sortie à l’Assemblée lorsqu’il a été interrogé sur la lettre du rectorat de Versailles à la famille d’un élève victime de de harcèlement et qui s’était suicidé par la suite : « Ce courrier est une honte ! », s’était-il écrié coupant court à la contestation. A l’autorité, Gabriel Attal ajoute l’empathie envers « ceux qui souffrent » comme il l’a montré en fonçant dans le Pas-de-Calais, dès le cérémonial de la passation des pouvoirs achevé. A Clairmarais où il s’est rendu, Gabriel Attal a promis : « A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels ». Le Pas-de-Calais est la terre d’élection de Marine Le Pen : les électeurs du département ont envoyé six députés RN sur douze à l’Assemblée. Et si Bruno Le Maire a déclaré il y a trois jours à Bercy que « nous devons accélérer le désendettement …et trouver 12 milliards d’économies », il n’est pas écrit que cette règle s’appliquera dans les Hauts-de-France. Car au printemps, les électeurs sont aux urnes pour élire les députés européens. Et aujourd’hui c’est le président du RN, Jordan Bardella, 28 ans, qui fait figure de favori dans les sondages. Et c’est sur Gabriel Attal qu’Emmanuel Macron compte pour le supplanter.

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