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Quand les journalistes arrangent les faits de peur d'alimenter le racisme
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Conformisme

Alors que les racistes avérés sont devenus très marginaux dans nos sociétés, l'antiracisme s'est mué en une idéologie à la fois diffuse et contraignante qui outrepasse largement sa raison d'être. Extraits du livre de Paul-François Paoli : "Pour en finir avec l'idéologie antiraciste" (1/2).

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2018, il publie "Confessions d'un enfant du demi-siècle" aux éditions du Cerf et "L'imposture du vivre ensemble: Quelques points de repères" aux éditions de L'Artilleur. 

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Le « racisme », ou ce qui passe pour tel, est semblable à ce qui était perçu autrefois comme une grossièreté ou vulgarité par les bourgeois et les honnêtes gens. Parler de sexe au XIXe siècle était réprouvé. Tenir des propos critiques sur telle ou telle communauté ethnique tient aujourd’hui lieu d’obscénité chez les gens bien élevés, même s’il est notable que tous les peuples ne sont pas logés à la même enseigne.

Blaguer sur les Japonais conformistes et disciplinés n’est pas toujours mal vu. Mais suggérer que les jeunes Africains seraient moins performants à l’école que les jeunes Chinois relève de la transgression. De fait, certaines popula­tions sont plus ou moins bien loties dans l’auberge espagnole de la mauvaise conscience occidentale et cela s’en ressent dans les mille précautions séman­tiques que nous utilisons.

Dans Les Yeux grands fermés, l’immigration en France [1], Michèle Tribalat, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques, qui a participé aux travaux du Haut Conseil à l’intégration, décrit de l’intérieur ces méca­nismes d’auto-intimidation. « L’a priori idéologique est déterminant dans la manière d’aborder ce qui se rapporte à l’immigration en France. La réalité, la mise en évidence des faits ne comptent guère. […] Il faut vanter les mérites de l’immigration, se féliciter de ses apports multiples et de l’enrichissement qu’elle sus­cite. Ce bain idéologique enserre les sciences sociales qui ont appris, avec les années 1980, à se démar­quer absolument du FN. Travailler sur l’immigration, c’est partir en mission contre ceux qui pensent mal […]. L’antiracisme idéologique structure l’expression savante et ordinaire sur l’immigration. À une époque où l’on brise les tabous et où l’on valorise la trans­gression, le politiquement moral est paradoxalement dominant », écrit-elle.

Adoptant une démarche avant tout analytique, elle n’affirme pas que l’immigration est un mal en soi, sans pour autant conclure qu’elle est un bien en soi. Elle tente simplement de com­prendre dans quelle mesure elle peut être positive, sans exclure qu’elle puisse aussi être néfaste. Pour autant, son livre porte de graves accusations, notam­ment sur des médias, dont elle écrit « qu’ils répugnent généralement à livrer certaines informations, parce qu’elles pourraient dégrader l’opinion publique sur l’immigration et alimenter ainsi le racisme. Cette emprise morale de l’antiracisme se traduit par la rétention, l’arrangement des faits, l’abstention, sans compter la faible incitation à une connaissance déga­gée de tout enjeu idéologique ».

Les militants de l’antiracisme idéologique détestent la complexité comme la peste. Eux voient le monde en noir et blanc : les méchants racistes contre les bons immigrés. Tribalat écorche le moralisme paresseux des journalistes, qui s’en tiennent souvent à des stéréotypes, mais elle met aussi en cause cer­taines institutions. Parmi elles, la Commission natio­nale consultative des droits de l’homme, chargée, chaque année, de remettre un rapport au gouverne­ment sur le prétendu racisme des Français.

À la lec­ture du chapitre que Michèle Tribalat consacre aux sondages pratiqués par cette institution qui, depuis la loi Gayssot de 1990, peut poursuivre en justice les manifestations et les écrits considérés comme racistes, on a le sentiment inquiétant d’habiter l’un de ces régimes soviétisés qui avaient choisi de museler le réel pour se rassurer. Ainsi, « la CNCDH a réglé la ques­tion du rapport au réel en le congédiant purement et simplement », écrit la démographe. (...)

À cette aune, c’est non seulement des mil­lions de Français qu’il faut incriminer, mais aussi une bonne partie du personnel politique vivant, sans oublier les morts eux-mêmes, à commencer par de Gaulle qui aurait assuré à Alain Peyrefitte : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes tout de même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne [2]. »Nul doute que selon les critères ésotériques de la fameuse commission, de Gaulle aurait eu quelques comptes à rendre ! Il serait probablement rangé parmi les mauvais Français par des gens que nous n’avons pas élus…

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Extraits dePour en finir avec l'idéologie antiraciste, Bourin Editeur (19 janvier 2012)



[1] Denoël, 2010.

[2] Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle…, coll. Quarto, Gallimard, 2002.

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