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Quand on aime on ne compte pas
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EDITORIAL

Xavier Bertrand annonce l’allongement de la durée des cotisations à 41,5 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein pour les personnes nées à partir de 1955 ; Hervé Novelli (n°2 de l’UMP) explique qu'il faudra supprimer les lois Aubry sur le temps de travail en cas de victoire de la droite en 2012. La Conférence nationale sur les rythmes scolaires quant à elle préconise une réduction de la durée hebdomadaire de classe de 24 heures à 23 heures, mais sur une année qui pourrait s’allonger de 36 à 38 semaines.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Au pays des 35 heures, nous nous gargarisons souvent d’être un des pays au plus fort taux de productivité (rapport entre valeur produite et quantité de travail+capital nécessaires). Mais on oublie souvent de préciser qu’il s’agit de productivité horaire, qui une fois ramenée par habitant (et non par salarié) est bien moins à l’avantage de la France ! Oui, nous travaillons effectivement moins que bien d’autres nations concurrentes.

Mais lorsqu’il s’agit d’innovation, la productivité horaire est moins importante, parce que l’aptitude à trouver des idées ne dépend pas seulement du coût horaire de ceux qui la cherchent, mais aussi du montant investi en recherche & développement, de l’envie et de la motivation, de la capacité à s’ouvrir sur le monde, à écouter les autres, à réagir, à anticiper. Apple n’aurait-il pas conçu l’I-phone en travaillant 35 heures ? Nous confondons souvent productivité et compétitivité. En réalité aujourd’hui la question bien souvent n’est pas celle du temps de travail mais du pourquoi nous travaillons. Ce qui compte alors pour être compétitif et attractif, c’est la capacité à innover, à générer de la valeur ajoutée.

La compétitivité ne dépend pas uniquement du nombre d’heures travaillées

La compétitivité ne dépend pas uniquement du nombre d’heures travaillées, mais aussi et surtout de l’environnement de travail, c’est le défi managérial de notre époque.

Dans les années 1980, le site de production Nummi devint le site au meilleur taux de productivité de toutes les usines General Motors, avec un niveau d’automatisation pourtant inférieur à la moyenne. Mais en diversifiant les tâches des ouvriers, en les rendant moins abrutissantes, le taux d’absentéisme et de conflit, qui était l’un des plus élevés de GM, devint l’un des plus bas.

Si la question de la motivation au travail est celle du « pour quoi faire », il en est de même pour celle de la productivité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’agit d’un sujet sensible auprès de l’opinion. Gain de productivité, soit, mais à qui profite-il ? Si le gain obtenu génère de la profitabilité supplémentaire, la question de la répartition des richesses se posera, surtout pour des salariés qui dans leur majorité (62%*) ont déjà le sentiment d’une augmentation de leur charge de travail depuis 2010.

Finalement, la reconnaissance et l’implication sont des leviers parfois bien plus efficaces pour la productivité que les bienfaits attendus des mesures législatives sur la fiscalité et le temps de travail. Davantage que le nombre d’heures travaillées, c’est le nombre d’heures motivées qui impacte favorablement et durablement productivité et compétitivité. Donner davantage de responsabilité, de perspectives, de reconnaissance (55% des salariés ont le sentiment que leurs efforts ne sont pas reconnus par leur hiérarchie*), et de motivation sont des moyens bien plus efficaces que la loi pour faire travailler davantage.

Les salariés attendent de plus en plus des employeurs privés et publics qu’ils se préoccupent d’enjeux environnementaux et sociaux, de bien-être au travail, de formation, etc. et pas uniquement qu’ils produisent de la rentabilité. Inversement, l’attente vis à vis du salarié ne peut être uniquement quantitative, se bornant à « un temps de présence exigé » comme d’autres attendent du « temps de cerveau disponible ». A choisir, mieux vaut des salariés motivés et enthousiastes à 35h que passifs à 39.

* « Les Français et leur rapport à l'entreprise », 20minutes.fr, En Ligne Pour l'Emploi, et OpinionWay – mai 2011, échantillon représentatif de salariés français.

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