L’Indice de masse corporelle sur lequel se sont beaucoup appuyé les médecins est pourtant un indicateur de plus en plus remis en cause<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme, membre de l'équipe de football Los Ombligones, est contrôlé pour son indice de masse corporelle par une nutritionniste dans le cadre d'un programme qui aide les gens à perdre du poids à Monterrey, au Mexique, en février 2018.
Un homme, membre de l'équipe de football Los Ombligones, est contrôlé pour son indice de masse corporelle par une nutritionniste dans le cadre d'un programme qui aide les gens à perdre du poids à Monterrey, au Mexique, en février 2018.
©JULIO CESAR AGUILAR / AFP

Nutrition

L’AMA (l'Association médicale américaine) a décidé d’encourager les docteurs à ne plus seulement s’appuyer sur l'indice de masse corporelle.

Nathalie Hutter-Lardeau

Nathalie Hutter-Lardeau

Nathalie Hutter-Lardeau est nutritionniste diplômée d'Etat, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. 

Parmi ses livres figurent notamment La True Food aux Editions du Moment,  dans lequel elle explique comment déguster ses produits préférés en toute lucidité, 101 restos, 0 kilo, coécrit avec Nathalie Helal et Catherine Roig (Hachette, mars 2013), Mince Alors ! (Odile Jacob, Juin 2011), Des mots sur les maux du cancer  (Mango, 2009) avec le Professeur David Khayat et Wendy Bouchard, et  Le vrai régime anti-cancer  (Odile Jacob, 2010) avec le Professeur David Khayat et France Carp.

Elle a fondé en 2000 l'agence conseil en nutrition Evidence Santé, qui travaille avec l'Agence nationale de sécurité alimentaire sur la sécurité alimentaire, et le plan national nutrition santé, ainsi qu'avec plusieurs entreprises du secteur agro-alimentaire.

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Atlantico : L’indice de masse corporelle, IMC, a longtemps été utilisé par tout ou partie du monde scientifique pour mesurer le poids et la santé des individus. Récemment, rapporte néanmoins le New-York Times, il a fait l’objet d’une analyse critique puisque l’AMA (American Medical Association) a décidé d’encourager les docteurs à ne plus seulement s’appuyer dessus. Pourquoi une telle décision ?

Nathalie Hutter-Lardeau : L'IMC est très controversé parce qu'il ne prend pas en compte la répartition de la masse entre la partie musculaire, osseuse,  graisseuse et eau.

C’est ainsi que pour un même IMC on aura des personnes très musclées en très bonne forme ou avec un tissus adipeux très important correspondant à un risque pour leur Santé.

Pour être plus précis et estimer ce risque pour la Santé, ce qui est à l’origine l’intérêt de l’IMC il faut le compléter par d’autres mesures :

-       La variation ; une perte ou prise de poids rapide et récente peut permettre de détecter une pathologie (cancer etc)

-       La mesure du tour de taille ; en effet l’accumulation de graisse à ce niveau correspond à un risque cardiovasculaire

A partir des données actuelles : Le tour de taille ne doit pas excéder 88 cm pour une femme et 102 cm pour un homme.

-       La précision de l’ossature

-       Le rapport taille/hanches

Celui-ci ne doit pas excéder 0,9 pour les hommes et 0,7 pour les femmes.

D’aucuns ont critiqué l’orientation “blanche” de l’IMC, qui a été construit sur la base de patients caucasiens. Est-ce à dire qu’il aurait fallu plusieurs IMC, basés sur la morphologie de divers groupes de populations plutôt qu’un seul modèle unique ?

L’IMC n’est effectivement pas adapté pour certaines populations les enfants, les adolescents, les femmes enceintes, mais il n’a également pas intégré des différences ethniques  comme par exemple pour les populations asiatiques, si bien qu’au Japon ou en Chine, les seuils ont été abaissés.

Au Japon, les autorités sanitaires considèrent que l'obésité apparaît avec un IMC au-dessus de 25, en Chine, au-dessus de 28.

Certains scientifiques continuent d’affirmer que l’IMC est l’une des meilleures cartes à disposition des autorités médicales pour comprendre la réalité médicale de certains groupes de personnes ; dès lors que ceux-ci sont suffisamment larges. Faut-il croire que l’IMC restera utilisé ne serait-ce que pour cela ?

Lorsqu’il est inférieur à 19, on parle de maigreur, et en dessous de 18 on peut parler d’anorexie. A l’inverse, lorsqu’il est au-dessus de 30, on est dans l’obésité.

Mais cela reste des indicateurs de la situation pondérales auxquels il faut ajouter des examens complémentaires afin d’analyser le risque Santé d’une situation pondérale qu’elle soit inférieure normale ou excessive par rapport à ces standards.

L’IMC reste particulièrement utilisé dans le monde médical et un grand nombre des standards médicaux appliqués sont basés sur cet outil. Comment faire évoluer une telle situation, selon vous ?

L’IMC est un indice créé pour évaluer les risques santé à partir de deux données (taille et poids). Mais cet indicateur est aujourd’hui largement utilisé comme critère d’appréciation et de suivi du poids.

L'obésité ne se limite pas à l'IMC. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande l'utilisation de cet indice, reconnu comme relativement fiable et surtout facile à calculer. "

Mais il y a obésité lorsque l'accumulation de graisse devient dangereuse pour la santé (augmentation des risques cardiovasculaires, des troubles rénaux, d'avoir de l'arthrose etc.), ce qui peut varier selon les différents métabolismes et l’activité physique.

Faire évoluer l’iMC en fonction des populations et en intégrant et ou en complétant par d’autres analyses permet de détecter un risque pour notre Santé qui est l’objectif premier de campagne de prévention bénéfique à tous.

Nathalie Hutter-Lardeau est Nutritionniste et fondatrice de Evidence Santé

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