La laïcité doit-elle prendre des cours de religion ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
La laïcité doit-elle prendre des cours de religion ?
©

Bonnes feuilles

Les attentats terroristes et le spectre de la guerre civile nous ont pris à l’improviste. Comme en 1870 et en 1940, la France se découvre un ennemi qu’elle n’avait pas vu venir et qu’elle peine d’ailleurs à définir. La gravité des attentats tient aux faiblesses qu’ils révèlent et que nos élites ont laissé se creuser au fil des ans. Jean-Pierre Chevènement dessine la carte d’une confiance retrouvée. Le bateau France n’a besoin que d’un cap : un projet politique qui soit aussi un projet de civilisation. Extrait de "Un défi de civilisation", de Jean-Pierre Chevènement, aux éditions Fayard 2/2

Jean-Pierre Chevènement

Jean-Pierre Chevènement

Jean-Pierre Chevènement est un homme politique.

Ancien député et sénateur du Territoire de Belfort, ancien ministre (Recherche et Industrie, Education nationale, Défense, Intérieur), il a également été candidat à l'élection présidentielle de 2002, pour laquelle il a recueilli 5,33% des voix au premier tour.

Président de la Fondation Res Publica, il est également président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen.

Voir la bio »

La laïcité est-elle aveugle ?

La laïcité qui, il y a quatre décennies, en France, se sentait forte et assurée d’elle-même, se retrouve aujourd’hui déstabilisée par la violente offensive idéologique de ceux qui, de tout temps il est vrai, ont été ses adversaires et qui entendent tirer aujourd’hui parti de la présence, sur notre sol, de plusieurs millions de musulmans, dont les mœurs ne coïncident pas toujours avec les nôtres, pour ressortir leurs vieilles revendications de visibilité dans l’espace public. Certes, la présence musulmane est un fait, comme est un fait la prédominance dans le monde, y compris occidental, de sociétés "multiculturelles", organisées sur une base plus ou moins "communautariste" : il s’agit en quelque sorte de l’envers de l’universalisme laïque à la française, qui reste exceptionnel, même si cette exception est devenue relative. À l’échelle du monde, la laïcité doit compter avec un fait religieux massif : dans les pays d’islam (1,8  milliard d’hommes) et au-delà (hindouisme, catholicisme, évangélisme), en Afrique et aux Amériques. Il y a cependant une tendance générale à la sécularisation, très visible en Europe mais observable dans la plupart des pays "avancés". Peu de pays ont proclamé la laïcité comme principe d’organisation, mais la sécularisation progresse dans l’esprit public, même en Allemagne où, par le biais de l’impôt ecclésial, les Églises reçoivent chaque année la rondelette somme de 16 milliards d’euros ! La laïcité comme principe d’organisation sociale est minoritaire à l’échelle du monde. Est-ce à dire qu’elle n’a pas d’avenir ? Je crois le contraire, mais à condition qu’elle soit bien comprise et, surtout, bien expliquée.

Elle est accusée, par ceux qui la contestent le plus honnêtement, de ne pas faire sa place au phénomène religieux. La critique la plus argumentée parmi celles que j’ai lues vient de Jean Birnbaum et de Pierre Manent. Tous deux partent de l’effet de sidération exercé par les attentats terroristes sur l’opinion publique européenne, qu’il s’agisse de ceux de 2015 à Paris et de 2016 à Bruxelles et à Nice, après ceux de 2001 aux États-Unis. Les États-Unis ont réagi passionnellement après la destruction des "tours jumelles" de New York, chose compréhensible, au moins au niveau de l’opinion publique, mais qui a conduit à la décision irrationnelle du président George W. Bush d’envahir l’Irak dix-huit mois plus tard. Décision à tous égards désastreuse qui a fait tomber les États-Unis, à pieds joints, dans le piège tendu par Al-Qaïda. En France, la population a jusqu’ici réagi avec sang-froid.

Pourquoi nos sociétés laïques ne sont-elles pas mieux armées dans la longue durée ? Sont-elles incapables de penser le fait religieux ? Le religieux, nous explique Jean Birnbaum est une "manière d’être au monde, foi intime, croyance partagée". Il y aurait donc une autonomie et, même, une force autonome de la religion.

Extrait de "Un défi de civilisation", de Jean-Pierre Chevènement, publié aux éditions Fayard, octobre 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !