L’histoire de l'Évolution nous apprend que les solutions parfaites… ne sont pas les meilleures et voilà pourquoi <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Adrian Bejan a récemment publié une étude intitulée "La perfection est l'ennemie de l'évolution".
Adrian Bejan a récemment publié une étude intitulée "La perfection est l'ennemie de l'évolution".
©Vimeo / Cy Kuckenbaker

Idée originale

Adrian Bejan a récemment publié une étude intitulée "La perfection est l'ennemie de l'évolution".

Adrian Bejan

Adrian Bejan

Le professeur Bejan a reçu la médaille Benjamin Franklin 2018 et la bourse de recherche Humboldt 2019. Ses recherches portent sur les sciences de l'ingénieur et la physique appliquée : thermodynamique, transfert de chaleur, convection, conception et évolution dans la nature.

Il est classé parmi les 0,01 % des scientifiques mondiaux les plus cités et ayant le plus d'impact (et parmi les 10 premiers en ingénierie dans le monde) dans la base de données 2019 sur l'impact des citations créée par John Ioannidis, de l'université de Stanford, dans PLoS Biology.  Il est l'auteur de 30 livres et de 700 articles référencés par des pairs. Son h-index est de 108 avec 87 000 citations sur Google Scholar. Il a reçu 18 doctorats honorifiques d'universités de 11 pays.

Voir la bio »

Atlantico : Vous avez récemment publié une étude intitulée Perfection is the enemy of evolution (La perfection est l'ennemie de l'évolution), d'où vient l'idée originale ?

Adrian Bejan : L'idée est la mienne, en 1996 je l'ai inventée sous le nom de Constructal Law, La Loi Constructale, qui a été largement et positivement reçue, par exemple, elle a fait la couverture de Science et Vie, 2003 : "Une théorie explique l'intelligence de la nature", Science et Vie, n° 1034, novembre 2003, pp. 44-63.  

Mais la loi de construction est générale, à savoir la loi physique de l'évolution de la conception du flux dans toute la nature, biologique et non biologique. À Duke, j'enseigne un cours de 4e année sur la CL depuis 2000. Cette année, alors que je donnais ce cours, il m'est venu à l'esprit que "l'évolution de la loi physique..." concerne la loi physique de la liberté/liberté dans toutes les conceptions de la nature. Voici comment :

1. J'enseignais que les conceptions naturelles de flux "se produisent" comme un compromis entre deux tendances opposées, que j'ai appelé "l'intersection des asymptotes", comme dans l'exemple suivant. Un organe (pompe, cœur d'un animal) a une taille caractéristique. Sur un animal en mouvement (par exemple, un oiseau, un avion), les deux tendances sont les courbes ascendantes, et toutes deux sont MAUVAISES (coûteuses comme la dépense d'énergie, en thermodynamique). La somme des deux courbes est la courbe supérieure, avec un fond arrondi. Le bas de la courbe marque la conception de valeur (taille de l'organe), qui se produit à l'intersection des deux asymptotes :

Mon cours présente de nombreux exemples de ce type. En voici un autre, toujours dans le domaine du vol : Wy est l'effort fourni en battant des ailes vers le bas (pour maintenir le corps à son altitude de croisière), et Wx est le travail fourni en battant des ailes pour avancer, contre l'opposition posée par l'environnement. Les deux extrêmes, Wx et Wx, sont mauvais. Leur intersection marque la conception d'un vol facile, le fond du seau :

2.  En janvier dernier, en classe, il m'est apparu que parce que le fond est "plat", la physique de la nature dispose également d'une bande passante de "liberté" pour sélectionner un modèle (taille ou vitesse) qui offre les "meilleures" performances. C'est également la raison pour laquelle la "diversité" est omniprésente dans la nature, dont on parle beaucoup, mais dont l'origine physique n'est jamais remise en question, tout comme l'origine physique de la liberté elle-même.

3. Conclusion : au lieu d'enseigner le dogme ossifié de la "perfection" mathématique et calculée (le modèle unique, l'optimum, le minimum, le maximum, le... superlatif), il m'est venu à l'esprit que je devrais enseigner la liberté qui découle du fait de manquer (de moins de 1 %) le fond mathématique de la courbe du seau.

Comment avez-vous prouvé qu'en effet, la perfection est l'ennemi de l'évolution ?

La perfection est l'ennemie, car si une conception naturelle devait rechercher le meilleur absolu, il n'y aurait pas de conception. Regardez l'oiseau (première figure) : il s'agit d'un assemblage d'organes "imparfaits", en raison du fond rond... sur lequel le nombril est inconnu de la rivière, de l'animal et du concepteur humain.

Pourquoi est-il important, d'un point de vue scientifique, de prendre du recul par rapport au concept de perfection ?

Parce que la théorie est éminemment précieuse. La théorie nous donne :

- le pouvoir de prédire

- le secret pour accélérer l'évolution de la conception

- la conception, l'objet, le processus ou l'artefact le plus économique

- le plus fiable, le plus facile à tester et à écarter.

Ce concept d'imperfection est-il important à intégrer dans notre vie quotidienne ?

Cela prouve que nos fondateurs (les États-Unis et la France) ont entendu la voix de la nature/physique (lorsque la discipline "physique" n'était pas connue) et ont changé le monde avec des dictons tels que "Life, Liberty, and the pursuit of..." et "Liberté, Egalité,...".   

Il y a beaucoup à dire sur la perfection, l'ennemi et la vie quotidienne de l'homme, alors parlons-en.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !