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L’immunité est-elle la solution pour combattre le Coronavirus ?
©Isabel INFANTES / AFP

Exemples britannique et néerlandais

Le Royaume-Uni a choisi la voie de l’immunité collective afin de répondre à la crise provoquée par le COVID-19. Obtenue par un vaccin ou par contraction, l’immunité est une solution mais rien n’indique que celle-ci est celle à suivre.

Christopher Payan

Christopher Payan

Christopher Payan est virologue au CHU de Brest et professeur à la faculté de médecine de l'université de Bretagne Occidentale (Brest).

Il est l'un des auteurs de Mini manuel de microbiologie (Editions Dunod)

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Atlantico.fr : Les États-Unis viennent de démarrer l’essai clinique d’un vaccin contre le coronavirus cette semaine. Va t-il être la solution miracle que nous attendons tous dans cette lutte face au virus ?

Christopher Payan : La mise en place d’un vaccin vise à protéger les sujets à risque de développer une infection sévère avec syndrome respiratoire aigue à l’origine de décès, ce vaccin doit permettre la production d’anticorps protecteurs contre le virus du COVID-19. Cette immunité post-vaccinale comme l’immunisation collective (par infection naturelle de la population) n’est envisageable dans la durée que si le virus ne varie pas trop. Or les coronavirus qui sont des virus à ARN comme la grippe, sont connus pour faire des mutations et des recombinaisons de leur génome. Cependant, les souches qui circulent actuellement sur tous les continents présentent une homologie de séquence de 99,99% (Wang et al, J. Med. Virol, 13 mars 2020). Le vaccin à l’essai peut donc espérer protéger contre toutes les souches circulantes. Par contre, ces souches n’ayant qu’une homologie de 79% avec le SARS Cov 2003 et de 50% avec le MERS Cov 2012, il y a donc peu de chance que l’on ait une protection croisée pour ces différents virus.

Le Royaume-Uni puis les Pays-Bas viennent de choisir l’immunité collective comme moyen de prévention et de bataille. Ce moyen de faire la guerre est-il efficace à 100 % ? Ne risque t-il pas de laisser sur le côté de nombreuses personnes ? 

Concernant l’immunité naturelle acquise après une infection COVI-19, il y a un article intéressant de Thevarajanet al publié dans Nature Medecine du 16 mars dernier indiquant une immunisation à partir de J7 jusqu'à J20 chez une femme de 47 ans ayant développé une infection modérée et en lien avec la guérison. Cependant, cette étude ne peut pas montrer que cette immunisation reste pérenne (il faudrait l'étudier sur une plus longue période!). Les auteurs rappellent que l'immunisation est temporaire avec la grippe et le rhume ainsi que les autres coronavirus, donc à priori pas de protection prévisible sur le long terme. Concernant l'immunisation collective, ils rappellent qu'il faudrait pouvoir immuniser 70% de la population pour y parvenir et ainsi protéger les personnes à risque non immunisées, il y a peu de chance que la Grande-Bretagne et les Pays-Bas qui suivent cette stratégie y parviennent et auquel cas obtenir la protection des sujets à risque. Il leur faudra donc maintenir le confinement des personnes à risque jusqu’à obtenir l’immunisation de 70% de leur population, avec le risque de voir sortir ces personnes de leur confinement dans une population largement contaminée. Il faut donc réduire autant que possible la diffusion du virus et attendre l'arrivée du vaccin pour les sujets à risque!

En Corée du Sud, un patient déjà atteint du virus l’a attrapé une seconde fois. L’immunité garantit-elle une protection face aux mutations du virus  ?

L’immunité acquise ne garantit aucune protection en cas de mutation du virus, ce qui explique que l’on peut refaire une grippe chaque année. Elle garantit une protection si le virus reste suffisamment stable, c’est le suivi de la souche circulante actuelle qui permettra de le dire. La situation de ce cas en Corée est encore peu décrite à ce jour parmi tous les cas infectés et guéris (près de 98%) mais il nous faut encore un peu attendre si d’autres cas similaires apparaissent. Il faut aussi s’assurer quand cela se produit qu’il s’agisse bien de souche mutée du COVID-19. Cette description permettra de savoir si on peut compter sur une immunité collective et sur une immunité post-vaccinale pour se protéger à terme de ce virus.

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