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La femme dans les religions : cette tentatrice responsable du désir des hommes
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Diable en jupon

Aurélie Godefroy explique que, chez les catholiques et les musulmans, la femme est perçue comme une séductrice qui éveille les appétits coupables... Extrait de "Les religions, le sexe et nous" (2/2).

Aurélie Godefroy

Aurélie Godefroy

Aurélie Godefroy est journaliste. Elle présente notamment Sagesses bouddhistes, sur France 2, et collabore au Monde des religions.

Elle a écrit plusieurs livres dont Rites et fêtes du catholicisme (Plon) et Le Soufisme (Avant-propos).

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Lutter contre le désir en se mortifiant le corps, en censurant ses pensées, n’est pas la seule voie. Toutes les religions s’attachent aussi à « traiter » l’objet de ce désir, autrement dit, dans les sociétés patriarcales, les femmes. On exige beaucoup des hommes, il ne doit pas en être autrement des femmes, jugées capables par leurs atours, leur démarche, leur parfum ou leurs propos de provoquer facilement des débordements –  volontairement ou non, la question ne se pose jamais.D’autant plus que l’image de la femme est aussi caractérisée par l’honneur et surtout la pudeur considérée comme une composante primordiale de la foi. en Occident, jusqu’au XXe siècle, religieusement et culturellement. Celle-ci est perçue comme la vertu féminine par excellence. Une femme qui en est dépourvue est malade, amputée, déviante :

« Quant aux femmes, qu’elles aient une tenue décente, qu’elles se parent avec pudeur et modestie  : ni tresses ni bijoux d’or ou perles ou toilettes somptueuses, mais qu’elles se parent au contraire de bonnes œuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de piété. » (I Tim., II, 9)

En Islam, l’injonction des femmes à se comporter vertueusement est encore plus nette. Le Prophète se montre sans ambiguïté à ce sujet :

« Restez dignes en vos foyers ! Ne vous exhibez pas avec coquetterie, comme [les femmes] de la première [époque] du paganisme. […]. Ô gens de la maison du Prophète ! Dieu veut seulement éloigner de vous [toute] souillure et vous purifier pleinement ! » (Sourate 33, v. 33).

« Qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs époux, à leurs pères, à leurs beaux-pères, à leurs fils, […] aux domestiques mâles impuissants, aux garçons qui ignorent tout des parties cachées de la femme. Qu’elles ne fassent pas tinter [en marchant] les anneaux de leurs pieds pour qu’on sache ce qu’elles portent comme bijoux cachés. » (Sourate 24, v. 31)

Idéalement, il faut cacher tout ce qui peut éveiller les appétits coupables. C’est ici que le fameux « voile islamique » prend sa place, que l’on parle du hijab (voile ample de couleur sombre qui enveloppe le visage le cou et les épaules), du niqab (qui recouvre le visage et le corps, ne laissant qu’un espace pour les yeux) ou de la burqa (voile intégral avec un grillage cachant les yeux).

[...]

Mais le voile n’est pas seulement un outil de dissimulation pudique. Il revêtirait aussi un rôle de protection :

« Prophète ! dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de ramener leurs voiles sur elles. Ce sera pour elles le moyen le plus commode de se faire connaître et de ne pas être offensées [dans la rue]. Dieu est plein d’indulgence et de compassion. » (Sourate 33, v. 59)

Ce verset aurait été révélé à la suite de l’agression d’une musulmane, le coupable l’ayant prise pour une femme aux mœurs légères. Bien sûr, le recours au voile sous-tend un raisonnement parfois difficile à accepter, essentiellement en Occident : il suppose que la femme est tenue pour responsable du désir qu’elle éveille chez les hommes, puisque c’est à elle de se cacher plutôt qu’à eux de le refréner. Mais, comme l’explique Malek Chebel, le voile a un rôle double, plus complexe, dans la longue histoire des femmes musulmanes : « Il est des situations où le voile est le meilleur allié de la femme, comme de son prétendant. Il en est d’autres où il est l’épouvantail qui signe mieux que tous les discours la dépendance de la femme arabe et musulmane vis-à-vis du système patriarcal qui l’a enfermée dans ce carcan. […] À cet égard, il faut dire que ce n’est pas le vêtement lui-même qui change de nature, c’est la nature de la réflexion qui lui est appliquée qui se transforme et qui, parfois, se pervertit […] Il est sensuel pour les uns, protecteur pour les autres, moyenâgeux et peu confortables pour ceux qui le jugent de l’extérieur40. »

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Extrait de "Les religions, le sexe et nous" Ed. Calmann-Lévy (octobre 2012)

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