La Catalogne ouvre un scénario catastrophe pour l’Espagne et menace l’Europe d’une nouvelle crise<!-- --> | Atlantico.fr
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Les partis indépendantistes ont fait campagne en promettant l’organisation d’une négociation pour obtenir l’autonomie et l’indépendance de la Catalogne.
Les partis indépendantistes ont fait campagne en promettant l’organisation d’une négociation pour obtenir l’autonomie et l’indépendance de la Catalogne.
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Les élections régionales en Catalogne ont donné une majorité absolue, en sièges, aux partisans de l’indépendance. Ce résultat est historique car il ouvre la porte à un référendum sur le futur statut de cette région.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’indépendance de la Catalogne serait une catastrophe pour l’Espagne et ouvrirait pour l’Europe une période de troubles et de crise dont tout le monde se passerait bien.  Si vous avez aimé la crise grecque, vous adorerez  la crise catalane. Les dimensions du problème, les enjeux sont d’une autre taille.

Politiquement, la situation va être singulièrement compliquée. Le vote de dimanche avait pour but de renouveler les représentants régionaux au Parlement de la Catalogne. Les partis indépendantistes, conduits par le président sortant, ont fait campagne en promettant l’organisation d’une négociation pour obtenir l’autonomie et l’indépendance de la Catalogne.

Une hypothèse qui ne réjouit pas l’Etat central de l’Espagne. Cette perspective affaiblirait considérablement l’Etat espagnol parce que la Catalogne est la région la plus dense et la plus riche de l’Espagne. Mais ce n’est pas tout, ce scenario ouvrirait une situation très nouvelle au sein de l’Union Européenne. Beaucoup pensent d’ailleurs que la Catalogne serait exclue de l’UE.

Pour clarifier tous ces points, les partis indépendantistes vont sans doute lancer une série de négociations.  La situation est d’autant plus compliquée que les partis indépendantistes ont obtenu une majorité absolue en sièges mais pas de majorité absolue en voix. Or, pour parvenir à l’autonomie, il faudra bien sur une majorité absolue en voix. Le président sortant, Artur Mas, s’est donné deux ans pour mener à bien l’indépendance de la Catalogne.

Pour l’Espagne, ce scénario est assez catastrophique parce que le pays se retrouve faible avec, en prime, le risque d’une multiplication de projets d’autonomies dans d’autres régions. Pour l’Europe, le scénario n’est pas simple. Parce que comme pour la Grèce où l'on était devant un vide juridique, les textes fondateurs n’ont pas prévus l’autonomie d’une région.

Certains spécialistes nous expliquent que la Catalogne n’est pas la Grèce. La Catalogne est le pays le plus industriel de l’Espagne, avec une balance commerciale excédentaire, une capitale, Barcelone, presque plus importante que Madrid. Ces spécialistes estiment que l'adhésion à la Catalogne serait impossible.

Cela dit, beaucoup d’Européens considèrent que la Catalogne serait admise dans l’UE. Ces mêmes spécialistes expliquent d’ailleurs que l’adhésion directe à l’Union Européenne, d’une grande région, leur parait possible. On a le cas des landers allemands qui ont déposé des candidatures directes. Cela dit, personne n’y croit vraiment et tout le monde considère qu’il s’agit souvent d’une moyen de pression menaçante pour faire plier l’Etat central.

Le vrai problème de ce scrutin, c’est que la proportion de ceux qui sont favorables à l’indépendance ne l’est pas pour les mêmes raisons. La moitié d’entre eux réclament une autonomie pour échapper à Bruxelles et se replier sur ses propres frontières. L’autre moitié vote pour l’autonomie afin de négocier un rattachement plus fort avec Bruxelles.

Moins d’Europe pour les uns, plus d’Europe pour les autres. Le paradoxe de ce scrutin, c’est que si la (presque) majorité des Catalans ont voté pour l’indépendance, les mêmes qui veulent sortir de l’Espagne, sont prêt à sortir de l’Europe... mais jamais de l’euro.  Les Grecs n’étaient pas loin de la même ambiguïté. Ils voulaient sortir de l’Europe mais ils ne voulaient surtout pas sortir de l’euro. Ils ne sont, d'ailleurs, pas sortis de l’euro.

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