La Deutsche Bank, bombe financière à retardement <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Finance
La Deutsche Bank, bombe financière à retardement
©Reuters

Tic Tac Tic Tac

Le cours boursier de la banque allemande ne cesse de s'effondrer, tandis que le problème de son niveau de solvabilité persiste.

Atlantico : Depuis la crise de 2008, la Deutsche Bank affiche chaque année une chute de son cours boursier, puisque son action a perdu 38% sur un an, 55% sur trois ans, 86% sur dix ans. La Deutsche Bank, qui a généré cette année un bilan de 1 348 milliards d'euros et 43 460 milliards en produits dérivés, soit treize fois le PIB de l'Allemagne, est-elle too big to fail ?

Jean-Christophe Hauguel : La DB est clairement « too big to fail » sinon cela ferait longtemps qu’elle aurait fait faillite. Depuis 12/13 ans maintenant toutes les stratégies ont été mises en place par le gouvernement allemand, la BCE ou les actionnaires pour empêcher à tout prix le cataclysme. L’effet de domino que pourrait entrainer sa disparition est tellement craint que tous les remèdes sont bons pour maintenir en vie cette institution et tenir ainsi ses engagements vis-à-vis des autres parties prenantes de la chaine de valeur financière.

Comment expliquer la chute de l'action Deutsche Bank ? Quelles ont déjà été les conséquences de cette chute et que risquent les économies allemande et européenne à terme ?

Le cours de Bourse actuel ne reflète pas la situation actuelle de la banque mais sa situation anticipée. Cette chute n’est donc pas bon signe. Le marché prédit une altération des profits et dividendes anticipés et réagit en vendant le titre plus qu’en ne l’achetant. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Les affaires s’accumulent-  la dernière en date porte sur le scandale des « cum/ex », qui impliquait à l’origine en 2017 deux ex-salariés. Elle a été élargie à 70 actuels et anciens collaborateurs dont des poids lourds : l’actuel patron de la Banque d’investissement ou l’ancien dirigeant de 2002 à 2012. L’institution joue gros encore sur ce coup là puisque l’enquête ouverte parle de 10 milliards d’euros de manque à gagner pour le fisc allemand. Cela a valu à la Banque vendredi soir un abaissement de sa note auprès de Fitch de « BBB+ » à « BBB ». On est clairement dans un cercle vicieux et la chute de la capitalisation boursière est la conséquence et non pas la cause.

Quelles leçons tirées de la crise de 2008 pourraient éviter l'effondrement de la banque ? Le gouvernement allemand doit-il intervenir pour renflouer ou sacrifier la banque, à la manière de Lehman Brothers en 2008 ?

Alors que la crise de 2008 pouvait laisser espérer une prise de conscience et un assainissement des pratiques douteuses force est de constater avec la DB qu’on est loin du compte. La loi Sarbanes-Oxley en 2002 ou encore la règle Volcker de 2010 en passant par Bâle 3 et bientôt Bâle 4 beaucoup est fait pour sécuriser le système bancaire international. Mais quand un cas pratique se présente avec tous les enjeux systémiques qu’il représente, les gouvernements en place préfèrent presque toujours renflouer que sacrifier. C’est au détriment du contribuable, au détriment des institutions saines mais cela paraît toujours plus indolore qu’une faillite pure et simple. Le cas de la DB est en ce sens exemplaire que cela fait 12 ans que tous les subterfuges ont été successivement utilisés dans pareil cas sans amélioration durable. Même en maintenant un malade sous perfusion et assistance respiratoire arrive un moment où l’inévitable se produit. Personne ne sait exactement quand. Mais c’est à ce moment-là que la crise surviendra.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !