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JO de Rio 2016 : mais laissez donc les Brésiliens applaudir ou siffler qui ils veulent !
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THE DAILY BEAST

Les Brésiliens commencent à peine à s'intéresser aux épreuves des JO. Alors, pourquoi leur dit-on qu'ils ne se comportent pas comme ils le devraient ?

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C'est leur fête et ils siffleront s'ils en ont envie.

Il aura fallu du temps à Rio pour se passionner pour les premiers Jeux Olympiques accueillis en Amérique du Sud, mais la ville s'est remplie de maillots jaunes dimanche soir et la foule, de plus en plus bruyante, laissait penser que la fièvre olympique commençait à s’installer.

Le second match du Brésil dans les matchs de foot, et non d'autres sports olympiques plus traditionnels, expliquait la quantité de maillots brésiliens sur les gradins pendant le spectacle. Mais cet esprit pourrait se révéler contagieux si l'équipe améliore son match nul lamentable contre l'Irak et se place pour la médaille d'or.

La passion croissante des Brésiliens, cependant, commence à importuner les étrangers. Que ce soit le beach-volley, la boxe, le basket-ball, ou la natation, les spectateurs dans les gradins ont fait preuve d'une frénésie assez rare durant des Jeux olympiques. Naturellement, les plus fortes acclamations durant la première nuit des épreuves de natation furent réservées aux deux Brésiliens qui ont obtenu la troisième place dans leur série plutôt qu’aux incroyables performances qui ont amené médailles d'or et records du monde.

Il n'est pas surprenant que les éternels rivaux des Brésiliens, les Argentins, aient été hués alors qu'ils rentraient dans le Maracanã lors de la cérémonie d'ouverture. Ce que les athlètes trouvent étrange, c’est la propagation de la foule pour des épreuves où ne concourre aucun ressortissant local. A Rio, les foules choisissent une équipe, généralement les outsiders, et la soutiennent jusqu'au bout. En sport brésilien, cela signifie encourager votre côté tout en huant les autres et en se réjouissant de leurs erreurs.

Durant un match de basket-ball, dimanche, les Espagnols, favoris, ont rapidement mené la Croatie. Les fans brésiliens ont commencé à supporter la Croatie. Ils ont applaudi chaque panier croate mais ont aussi hué à chaque fois que l'Espagne de Pau Gasol avait la balle, et célébré chacun de leur lancer franc manqué. Finalement, l'Espagne a subi une défaite choc : 72-70.

"Cela fait partie de la fête", a expliqué Emanuel Morgado, 35 ans, sur Twitter. "Ils veulent troubler la concentration des adversaires, mais c'est du cinéma."

Il en était de même dans l'arène de volleyball de plage, alors que l'Allemagne voguait vers la victoire contre l'Egypte. La foule était assez silencieuse jusqu'à ce que les Européennes prennent une grande avance. A partir de ce moment, les Cariocas - les résidents de Rio - ont soutenu les Égyptiennes, qui peuvent concourir aux JO maintenant que les bikinis ne sont plus obligatoires. Ils ont applaudi lorsque les Allemandes ont servi dans le filet et sauté de joie chaque fois que les Égyptiennes grappillaient un point. Les Brésiliens aiment les outsiders sans espoir. "Les habitants de Rio sont toujours enthousiastes, puis déçus, puis enthousiastes à nouveau", explique Marcel Pragana, musicien. "Voilà pourquoi rien ne change au Brésil".

D'autres Brésiliens ont moins apprécié la réaction spontanée des spectateurs. "Le Brésil est un putain de pays stupide", a déclaré Pedro de Mourgado, qui était en visite à Rio depuis son domicile dans la capitale, Brasilia. "Les gens ne sont pas très instruits".

Reste à voir si cela durera, mais pour le moment, la préférence des Brésiliens pour les outsiders tend à favoriser les pays situés en dehors de l'Europe et des Etats-Unis. "Les gens d'ici pensent : 'je sais ce que vous avez, je sais ce que j'ai et c'est injuste'", explique Mario Terra, 22 ans, du district Tijuca à Rio. "Comme Shakespeare l'a dit : “Il n'y a d'autres ténèbres que l'ignorance”.

Le chauvinisme est peut-être allé trop loin lors d'un match de tennis, dimanche. Une foule surexcitée soutenait le héros local Thomaz Bellucci avec tant de véhémence qu'ils ont hué son adversaire allemand, Dustin Brown, lorsque celui-ci s'est effondré, la cheville tordue. Il a finalement été contraint d'abandonner la partie et d'aller à l'hôpital. "Quand vous jouez en Europe, les gens sont plus calmes", a déclaré Bellucci après le match. "Au Brésil, les gens deviennent dingues et c'est vraiment sympa". L'équipe américaine a reçu plus que sa part de sifflets jusqu'à maintenant, simplement parce qu'ils sont loin d'être les outsiders, mais aussi à cause de la réticence des Etats-Unis à venir au Brésil. La plupart des Cariocas trouvent hilarant et pathétique que les athlètes étrangers aient peur d'attraper Zika pendant les mois d'hiver de Rio où les moustiques sont rares. Hope Solo, la gardienne de but américaine, a été le paratonnerre des moqueries. Elle s'était interrogée très publiquement sur la sécurité sanitaire au Brésil. Chaque fois qu'elle touchait le ballon durant les deux premiers matchs des Etas-Unis, elle était accueillie par une cacophonie de huées ou de "Ziiiiiika ! Ziiiiiika !". Ce slogan a visiblement amusé le public brésilien car il est réapparu à Copacabana le dimanche. Les spectateurs criaient le nom du virus chaque fois que Lauren Fendrick ou Brooke Sweat s'apprêtaient à servir au beach-volley, même si aucune de ces Américaines n'avaient exprimé d'inquiétude avant de venir à Rio. Si l'équipe des Etats-Unis s'est sentie visée, elle doit cependant garder à l'esprit que le président brésilien Michel Temer a tenté en vain d'échapper à des huées impitoyables lors de la cérémonie d'ouverture des JO. Le Comité Olympique International a été contraint d'appeler explicitement à une interdiction des manifestations contre le président par intérim quand des manifestants ont été interdits de protester lors d'événements olympiques.

Même les chouchous de la nation, l'équipe de football du Brésil, n’est pas immunisée. Les joueurs ont jusqu'à présent disputé deux matchs, en quatre périodes, qui ont toutes fini en 0-0. Quatre fois, ils ont été hués.

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