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La difficile prévision des éruptions solaires les plus dangereuses
©Capture d'écran vidéo Youtube

Le danger venait d'en haut

L'année 2014 n'aura pas été marquée uniquement par les velléités guerrières des hommes aux quatre coins de la planète, mais également par une suractivité menaçante du Soleil. Dangereuses pour les réseaux électriques, elles restent difficiles à anticiper.

Francis Rocard

Francis Rocard

Francis Rocard est responsable du programme d'exploration du système solaire au CNES depuis 1989. Astrophysicien, il s'est beaucoup intéressé à l'exploration de planètes comme Mars, Saturne et Titan. Il a notamment écrit Mars, une exploration photographique chez Xavier Barral en 2013.

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Atlantico : Il y a quelques mois, une très forte tempête solaire s'est produite, qui a suscité de grandes craintes chez ceux qui l'ont observée (voir ici). Quels peuvent être les effets des éruptions qui en sont à l'origine, sur notre fragile planète ?

Francis Rocard : Les effets des éruptions solaires se traduisent par de magnifiques aurores boréales au niveau des hautes latitudes nord et sud, bien au dessus de la France, autour du cercle polaire. Par le passé, dans certains cas ces effets ont eu des conséquences dommageables sur des structures, notamment le réseau électrique canadien en 1989. Cela pourrait-il arriver de nouveau sur ces latitudes, c'est-à-dire au Canada, dans le nord des Etats-Unis, les Pays scandinaves, le nord de l'Ecosse… ? La réponse est oui, car nous sommes toujours plus dépendants de ces réseaux électriques, qui sont relativement sensibles à ces surtensions qui viennent de l'espace. Néanmoins cela est rarissime, car depuis 30 ans environ rien de tel ne s'est produit, or le cycle solaire se déroule sur 11 ans. En trois cycles, donc, on n'a pas relevé de dégâts significatifs.

De même que l'on sait prévoir la météo, peut-on en faire de même aves les tempêtes solaires ?

On ne sait pas anticiper les éruptions solaires, en revanche on les observe à la surface du Soleil, c'est-à-dire au moment où elles se déclenchent. Deux tâches solaires sont liées l'une à l'autre par des polarités magnétiques, une "arche" se crée, et parfois celle-ci se détache, ce qui crée l'éjection de masse coronale, c'est-à-dire, ce que l'on qualifie prosaïquement de "tempête solaire" : des quantités très importantes de plasma partent à toute vitesse, de l'ordre du millier de kilomètres par seconde, qui mettent entre et deux et quatre jours pour atteindre l'orbite de la Terre. Ces éjections ne suivant qu'une direction, en générale elles ratent notre planète, qui n'est qu'un petit point sur un cercle autour du Soleil. Mais il peut arriver que de temps à autres une éruption nous frappe de plein fouet. Récemment, l'une d'entre elles n'est pas passée loin, et selon certains spécialistes elle n'aurait pas été sans conséquences.

De toute façon, quel est l'intérêt d'anticiper ces éruptions ?  Peut-on s'en protéger, comme on le ferait pour une tempête sur Terre ?

N'oubliez pas tout ce qui trouve autour de la Terre : les satellites seraient très exposés, dans un tel cas. Il est possible de mettre en veille certains d'entre eux si l'on estime que l'éruption peut endommager leurs composants. Cela est rarissime, mais c'est un risque potentiel.

Les effets au sol se ressentent surtout au niveau des réseaux électriques, car l'éruption crée une variation brutale du champ électrique à la surface de la Terre, ce qui génère des surtensions violentes, qui peuvent faire disjoncter lesdits réseaux. C'est ce qui s'est produit au Canada dans les années 80 : un réseau a disjoncté, la demande s'est transférée vers d'autres réseaux, qui eux-mêmes ont disjoncté, parce que trop sollicités. L'effet domino pourrait donc être très grave, mais aujourd'hui nous avons une meilleure expérience face à ce genre de scénario, les autorités forceraient la baisse de la consommation avant le passage en mode de surcharge.

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