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Hollande soigne sa gauche
©Reuters

Coup pour coup

Dans son intervention à Europe 1, le Président a invoqué "l'état dans lequel il a trouvé le pays" en 2012 pour se poser en réformateur, et justifier les lois Macron ou El Khomri "qui va passer..." et sur laquelle il ne "cédera pas".

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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En connaisseur avisé de la science électorale présidentielle,  François Hollande sait qu'il lui faut rassembler son camp avant de l'élargir en direction du Centre pour obtenir une majorité. Son camp, c'est la gauche, "celle qui veut gouverner", autrement dit la gauche sociale démocrate qu'il entend incarner, d'après lui la seule possible pour gagner,  - et en ce qui le concerne, pour être réélu. Cette gauche de gouvernement,  telle que la définit François Hollande n'est pas dogmatique ; elle est capable de revenir sur des engagements antérieurs afin de s'adapter aux exigences de l'actualité et de l'évolution économique  en général, autrement dit pour s'adapter à la mondialisation qu'il ne nomme pas, mais qui est la bête noire d'Arnaud Montebourg et de Jean Luc Mélenchon, relégués dans le camp des archaïques .

Dans son intervention à Europe 1,  François Hollande a invoqué "l'état dans lequel il a trouvé le pays" en 2012 pour se poser en réformateur, et justifier les lois Macron ou El Khomri "qui va passer..." et sur laquelle il ne "cédera pas". Son modèle, c'est le chancelier allemand Schröder qui a beaucoup réformé avant d'être battu, et il affirme qu'"il préfère que l'on garde lui l'image d'un chef d'Etat qui a fait des réformes que celle d'un chef de l'état qui n'a rien fait".

Cependant le futur candidat à la présidentielle François Hollande est loin de partir battu et il fait preuve d'une grande combativité pour démonter que "ça va mieux en France". A sa Gauche qui l'accuse de trahison, il réplique "qu'il n'y a pas d'alternative possible" à celle qu'il représente à gauche pour accéder au deuxième tour". Il fait ainsi planer le spectre d'un nouveau 21 avril provoqué par les divisions de son camp tout en cherchant à tuer dans l'œuf l'idée de la construction d'une "alternative de gauche" encore floue lancée par Arnaud Montebourg au Mont Beuvray. Pour ramener ses électeurs potentiels à la raison, il brandit le programme de ses adversaires de droite qui veulent supprimer des dizaines de milliers d'emplois publics et va jusqu'à les encourager à lire leurs programmes. Subrepticement il s'adresse aussi aux électeurs de droite en soulignant que "nous avons besoin d'un Etat fort". Mais pour l'heure c'est la gauche que François Hollande veut d'abord reconquérir avec quelques mesures concrètes, une possible baisse d'impôts pour les ménages ("et pas de l'ISF", dont la suppression est promise par Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon),  ainsi qu' une promesse plus symbolique, concernant les rémunérations des grands patrons pour lesquels le vote des actionnaires devrait primer sur les décisions des conseils d'administration. Référence au salaire jugé excessif du patron de Renault.

Ira-t-il jusqu'à faire rétablir le concert de Black M lors des commémorations de la bataille de Verdun ? Après le tollé provoqué par cette annulation,  il se pose en conciliateur pour trouver une solution. Afin que la polémique autour d'un concert de rap contesté, n'entache pas la portée européenne de ces commémorations. Mais aussi parce que la gauche a crié au scandale à la suite de cette annulation,  en voyant là "une capitulation face à l'extrême droite".  

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