Internet mobile : comment le smartphone redistribue les cartes entre start-ups et géants historiques du web<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
Internet mobile : comment le smartphone redistribue les cartes entre start-ups et géants historiques du web
©

Nouveau monde

En Chine, le téléphone mobile est devenu le premier moyen d'accès à Internet. Cette tendance, qui s'observe partout dans le monde, bouleverse le marché du web et redistribue les cartes entre acteurs historiques et nouveaux entrants.

Jean-François Pillou

Jean-François Pillou

Jean-François Pillou est le fondateur du site Comment ça marche. Il est aussi Directeur général de CCM Benchmark group.

Voir la bio »

Atlantico : Le téléphone portable est devenu, pour les Chinois, le premier moyen d'accéder à Internet. Partout dans le monde, mobiles et tablettes deviennent autant de terminaux permettant à leurs utilisateurs de surfer. En quoi cette transformation des usages change t-elle la manière de développer sur Internet ?

Jean-François Pillou : Il y a deux écoles aujourd'hui. Chez les acteurs Internet qui ont déjà des sites web existants, le mobile est vécu comme un second moyen d'accéder à l'information. Cela les oblige à penser l'interface autrement et à redévelopper un moyen d'accès via le téléphone. C'est un effort intellectuel intéressant qui fait que l'on se focalise sur l'essentiel, sur l'expérience utilisateurs. Le revers de la médaille, c'est que ce format étant plus petit, il limite les recettes publicitaires. Pour ces raisons, ces acteurs ne cherchent pas à mettre en avant cet outil, sur lequel ils déclinent simplement une version allégée de leurs sites. Pour eux, à même utilisateur, une connexion via le téléphone rapporte moins qu'une connexion classique.

Une autre catégorie d'acteurs est en train d'émerger. Ce sont principalement des start-up qui démarrent, comme challengers, directement dans une dynamique mobile. Ils conçoivent des services qui ont été pensés uniquement pour ce type de terminaux. On y trouve des services innovants qui profitent pleinement des fonctionnalités des téléphones : appareil photo, géolocalisation, orientation …

Facebook est un exemple clef de cette rupture : pensé avant l'émergence de l'Internet mobile, le réseau social a mal appréhendé cette nouvelle réalité et n'a pas su mobiliser ses utilisateurs sur ce format. La déclinaison pour téléphone n'est donc qu'une déclinaison sur laquelle les recettes publicitaires n'ont pas le succès obtenu sur le support classique.

Justement, pour les acteurs de l'industrie numérique, l'outil mobile est-elle perçu comme une plus-value potentielle ou comme un gadget contraignant ?

Aujourd'hui, toutes les études montrent que d'ici quelques années, il y aura plus d'utilisateurs d'Internet sur mobiles que sur les autres plate-formes. Les entreprises en ont pleinement pris conscience. Elles développent des applications, des newsletters, qui sont spécifiques à chaque support. Les sites s'adaptent à l'outil utilisé par l'Internaute.

Certains sites Internet commencent également à développer des sites propres à chaque type de navigateur. Une version propre, plus complexe qu'une simple adaptation, est disponible pour les utilisateurs mobiles.

Pour le cas spécifique des applications mobiles, le marché reste complexe. Il n'existe pour l'instant que deux marchés en ligne d'envergure : Applestore et Google Play. Les autres sont presque inexistantes. La problématique ici, c'est que le temps de développement d'une application reste long et que les diffuseurs doivent encore, à partir de là, valider sa commercialisation. Apple a tendance à refuser des outils qu'il préfère se réserver : Dropbox, des applications de photo ou de reconnaissance vocale sont refusées pour éviter de concurrencer des produits Apple. Le développeur n'a pas la main sur l'accès à l'utilisateur.

Pour les développeurs, cette nouvelle pratique est-elle un marché potentiel nouveau ou une charge supplémentaire de travail et de réflexion qui n'entraîne pas forcément de revenu supplémentaire ?

Là aussi, tout dépend dans quelle catégorie d'acteurs on se place. Ceux qui ont déjà un système en place et qui doivent tout repenser pour prendre en compte la mobilité doivent investir. Pour les autres, qui partent de rien, il n'y a par nature qu'un horizon de possibilités et d'opportunités potentiellement rentable.

Dès lors que les habitudes changent, il y a forcement des opportunités. Les nouveaux arrivants ont tout à gagner. Pour les autres, il y a un risque de pertes. Un exemple : les guides de voyages. Avant, il fallait acheter son guide papier. Aujourd'hui, je télécharge une application ou me connecte à un site mobile. Pour l'acteur traditionnel, le guide virtuel, quelle que soit la manière de le monétiser, est moins rentable que le support papier.

Cette tendance est-elle égale partout dans le monde ? Le phénomène observé en Chine est-il le même dans les pays du Nord, dans les autres pays émergents ou même en Afrique ?

Il y a une grande tendance à l'équipement en Afrique du nord. La difficulté, derrière, c'est l'accès à la connexion qui dépend toujours du lieu où l'on habite. Lorsque l'on part en vacances, on se rend souvent compte qu'il n'est pas toujours facile d'accéder à un réseau. C'est là que ce manifeste la disparité : il y a de grandes inégalités dans l'accès à la connexion. Un téléphone 4G dernier cri n'aura aucune utilité dans certaines régions qui restent dépourvues d'une couverture suffisante.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !