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La Banque mondiale reconnaît que l'économie chinoise est en panne et pour longtemps .. ça va changer bien des rapports géopolitiques
©Andrew CABALLERO-REYNOLD/AFP

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La Banque mondiale a donc publié hier soir les prévisions économiques pour toute la Zone Asiatique, avec un focus particulier sur la baisse de l'activité chinoise, qui risque de durer et de bouleverser de nombreux équilibres dans le monde.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La croissance chinoise est donc en berne, et ce pour un moment selon les économistes de la Banque mondiale et du FMI. Jusqu'à présent, la majorité des experts pensaient que l'après-Covid permettrait à la Chine de retrouver des taux de croissance à deux chiffres et surtout son rôle de locomotive de l'économie mondiale.

Ce scénario-là est désormais abandonné. La fin de la politique de "zéro Covid" n'a pas sorti l'économie chinoise du tunnel dans lequel elle s'est retrouvée piégée pendant deux ans. La deuxième économie mondiale n'a pas retrouvé son souffle. La Banque mondiale a revu à la baisse la prévision de croissance à 4,4% pour 2024, soit au niveau des années 1960, avant que la Chine ne devienne l'usine du monde dans la mondialisation, un rôle qu'elle a tenu jusqu'aux années 2015.

Ce rôle moteur, qui a stimulé les dragons de la région et l'ensemble du commerce mondial, est donc paralysé. La Banque mondiale indique que le secteur de l'immobilier est complètement enlisé et fragilisé par l'endettement, la dynamique des ventes au détail qui poussait la croissance avant le Covid n'est pas revenue, le montant de la dette privée pèse sur toutes les anticipations, et le taux d'investissement des entreprises est tombé à son plus bas niveau. Ce ralentissement de l'activité en Chine se retrouve dans toute la région de l'Asie-Pacifique, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

- L'endettement général et massif touche le public comme le privé. Les États, les grandes villes, les entreprises et les particuliers sont concernés. La structure et l'organisation administrative de cette sphère dominée par la Chine n'encouragent pas la croissance interne. Au lendemain du Covid, les dirigeants chinois pensaient que la Chine redeviendrait l'usine du monde et que le démarrage du marché intérieur pourrait compenser la baisse des exportations.

La réalité est bien différente. Le marché intérieur s'est ralenti, et le commerce extérieur s'est replié sur quelques segments. Il faut dire que la politique américaine de rapatriement de la fabrication et de modification de son approvisionnement a fait perdre à la Chine de nombreuses parts de marché. Comme le protectionnisme progresse chez les Occidentaux, qui imposent des droits de douane et des normes RSE aux fabrications, la croissance chinoise est sévèrement handicapée, et ce pour longtemps.

La Banque mondiale considère que la Chine aurait besoin de réformes structurelles pour redémarrer, mais estime que les dirigeants ne pourront pas les entreprendre pour des raisons politiques. La dynamique économique a besoin de concurrence dans les processus de fabrication, d'innovations technologiques et de concurrence, or la concurrence et l'innovation ont besoin de libertés individuelles. Des libertés que le régime chinois n'autorisera pas, car il a trop peur de perdre le pouvoir.

À partir des chiffres de la Banque mondiale, les experts du FMI en tirent trois conséquences.

La première est que la Chine ne sera pas, comme promis par le Président Xi Jinping, la première puissance mondiale avant 2050, si jamais elle retrouve son chemin de croissance.

La deuxième conséquence est que la Chine ne peut pas retrouver sa dynamique de croissance sans accepter un peu de liberté d'entreprendre et de respect du droit international. La Chine s'est forgée au cours des 30 dernières années une réputation déplorable au point que les Occidentaux ne peuvent plus faire d’affaires avec des partenaires qui ne tiennent pas leurs engagements.

La troisième conséquence est une question que se posent les Américains, à savoir si une économie autoritaire peut faire la guerre même si elle n'en a pas les moyens. Le risque existe chez les autocrates de faire la guerre pour satisfaire leurs peuples à qui ils n'ont pas tenu des promesses de prospérité. Ca occupe les opinions publique . L’histoire n’a aucun exemple de dictateurs ou d’autocrates qui auraient survécu à l’inflation ou la pénurie de produits essentiels ;

En attendant, les autorités chinoises attendent beaucoup de la "Golden Week". La semaine prochaine, les Chinois rouvrent leurs portes et soldent les stocks. Les dirigeants chinois prétendent que l'activité lors de cette Golden Week sera un test de retour à de meilleurs jours. Cependant, ce n'est pas l'avis de ceux qui pratiquent ce genre de braderie.

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