L’appétit des banques centrales pour la dette a-t-il des limites ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Mathieu Mucherie publie « Tout ce qu'on ne vous a jamais dit sur la dette : ...à commencer par la manière de l'effacer proprement » aux éditions Eyrolles.
Mathieu Mucherie publie « Tout ce qu'on ne vous a jamais dit sur la dette : ...à commencer par la manière de l'effacer proprement » aux éditions Eyrolles.
©AFP / POOL / Boris Roessler

Bonnes feuilles

Mathieu Mucherie publie « Tout ce qu'on ne vous a jamais dit sur la dette : ... à commencer par la manière de l'effacer proprement » aux éditions Eyrolles. « Après nous, le déluge » semble être la devise de nombreux décideurs publics et privés depuis quelques décennies. Partout une spirale d'endettement a été enclenchée, qui s’est encore accélérée à la suite de la crise déflationniste de 2008 et de la crise pandémique de 2020. Et si nous tentions de trouver le frein et de stopper ce train ? Un livre qui incite à regarder en face l’iceberg vers lequel foncent nos économies. Extrait 2/2.

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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Aucun autre acteur n’est de taille pour résoudre un problème aussi lourd. Et aucun autre acteur ne porte autant de responsabilités dans la genèse du problème, et dans son pourrissement. 

La taille, ça compte

Nulle part ailleurs on ne trouve une force de frappe aussi considérable

Le bilan des trois principales banques centrales (Japon, États-Unis et Europe) est passé de 3 400 milliards de dollars en 2007 à plus de 20 000 milliards fin 2020. Le bilan total de la seule FED a doublé en 2020. La BCE détiendra bientôt 30 % des dettes publiques de la zone euro ; c’est déjà 50 % au Japon. Elles achètent déjà des obligations d’entreprises, des créances immobilières, des emprunts de collectivités locales, divers produits titrisés, et même des actions s’agissant des deux banques centrales les plus avancées dans la boulimie bilancielle, la Banque du Japon et la Banque nationale de Suisse.

Les chiffres sont un peu abstraits, il faut les comparer pour bien voir ce qui s’est passé. De 2007 à fin 2019, l’endettement public des pays du G7 a augmenté de 20 trillions de dollars (de 25 000 milliards à 45 000 milliards), le PIB nominal de ces pays n’a augmenté que de 7,8 trillions, et le bilan des quatre grandes banques centrales a enflé de 11,4 trillions ; la crise née du Covid n’a fait que confirmer et accentuer la tendance consistant à utiliser le bilan de nos banquiers centraux comme réceptacles et lieux d’échanges, maintenant que l’argent circule moins bien entre les banques et dans l’économie.

Je n’ai rien contre les initiatives ministérielles sympathiques à un ou deux milliards d’euros dont nos journalistes sont friands, mais il faut avoir les ordres de grandeur en tête.

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Avec le Covid-krach, on a observé un début de prise de conscience. Mario Draghi a décrit la menace d’une catastrophe aux « proportions bibliques », et avait recommandé qu’on annule les dettes des entreprises. Sans le dire vraiment, la France pratique un effacement, sous la forme de reports de charges et d’impôts qui ne seront probablement jamais demandés. Il vaudrait mieux, car on estime que le remboursement des prêts Covid va peser sur les marges des entreprises françaises dans les cinq prochaines années à hauteur de plus de 5 points de pourcentage (par rapport aux taux de marge moyen de 2019 qui était déjà bien trop faible). Même procédé implicite en Italie et au Royaume-Uni, où les ménages se sont vus temporairement autorisés à ne pas payer les mensualités de leurs crédits immobiliers. En principe, ce sont des reports ; en réalité, il y a toutes les chances pour que ce soient des annulations. Ces initiatives montrent hélas qu’ils ne savent pas bien s’y prendre pour annuler proprement les dettes : ils improvisent, n’assument pas, ne passent pas par les bilans des banques centrales (autrement dit, ils devront monter les impôts ou abaisser les prestations, un jour ou l’autre), et ils multiplient les actions catégorielles, à la tête du client. Ainsi, là où la remise des dettes avance concrètement, c’est dans le domaine des dettes étudiantes américaines, c’est-à-dire pour… les futurs plus riches du pays le plus riche, qui verront leurs études être payées par des classes moyennes. On peut faire mieux.

Extrait du livre de Mathieu Mucherie, « Tout ce qu'on ne vous a jamais dit sur la dette : ... à commencer par la manière de l'effacer proprement », publié aux éditions Eyrolles

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