La légitimité de Moscovici à Bruxelles remise (encore) en question<!-- --> | Atlantico.fr
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Pierre Moscovici va gérer la politique économique de l’Europe.
Pierre Moscovici va gérer la politique économique de l’Europe.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Pierre Moscovici, considéré souvent comme l’un des plus mauvais ministres des Finances, va donc gérer la politique économique de l’Europe. Pas légitime pour certains, sa nomination suscite beaucoup de commentaires.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Le principal intéressé a dû pousser un "ouf" de soulagement hier soir car ce n’était pas gagné. Recalé à l'oral, l'ex-ministre de l'Économie et des Finances avait dû passer un écrit trois jours plus tard pour convaincre le Parlement européen de sa légitimité à occuper le poste de Commissaire européen aux affaires Economiques et Financières. C'est désormais chose faite. Le collège de parlementaires s'est prononcé à 32 voix pour et 12 contre, concernant les compétences précises pour cette fonction et trois abstentions.

Cette nomination, qui a fait l’objet de tractations politiques un peu compliquées, suscite beaucoup de commentaires. Pour beaucoup, le débat est simple : Moscovici a été l’un des plus mauvais ministres de l’Économie en France, comment dans ces conditions lui faire confiance pour conduire la politique économique de l’Europe ? Cette nomination provoque trois commentaires en forme de leçons.

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D’une part, la personne de Pierre Moscovici n’est évidemment pas en cause. Il connait la musique et il expliquera que lorsqu’il était ministre, il faisait une politique que lui demandait d’appliquer le Premier ministre. Demain Commissaire européen, il appliquera les règles que Bruxelles lui demandera de mettre en œuvre. Très bien, sauf que l’on peut s’interroger pour savoir où sont les véritables convictions de Pierre Moscovici. Quand est-ce qu’il parle vrai ? Quand il était à Bercy ou quand il est aujourd’hui à Bruxelles ?

Ceux qui le connaissent, savent où habite le vrai Mosco. Il habite à Bruxelles. La politique qu’il défendra à Bruxelles correspond mieux à ses idées et à ses convictions. L’Europe, la modernité, la concurrence, la mondialisation. Tout cela fait partie de son ADN. Cela veut dire que, quand il était à Paris, il mentait 24/24 pour rester en ligne avec les promesses extravagantes de la campagne de François Hollande. Ceux qui le connaissent bien savent aussi qu’il n’était pas heureux au gouvernement

D’autre part, techniquement, sa nomination doit être légitime. Il est compétent et maintenant, il va pouvoir être en accord avec lui-même. Mais quelle puissance, quelle crédibilité va-t-il avoir quand il va falloir retoquer le Budget français pour excès de laxisme ? Va-t-il le faire au risque de blesser et d’humilier ses amis ? Son principal boulot de Commissaire va être de restaurer son autorité. Sinon il ne sera jamais écouté et respecté.

Enfin, au-delà de tous ces disfonctionnements qui dévaluent une fois de plus les institutions européennes, la procédure de nomination mérite beaucoup d’attention. Pierre Moscovici a passé un grand oral, puis un examen écrit. C’est acceptable quand on passe le bac ou l’ENA. Mais à plus de 50 ans, après 30 ans de carrière, quand on a été ministre, la procédure a de quoi surprendre. La procédure est évidemment  humiliante mais  donne certaines garanties sur sa capacité technique à gérer le poste. C’est du jamais vu. Pour une fois, l’Europe a fait preuve d’une initiative déterminante pour la démocratie.

On peut gloser sur la nomination de Pierre Moscovici, mais on n’a pas le droit de se moquer du parcours de sélection qu'il a dû endurer. Si on avait fait la même chose avant de nommer les ministres français, on aurait peut-être évité de choisir un ministre du Budget qui cachait de l’argent, on aurait peut-être évité de nommer un contribuable qui "oubliait" de payer ses impôts. On n’aurait peut-être pas nommé une ministre du Logement qui ne comprenait rien à la politique du logement. 

Allons plus loin, imaginons dans un délire de démocratie que l’on vérifie que les candidats à la présidentielle ne mentent pas, quel changement ! Si seulement on pouvait tester l’expertise technique et l’honnêteté des candidats. Si seulement les élections n’étaient plus un championnat de mensonges. Si seulement la procédure infligée à Moscovici faisait jurisprudence au niveau de l’État ou des collectivités locales. Si seulement…

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