Jeff Bezos est-il l'homme qui refonde le capitalisme en le faisant sortir de son obsession de la rentabilité à 15% à court terme ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Amazon privilégie une logique de long terme.
Amazon privilégie une logique de long terme.
©Reuters

Business model

Une "logique de long terme" et peu de marges, c'est ainsi que Jeff Bezos, patron d'Amazon explique le succès exceptionnel de son entreprise dans un contexte où la part belle est faite aux logiques courtermistes. Plus qu'un modèle économique, c'est une agilité et une réactivité uniques qui ont fait de l'entreprise la référence qu'elle est.

Séverin Naudet

Séverin Naudet

Séverin Naudet, ancien producteur puis vice-président de Dailymotion, a été 5 ans conseiller Internet de François Fillon à Matignon et initiateur de l’open data français. Il est Président de Socialyse. Son blog : www.severinnaudet.com

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Atlantico : L’originalité du business model du géant Amazon continue de faire parler de lui après des années d’existence. Longtemps présenté comme un modèle de vertu économique favorisant le consommateur au détriment des marges, ainsi que l’investissement de long-terme, l’entreprise américaine bénéficie d’un sérieux capital sympathie. Peut-on sérieusement affirmer pour autant que la méthode Jeff Bezos révolutionne le capitalisme moderne ? Par quels moyens ?

Séverin Naudet : Il suffit d’observer le résultat pour constater que cette méthode comme celle d’Apple, révolutionne l’économie du XXIème siècle. Ces entreprises sont incontestablement les leaders mondiaux de leur marché. La progression des ventes d’Amazon entre 1997 et 2010 est exactement identique à celle des ventes de Walmart entre 1977 et 1990. Le marché d’Amazon est compris entre 2 700 et 5 400 milliards de dollars selon les définitions du marché. Les ventes d’Amazon n’en représentent pour l’instant que 2%. Le cours de l’action Amazon capitalise près de 70 fois ses bénéfices 2012, cela implique une croissance annuelle de son chiffre d’affaires de plus de 30 % et de son bénéfice par action entre 45% et 85% pendant de nombreuses années. L’objectif d’Amazon c’est la suprématie mondiale sur son marché. Jeff Bezos cherche à supplanter l’ensemble de ses concurrents de la distribution commerciale. Force est de constater que ça marche et que le marché y croit.

La trésorerie de l’entreprise est encore "dans le rouge" malgré une sérieuse baisse des pertes. Peut-on toutefois vraiment croire à l’idée qu’Amazon se base sur un modèle sans profit ?

Tous les analystes et les observateurs s’accordent à dire que le niveau de trésorerie et les pertes de l’entreprise sont liés aux investissements colossaux d’Amazon pour asseoir définitivement sa position et attaquer sans cesse de nouveaux marchés. On peut même penser qu’Amazon cherche à accélérer les cycles naturels des marchés et de ses changements de modèles économiques et industriels. Personne ne croit qu’Amazon est un modèle sans profit, il existe des modèles d’organisation et des formes juridiques différentes pour cela.

M. Bezos affirme qu'une "logique de long-terme" permet à son entreprise d'être ce qu'elle est actuellement. Comment expliquer que cette vision puisse s’accommoder d’un cadre économique où le court-terme est roi ?

C’est exact, Amazon est une entreprise tournée vers le profit à moyen et long terme. Elle précède ou accompagne en temps réel les changements de comportement des consommateurs. Elle démocratise les usages. Elle massifie l’accès à certains services et produits. Elle s’attache à la meilleure qualité de service et colle à l’exigence d’une nouvelle génération de consommateurs. Elle innove. Elle a toujours cherché à établir une relation durable avec ses clients. Les utilisateurs, fans, d’Amazon ont tous une histoire pour illustrer la qualité du service et  la relation quasi affective établie entre eux et le géant de la distribution en ligne.

Je ne crois pas que le « court terme » préside au cadre économique actuel, je crois que pour innover il faut être agile, rapide parfois rencontrer l’échec et recommencer. L’économie numérique offre sans cesse de nouveaux services et produits, beaucoup disparaissent, les meilleurs restent. C’est la logique du marché, elle est positive, elle pousse l’imagination, la créativité. L’économie numérique est certainement celle qui le plus permis de casser les modèles traditionnels de réussite industrielle et du coup social. On peut réussir très vite avec une idée simple et durer si on continue à innover.

Le modèle Amazon est-il une exception sectorielle ou pourrait-il être transféré à d’autres types d’activités de l’économie ?

Est-ce que l’innovation et l’excellence pour la conquête des marchés afin de devenir le leader incontesté sont un modèle transposable ? L’économie numérique le prouve tous les jours depuis un certain nombre d’année…

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