Hard Brexit ou pas : qui sont les Européens qui croient encore à l’Europe (indice : les Français ne sont pas au 1er rang)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Français ne souhaitent pas en majorité sortir de l'UE.
Les Français ne souhaitent pas en majorité sortir de l'UE.
©REUTERS / Yves Herman

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La relation des Français à l'Union européenne est marquée par les paradoxes. Les Français sont pessimistes sur l’avenir de la construction européenne, mais ils sont parmi les plus gros soutiens de l’UE. Ils s’inquiètent de la disparition de leur modèle social et de leur art de vivre du fait de l’Union européenne, mais personne ne souhaite en sortir.

Roland Cayrol

Roland Cayrol

Roland Cayrol est directeur de recherche associé au CEVIPOF. il est membre du Conseil de surveillance de l'institut de sondage CSA. 

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Atlantico : Comment les Français se classent-ils par rapport à leurs voisins européens dans la confiance qu’ils accordent à l’Union européenne ? Sont-ils parmi les plus pessimistes ? Que reprochent-ils à l’Union européenne ?

Roland Cayrol : Des années 1960 aux années 1980-1990, la population française était très majoritairement pour l'Union européenne. Depuis quelques années, si on oblige à répondre "pour ou contre l'Union européenne" on obtient des résultats de l'ordre de 2/3 favorables et 1/3 contre, comme nos voisins immédiats (Espagne, Allemagne, et même les pays scandinaves), alors que les pays de l'Est affichent plus de doutes.

Mais quand on travaille plus en profondeur, on voit que c'est plus complexe. Chaque Français est traversé par des « pulsions pour » et des « pulsions contre » l'Europe. Si on leur demande à quel niveau il faut régler les problèmes (chômage, environnement, fiscalité), ils répondent le plus souvent : l’Europe. Cependant, ils répondent aussi que deux choses les inquiètent. Premièrement, que devient notre modèle social, que les Français tiennent à tort ou à raison pour le meilleur du monde ?. Deuxièmement, que devient l'art de vivre à la française ? En France, il fait bon vivre et on ne voudrait pas que des technocrates viennent interférer. Un troisième point, moins important que les précédents mais qui compte quand même, est une interrogation sur la nature politique de l'Union européenne : est-ce une démocratie ? On ne connait pas ses représentants et on a le souvenir de la ratification sous le mandat de Nicolas Sarkozy du traité rejeté en 2005 par référendum.

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Age, niveau d'éducation, localisation sur le territoire (ville - banlieue - campagne)... Qui sont ceux qui croient au projet européen en France ? Et qui sont ceux qui n'y croient pas ?

Depuis le début de la construction européenne, c'est la France urbaine et éduquée qui a très massivement soutenu le projet européen. Il n'y a pas vraiment de différence selon le genre : les hommes et les femmes votent à peu près pareil. Les régions les plus ouvertes traditionnellement à l'Europe sont l'Est et l'Ouest. Il s'agit d'une France plutôt aisée et plutôt jeune. Les jeunes, comme toujours dans l’histoire de la construction européenne, sont très favorables à l'Europe, dont ils peuvent voir les effets pratiques via Erasmus. Le score du FN chez les jeunes ne s'explique donc pas vraiment par la question européenne, sans compter que ceux du FN ne représentent pas la majorité des jeunes. Les coupures socioculturelles dont je parle n'épousent pas les fractures françaises décrites par Christophe Guilluy puisque la France périphérique de l'est par exemple est moins réticente que celle du midi.

Peut-on constater un effet post-Brexit en faveur ou au contraire en défaveur de la sortie de la France de l’Union européenne ? Dans quelles catégories de la population et chez les sympathisants de quels partis le vote pro-Frexit est-il le plus fort ?

Non, il y a eu juste après le Brexit une montée de quelques points de réserves ou d'hostilité par rapport à l'Union européenne (+7-8 points) et on est revenu à la situation que j'ai déjà décrit. Les Français sont pessimistes sur l'avenir de la construction européenne, plus que tout le monde. La montée du souverainisme, le Brexit et l'élection américaine les ont inquiétés. Mais il ne faut pas oublier que les Français sont plus pessimistes que tout le monde sur tous les sujets ! Un sondage avait montré qu'ils l'étaient plus encore que les Afghans.

Chez les sympathisants d'aucun parti, on ne trouve un soutien massif pour un Frexit, même au FN ! C'est bien sûr dans ce parti qu'il y a l'hostilité la plus forte (elle monte jusqu'à 40%) mais l'ensemble des sympathisants FN n'est pas en ligne avec la tête du front, loin de là ! Ils ne veulent pas majoritairement sortir de l'Union européenne et de l'euro. Par contre, mais ce n'est pas que chez ces sympathisants, l'idée d'un référendum séduit. Ceci est valable pour n'importe quel sujet, pas seulement celui de l’appartenance à l’Union européenne. 

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